Quatre officines ont été fermées et 21 autres pharmaciens devraient être sanctionnés pour absentéisme
[table class= »Encadre »]Les responsables mènent une campagne contre l’absentéisme des pharmaciens parce que la loi en vigueur exige la présence physique du professionnel dans son officine. |
Saviez-vous qu’on pouvait immigrer au Canada tout en restant propriétaire d’une pharmacie au Maroc ? Ce n’est pas une blague mais une histoire vraie. Les pharmaciens fantômes existent et le ministère de la santé tente tant bien que mal de les chasser. Si de nombreux professionnels exercent la pharmacie dans un total respect des dispositions légales et déontologiques, il y a une partie qui a d’autres chats à fouetter.
Contre les pharmaciens qui n’habitent plus au Maroc et d’autres qui s’adonnent à d’autres business loin de leur domaine de formation, la tutelle a décidé d’agir. Le ministre de la santé a, dans ce sens, procédé à la fermeture de quatre pharmacies d’officine. La raison ? Les propriétaires ont immigré vers d’autres pays parfois très loin mais leurs officines ont continué à travailler en totale infraction de la loi en vigueur. «Nous avons fermé l’officine d’un pharmacien installé au Canada depuis plus de 32 ans», a affirmé le ministre de la santé, El Houssaine Louardi.
Et de poursuivre: «Nous avons également saisi le parquet au sujet de 21 pharmaciens dont les absences ont été prouvées». Les responsables mènent donc une campagne contre l’absentéisme des pharmaciens parce que la loi en vigueur exige la présence physique du professionnel dans son officine. La loi 17-04 portant code du médicament et de la pharmacie est on ne peut plus claire. L’article 108 dudit texte stipule que «sous peine de sanctions disciplinaires, le pharmacien d’officine doit exercer personnellement sa fonction».
Peu dissuasive
Mais il y a une question qui se pose aujourd’hui de la part des responsables sur l’efficacité des sanctions contre les professionnels enfreignant les dispositions légales concernant la présence. Car ces mêmes sanctions sont jugées très peu dissuasives de l’aveu du ministre de la santé lui-même. «Il n’est pas question que les pharmaciens qui ne travaillent pas écopent d’une amende d’à peine 3.000 dirhams. Nous voulons changer cette loi», a confié Louardi aux parlementaires.
En effet, l’article 144 du code du médicament et de le pharmacie dispose qu’«il est puni d’une amende de 3.000 à 15.000 dirhams le pharmacien d’officine qui se trouvant, pour quelque raison que ce soit, dans l’incapacité d’exercer personnellement, ne se fait pas remplacer conformément aux articles 123, 125 et 126. La peine est portée au double en cas de récidive». L’autre problème dans la lutte contre l’absentéisme des pharmaciens réside dans la procédure de contrôle prévue par la loi en vigueur. Une procédure jugée complexe et peu efficace toujours selon le ministre de tutelle. «Il faut qu’un inspecteur se déplace sur place pour constater l’absence du pharmacien puis il faut une preuve. L’inspecteur doit par la suite avertir le ministre de la santé qui lui-même doit saisir le parquet général», a expliqué Louardi aux conseillers de la deuxième Chambre. Le responsable gouvernemental semble ainsi décidé à amender la loi en vigueur de sorte à la rendre plus efficace et surtout plus dissuasive. Reste à savoir si le ministre pourra boucler ce nouveau chantier avant la fin du mandat du gouvernement actuel.
Plus de pouvoir au conseil des pharmaciens
Le ministère de la santé est décidé à amender la loi portant code du médicament et de la pharmacie. Si l’amendement fait pour une fois l’unanimité entre les professionnels et la tutelle, chaque partie a des priorités différentes. La tutelle veut en profiter pour renforcer le contrôle et la lutte contre l’absentéisme.
Outre les sanctions qui sont jugées aujourd’hui très peu dissuasives, les changements devraient porter sur la procédure du contrôle des pharmacies. Il semble dans ce sens que le ministère de tutelle se dirige à donner plus de pouvoir au conseil national des pharmaciens. Pour Louardi, «c’est la première fois que le pays se dote d’une instance élue et indépendante pour les pharmaciens».
Rien n’a filtré pour le moment sur les amendements qui seront apportés par la tutelle mais, en tout cas, le ministre promet une rupture totale avec la procédure actuelle de contrôle. Il faut préciser que le Maroc compte aujourd’hui quelque 12.000 pharmacies d’officine sur le territoire.
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