Société

Le messager de la terreur

© D.R

«Pour moi, la référence, c’est le régime islamique, alors que la loi positive est bourrée de violations…et il faut appliquer le régime basé sur la Chariâ…». C’était l’une des réponses de Zakaria Miloudi, présumé émir d’Assirate Al Moustakime (le «Droit Chemin») lors de son interrogatoire, hier matin, par les magistrats de la Chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca. Cet homme barbu, de teint brun et vêtu d’une gandoura blanche, s’exprimait en arabe classique sur sa position concernant la loi positive. «Je ne discute pas le côté administratif de la loi positive, telle la documentation contractuelle et les procédures juridiques…mais j’ai une position à propos de ce qui est licite et ce qui ne l’est pas dans divers sujets comme celui du Code du statut personnel … », a-t-il dit. S’agit-il vraiment de l’essence de ses idées ? C’est ce que cherchait la cour à savoir quand elle lui a demandé s’il était polygame et s’il avait contracté un acte de mariage. En réponse, il a expliqué qu’il était marié à deux femmes et qu’il avait établi un acte avec l’une et pas avec l’autre. Pourquoi n’as-tu pas établi un acte de mariage avec la deuxième épouse? lui a demandé le président. Réponse de Zakaria Miloudi : «J’ai une position à l’égard de quelques formalités… ». Quand la cour lui a demandé des explications, il a répondu fermement : «Il s’agit d’un grand débat que je ne peux expliquer en une demi-journée… ». Né en 1965 à Tlat Zyaïda, Lamdakra, dans la province de Ben Slimane, le jeune Zakaria a grandi dans une famille privée de l’amour du père. Ce fellah n’avait d’autre souci que le remariage au point qu’il avait engendré quelque 18 enfants, dont 6 demi-frères et demi-soeurs de Zakaria. Quittant sa ville, ce dernier a rejoint sa tante à Aïn Sebaâ, à Casablanca pour poursuivre ses études. A son quatorzième printemps, il a fait ses premiers pas en religion, en accompagnant des jeunes de son quartier à la mosquée et en consultant des livres traitant de religion. En revanche, il a poursuivi ses études jusqu’en 9ème année de l’enseignement fondamental pour rejoindre le centre de formation professionnelle de Hay Mohammadi et le quitter sans le moindre diplôme. Il a été embauché dans un atelier pour la fabrication de fours au quartier Al Ântariya, puis dans une société de construction de bâtiments. Entre-temps, il a continué à lire des livres religieux qui l’ont influencé au point qu’il a abandonné son travail pour devenir herboriste et rejoindre, en 1983, les rangs de la Jamaâ Al Islamiya. Quatre ans plus tard, il a fini par se retirer en découvrant qu’il ne partage plus les idées et les convictions de ce courant. Aussitôt, il a pensé à constituer son propre groupe. De sources judiciaires, on ajoute qu’il a commencé à approcher de jeunes qu’il estime être sérieux et pieux. S’inspirant de la Fatiha où Dieu a dit: «Guide-nous dans le droit chemin, le chemin de ceux que Tu as comblés de faveurs, non pas de ceux qui ont encouru Ta colère, ni des égarés», il a baptisé son groupuscule du nom d’«Assirate Al Moustakim». Chose qu’il a niée, hier matin, devant la cour. «Il n’existe aucun courant du nom d’«Assirate Al Moustakime»… Je ne suis ni émir ni membre d’un quelconque courant… », a-t-il affirmé calmement devant la Cour. Par ailleurs, il a réfuté avoir excommunié la société marocaine et avoir appelé au Jihad. «Pour moi, la société marocaine est une société islamique que je n’excommunierai jamais et je ne dispose pas d’un seul document qui justifie ces accusations… », a-t-il ajouté. Quand le président lui a révélé que certains adeptes de la Salafiya Jihadia avaient déclaré avoir assisté à ses cours qui excommunient la société marocaine et qui appelaient à la lutte contre les apostats, Miloudi Zakaria a répondu: «Ils assument la responsabilité de leurs paroles et il faut s’adresser à eux pour avoir la réponse…». Il a condamné les attentats du 16 mai en disant : «Je condamne toutes les opérations qui portent atteinte aux Musulmans. La cour a poursuivi, vers 13h, l’interrogatoire de Zakaria Miloudi, alors qu’aux bancs des accusés Mohamed Fizazi, Omar Haddouchi et Abdelkrim Chadili attendaient leur tour. Signalons qu’avant-hier, mardi, la même Cour a interrogé l’un des plus importants activistes de la Salafiya Jihadia, Mustapha Dhabet, et deux autres «takfiristes», à savoir Saïd Ghaïlan et Saïd Akmir, qui ont tous nié les charges retenues contre eux.

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