Hamid Chafiî et Chakib Sefiani, deux techniciens de la Royal Air Maroc (RAM), ont été entendus, lundi 3 avril 2006 dans l’après-midi, par le procureur général du Roi à Casablanca suite à la torture qu’ils auraient subies lors de l’enquête sur le sabotage d’un avion du transporteur aérien national. C’est ce que l’on a appris auprès de Me Abdelfettah Zahrach leur avocat qui assure d’ailleurs la défense de six personnes parmi les 13 poursuivies dans le cadre de cette affaire.
C’est sur la base des informations recueillies par le parquet auprès des deux techniciens aéronautiques que le Procureur général du Roi pourra, ou non, décider l’ouverture de poursuites contre les présumés responsables.
Mercredi 29 mars 2006, Mohamed Bouzoubaâ, ministre de la Justice, avait ordonné que les techniciens en question soient entendus par le Parquet pour décider des suites à donner aux accusations des intéressés. L’audition des deux techniciens devait avoir lieu le même jour, mais avait été reportée après le décès, des suites d’une crise cardiaque, d’un autre technicien aéronautique lors de l’exercice de son travail.
Me Abdelfettah Zahrach, avocat de l’ATARAM (Association des techniciens aéronautiques qui a rallié la FDT), ne cache pas sa satisfaction suite à la décision du ministère de la Justice. "Je suis content du fait que ce soit le procureur général du Roi qui ait été chargé de ce dossier et cela démontre qu’il y a une réelle volonté de parvenir à la vérité", affirme-t-il à ALM ajoutant qu’il s’agit d’un "véritable test pour l’Etat et pour les responsables", surtout après l’adoption, récente, d’une loi incriminant la torture.
Hamid Chafiî et Chakib Sefiani figurent parmi les 13 techniciens aéronautiques poursuivis par la justice dans le cadre de l’affaire de sabotage d’un avion de la RAM. Le premier affirme n’y être pour rien vu que c’était lui qui avait découvert les câblages sectionnés de l’avion en question.
L’affaire remonte au début février dernier quand un technicien au sol relèvera, lors de la révision d’un Boeing 737-700, que des câblages électriques en plus d’une durite de l’intérieur de l’un des réservoirs de l’appareil ont été sectionnés. Le 15 du même mois, c’est une délégation sécuritaire de haut niveau qui arrive sur place pour superviser les premières enquêtes. Sitôt après, ce sont une centaine de techniciens qui avaient été mis en "congé administratif" pour un mois. Le 27 avril 2006, le procès des 13 techniciens s’ouvrira à Casablanca. Auparavant, la justice pourrait se retrouver face à une autre affaire et d’autres procès pour torture. Cela dépendra de la suite qui sera donnée aux déclarations des techniciens entendus hier par le Procureur général.