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Le commerce avant le désengagement…

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Quelques semaines après la mort de Yasser Arafat, le président d’Egypte, Hosni Moubarak a déclaré sa confiance dans la politique d’Ariel Sharon en exprimant des compliments personnels tout à fait nouveaux. La réaction, immédiate, a-t-il semblé, de Sharon a été la décision de libérer des prisonniers palestiniens : 159 qui avaient été arrêtés pour activités anti-israéliennes, mais 19 impliqués pour « des actes de violences ou des tirs contre des soldats ». Il s’agit, en fait, d’un précédent réclamé, probablement, par Shimon Peres, pour pouvoir marquer l’évolution de l’évacuation de Gaza.
A partir de là, Sharon a également renoué des relations avec l’Egypte, en particulier, celles qui pouvaient « améliorer l’ambiance israélo-arabe à la veille du désengagement de la bande de Gaza », en particulier en organisant une véritable concertation avec les Egyptiens, pour organiser la sécurité dès le début du désengagement définitivement décidé par le Parlement (Knesset) israélien.
D’autre part, les Israéliens et les Egyptiens ont pu trouver une amélioration dans le domaine économique, bien plus sérieuse que des relations diplomatiques évoquées par Sylvain Shalom qui s’était précipité au Caire.
Un véritable tournant historique sera la signature, tout d’abord, du premier accord de coopération économique entre Israël et l’Egypte. Cet engagement fut signé, dès la mi-décembre 2004, par le ministre du Commerce et de l’Industrie, Ehoud Ulmert, avec son homologue égyptien, en présence du ministre des Affaires étrangères du président Moubarak.
L’accord porte le nom de « QIZ », «soit des zones industrielles qualifiées», consistant en réalité, à offrir à l’Egypte de bénéficier, indirectement, de l’accord de libre-échange existant entre Israël et les Etats-Unis, depuis 1979. Cette offre acceptée prévoit la définition de 3 zones de production, autour du Caire, d’Alexandrie et de Port Saïd. La production de ces trois villes égyptiennes peut être exportée, à présent, vers les Etats-Unis, en dehors de tout droit de douane. A la seule condition d’inclure des composants israéliens, représentant, au moins, 11,7% de la valeur du produit (y compris l’emballage, par exemple). Il faut rappeler qu’auparavant, l’Egypte ne pouvait bénéficier que d’un contrat d’échange avec les Etats-Unis et non d’un accord de libre-échange complet, comme celui signé avec le Maroc.
On a appris qu’il aura fallu plus d’un an de négociations difficiles, malgré la complicité des Américains – précise-t-on – qui avaient, cependant, demandé que la signature de la convention avec l’Egypte, soit reportée après l’élection présidentielle des Etats-Unis, pour éviter toute pression. Ce que l’équipe du président Bush n’avait pas exigé concernant le Maroc, faut-il le rappeler ?
En particulier, le lobby américain du textile était opposé aux importateurs de produits de pays à très bas salaires, comme ceux de l’Egypte, par exemple. Le textile est connu, comme le premier type de produit qui s’adapte le mieux à l’accord israélo-égyptien. Il exige, en effet, une main-d’oeuvre abondante et bon marché, que les exportateurs israéliens du textile avaient trouvée chez les fabricants en Egypte. L’accord doit, également, s’étendre aux industries alimentaires et au travail du cuir pour lesquels les exportateurs israéliens ont un marché ancien, pour leurs marques aux Etats-Unis. Les Egyptiens attendent de ce nouvel accord des profits considérables et la création, à terme, d’au moins 100.000 nouveaux emplois, assurent les Chambres de commerce.
Pour Israël, le bénéfice économique de l’accord avec l’Egypte est incontestable. Mais il doit, aussi, marquer un tournant dans le domaine des relations politiques et le début d’une véritable coopération à long terme. En Egypte, également, le soutien des milieux d’affaires apparaît enthousiaste, alors que des réserves, sinon une certaine opposition, d’une grande partie de l’opinion publique, apparaissent. Car, rien n’a encore été fait pour préparer le public égyptien à la normalisation des relations avec Israël, en tenant compte de l’amélioration des relations au profit des Palestiniens.
Une collaboration avec le Royaume de Jordanie existe déjà, largement depuis l’accord diplomatique et économique avec Israël, qui a fait ses preuves depuis plus de trois ans. Un accord de libre-échange existe, en effet, directement, entre la Jordanie et les Etats-Unis.
Et les exportations vers ce pays ont frisé en 2004, 1 milliard de dollars, alors que les échanges entre les deux pays ne représentaient que 20 millions de dollars, en 2001, pour passer à 120 millions dès la première année de leur accord, en 2002.
Un pas supplémentaire a été, à nouveau, franchi avec la signature à Amman d’un nouvel accord israélo-jordanien, le 22 décembre dernier, pour l’élargissement, en commun, des exportations vers les Etats-Unis. Il est également prévu la création, d’ici 2010, d’une zone de libre-échange entre les deux pays et la formation d’un front commun pour solliciter de l’Union européenne des tarifs douaniers préférentiels au bénéfice des produits fabriqués, en commun, ou par les Israéliens en Jordanie où plusieurs de leurs industries de main-d’oeuvre ont été délocalisées.
Enfin, dans cette ambiance commerciale, un autre accord, véritablement unique et donc historique, a été réalisé avec la Syrie, pour l’exportation de 15.000 tonnes de pommes. Les Druzes du Golan, confrontés à une surproduction en 2004, ont fait la demande par l’intermédiaire de la Croix Rouge internationale, d’une autorisation exceptionnelle à Damas. Les Syriens ont donné leur accord par l’intermédiaire de leur ministre de la Défense. Les exportations des pommes ont commencé la semaine dernière par le point de passage contrôlé par les forces de l’ONU entre le Golan et la Syrie.

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