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Le Maroc accuse du retard: Seulement 3.900 greffes d’organes

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Au Maroc, seulement 460 greffes rénales ont été réalisées  de 1990 à 2015.

Le Maroc manque cruellement de donneurs d’organes alors que  les demandeurs sont chaque année plus nombreux. Le nombre de greffes réalisées sur le plan national témoigne de ce constat.

Les mauvais chiffres du Maroc

Selon les statistiques du ministère de la santé publiées à l’occasion de la journée mondiale du don d’organe, seulement 3.927 greffes ont été réalisées  jusqu’à 2015. Si l’on établit une comparaison avec la France, on constate que le Maroc est très en retard. Pour la seule année 2015, la France a enregistré de bons résultats. Selon les statistiques de l’Agence de la biomédecine, 5.746 greffes d’organes ont été réalisées, soit une augmentation de 7% par rapport  à 2014. Dans son rapport, l’Agence rappelle que «l’objectif annuel de 5.700 greffes d’ici fin 2016 (avec une croissance de +5%) fixé dans le plan greffe a été atteint et dépassé avec un an d’avance».

Au Maroc, seulement 460 greffes rénales ont été réalisées  de 1990 à 2015.  Bien que ce chiffre soit alarmant, le ministère note qu’il y a  eu tout de même 200 greffes durant la période 2010-2015.

En matière de transplantation cardiaque, une seule greffe a été réalisée jusqu’à présent. Rappelons à ce sujet que celle-ci avait eu lieu en 2015 au CHU Mohammed VI de Marrakech.   Le Comité de transplantation cardiaque avait  réussi à greffer le cœur à un enfant de 14 ans souffrant d’une cardiomyopathie. 

Pour ce qui est de la greffe du foie qui est également une opération longue et complexe, le ministère fait état de 13 transplantations. La première a été réalisée chez un enfant de 10 ans, à  partir de donneur vivant, au CHU Mohammed VI.

Pour ce qui est des autres greffes, on notera que 63 implants cochléaires ont été réalisées  et 90 greffes à partir de donneurs en état de mort encéphalique.

Des progrès importants ont  été enregistrés pour d’autres organes, à savoir la cornée et la mœlle osseuse et de cellules souches avec respectivement 3.000 et  300 greffes.

L’association «Reins» interpelle le gouvernement

Profitant de la célébration de cette journée mondiale, l’association Reins attire une fois de plus  l’attention sur le nombre sans cesse croissant de patients qui décèdent par manque de donneurs. Dans un communiqué, elle déplore la situation en précisant  que «moins de 1.000 Marocains sont inscrits au registre du don d’organes depuis 18 ans». Face au retard énorme qu’accuse le Maroc en matière de greffe d’organes en général et rénale en particulier, l’association  vient de lancer un appel au gouvernement.  L’objectif de cette initiative est de modifier la législation actuelle pour promouvoir la pratique. Celle-ci estime qu’il faut à tout prix éviter les procédures administratives qui constituent un handicap majeur.

Le CHU Ibn Rochd se mobilise

Lors de cette journée, le CHU Ibn Rochd a organisé, hier 16 octobre, une course à pied et le lundi 17 octobre une journée scientifique dans l’enceinte de l’hôpital Ibn Rochd. Sous le slogan «Je cours pour le don d’organes, je cours pour sauver des vies», cette opération  a pour objectif précis de  sensibiliser le   public à l’importance du don d’organes et de rappeler que tous les citoyens sont concernés par ce sujet. Quant à la journée scientifique, les thématiques ont porté  sur le volet juridique et religieux ainsi que sur la faisabilité et les contraintes des greffes rénale et hépatique à partir des donneurs vivants.

Au fil des années, le CHU est devenu une référence en  matière de greffe et de prélèvement d’organes. Depuis la première greffe rénale réalisée en 1985, le CHU a totalisé à ce jour 359 greffes rénales dont 20 pédiatriques et 31 réalisées à partir de donneurs en état de mort encéphalique. Il a réalisé 245 greffes de moelle osseuse, 280 greffes de cornée et  trois greffes hépatiques. Depuis 2010, les efforts de l’équipe de coordination des prélèvements d’organes et de tissus du CHU ont permis la réalisation  de  20 prélèvements multi organes, à partir de donneurs en état de mort encéphalique.

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L’appel de Ramid

En 2012, le ministre de la justice et des libertés Mustapha Ramid avait donné l’exemple en acceptant de faire don de ses organes. Il  avait fait part de cette décision en février, en marge de la soutenance, par sa fille, d’une thèse de médecine sur la greffe d’organes. A travers cet acte généreux, M. Ramid souhaitait encourager les citoyens à suivre son exemple. Cela dit, les chiffres du ministère de la santé nous montrent que les  Marocains sont  encore réticents à l’idée de faire don d’un organe. Mal informées, pas du tout préparées, méfiantes ou angoissées, beaucoup de familles  font obstacle à ce geste qui peut pourtant sauver des vies. Les ouléma se sont exprimés sur le sujet à plusieurs reprises, affirmant que le don d’organes est un acte de solidarité et de bienfaisance n’étant aucunement en contradiction avec l’Islam et les préceptes du Saint Coran. La communication en faveur du don d’organe s’impose donc plus que jamais

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