Société

Le maquis administratif

Le délai des inscriptions sur les listes électorales a expiré lundi 17 juin. La veille, dimanche, était le dernier jour pour la mise à jour des noms des votants. Les Marocains, à la faveur du coup de pub donné à cette action citoyenne, ont répondu massivement à l’appel du ministère de l’Intérieur. C’est un fait indéniable.
Seulement voilà. Les instructions contenues dans les circulaires du ministère de l’intérieur pour la facilitation des formalités aux citoyens-électeurs n’ont pas été respectées partout avec la même rigueur. Un transfert d’une circonscription à une autre ( changement d’adresse) prenait des fois l’allure du parcours du combattant. Bonjour le maquis administratif. Un homme, qui habitait la ville d’Oujda, s’est vu signifier de faire le voyage de l’Oriental pour demander lui-même d’être rayé de la liste de son ancien lieu de résidence et revenir ensuite s’inscrire dans sa nouvelle circonscription à Casablanca. Or, les consignes du ministre sont claires : tous celles ou ceux qui sont dans ce cas de figure doivent s’enregistrer dans leur circonscription actuelle avec obligation pour l’autorité locale de signaler le changement d’adresse des intéressés par simple fax. Cela suppose d’abord que les structures administratives soient dotées de la logistique nécessaire.
Autre problème pour ceux qui ont changé de circonscription dans la même ville. Après avoir rempli un formulaire à cet effet avec son nom, nouvelle adresse et numéro de son ancien arrondissement, l’intéressé doit aller lui-même légaliser le document auprès du service approprié de la commune. Une fois cela fait, il doit retourner dans son nouvel arrondissement, présenter le papier dûment signé avec sa carte nationale. Il faut prendre son mal en patience et avoir les nerfs solides. La file d’attente est longue. Au fond d’une salle où la chaleur est étouffante, le préposé à cette tâche remplit à la main un autre formulaire où il reporte les changements. Un seul homme pour cette tâche. Où sont les moyens humains ? Un jeune homme se présente, dimanche 16 juin, dans un arrondissement d’un quartier huppé de Casablanca. Il est visiblement exaspéré. “ Je suis dégoûté, peste-t-il. Je croyais que cette fois-ci les choses étaient différentes. Malheureusement, je vois que ce n’est pas le cas. Il vaut mieux que je retourne chez moi“.
Tenant à la main sa carte d’identité nationale, cette personne qui n’a jamais voté de sa vie désire s’inscrire pour la première fois. Premier accroc, le mokkadem doit absolument être présent sur les lieux pour délivrer une attestation selon laquelle cette personne habite bel et bien à l’adresse mentionnée dans sa CIN.
Seulement, le mokkadem est introuvable. Pour régler le problème, le Qaïd lui demande de produire une note d’eau ou d’électricité. Le citoyen n’a pas de facture Lydec sur lui. En désespoir de cause, il se voit proposer de signer une déclaration sur l’honneur ! En colère, il quitte les lieux en marmonnant quelque chose entre ses dents. Ce n’est là qu’un échantillon des difficultés rencontrées par les citoyens sur le terrain pour mettre leurs noms sur les listes électorales.
La réalité est visiblement en décalage par rapport aux instructions du ministère et aux jolis spots publicitaires diffusés à cette occasion. Cette opération n’a pas dérogé à la règle : les formalités habituelles pour obtenir un document administratif. Où est le changement en bas ? “ Il ne suffit pas d’avoir des ambitions aussi louables soit-elles. Encore faut-il se donner les moyens de les réaliser“, signale un citoyen. Si le titulaire du département de tutelle a changé, force est de constater que l’administration qui est en contact direct avec la population est toujours en place. Les mêmes réflexes et les mêmes travers restent de mise.

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