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Le piercing… perce au Maroc

© D.R

«J’aimerais me faire percer, c’est très mignon. Je ne le fais pas parce que je ne veux pas choquer mes parents », répond Ilham, une étudiante au lycée Khansa de Casablanca. Voilà, c’est dit : le piercing au Maroc est encore au stade de choquer ! Non, il ne choque pas tout le monde. Dans les quartiers huppés, certains adolescents se laissent tenter avec la bénédiction ou des fois à cause de l’indifférence des parents. «Le piercing est très fashion. C’est la super-tendance maintenant. Avec un jeans taille basse, il n y a pas plus chic qu’un piercing au nombril», explique Salima, 18 ans. Les branchés se font percer au nombril, aussi bien qu’à l’arcade sourcilière et le nez. On en est encore à du soft. A ce rythme on ne tardera pas à plonger littéralement dans la tendance Hard. La grande tendance internationale, c’est le piercing sur les lévres, la langue, les tétons et pour les hyper-accros même les parties intimes avec plusieurs variantes s’il vous plaît !
Au Maroc, on en est pas encore à ce stade. Il est vrai que les Marocains ont toujours été familiers avec le piercing version traditionnelle. Faire percer les oreilles à leurs fillettes était un événement qui méritait festivités pour les mères. Les filles se devaient toutes d’avoir les oreilles perforées. C’est un complément indispensable pour leur féminité. Les Chorfas faisaient même percer l’oreille à leurs fils. C’était leur façon de les distinguer et de les préserver du mauvais œil. Ceci était le cas il y a quelques décennies. Depuis quatre ans, les jeunes filles se sont mises au piercing du cartilage des oreilles. Certaines se trouvaient facilement avec une succession de cinq piercings sur l’oreille.
Toutefois, pour tous ces cas, la pratique reste « sans-risque ». Le problème se pose actuellement avec cette nouvelle génération de piercing.  Ils se font au niveau des narines, du nombril et de l’arcade sourcilière. Ces interventions sont dangereuses à plus d’un titre. D’ailleurs les rares bijoutiers qui s’adonnent à cette activité le font sous le manteau. Ça se pratique «entre connaissances». «Je ne fais que le piercing au niveau du lobe de l’oreille. Pour les autres, il y a des risques d’hémorragie. Il faut être médecin pour le faire», explique Youssef Benhayyoune, bijoutier depuis plus de 20 ans à Galerie Ben Omar. Il continue : «il ne faut pas oublier aussi les maladies qu’on peut attraper avec une intervention non protégée. Le problème c’est qu’il y a pas mal de bijoutiers qui le font dans la galerie. Ils le font discrètement par appât du gain. L’intervention coûte de 500 à 1200 DH». Au Twin Center, une boutique est allée même jusqu’à se spécialiser dans les accessoires piercing, vu l’engouement des Casablancaises envers «ce plus qui rend IN». «Un médecin installé dans l’étage à Galerie Ben Omar, m’a rendu visite pour que j’oriente mes clientes vers lui», note la vendeuse. Retour à la Galerie. Personne n’en fait : ni médecin, ni bijoutier. Sauf que c’est toujours le voisin. C’est toujours l’autre et jamais la personne interrogée ! Toutefois, la certitude quant à l’existence de cette pratique au Maârif est une chose partagée par toutes ces personnes intérrogées. Les réponses avaient en commun aussi cette pointe de curiosité et de méfiance. Personne ne veut se faire surprendre ! la pratique est risquée, peu acceptée par notre société, mais bien rémunératrice. Les garçons n’échappent pas à la tendance. Avec une acuité moindre, nos hommes de demain, dans l’accès de modernité, se font percer les oreilles. Là, le piercing devient carrément un language que seuls les initiés connaissent. «Le piercing à l’oreille gauche est le propre des homosexuels. Les «tombeurs» le font à l’oreille droite pour souligner leur virilité débordante. Reste ceux qui le font aux deux oreilles: ce sont des travestis», explique Tahar, 19 ans, connaisseur et accro au piercing. Qu’est ce qu’on ira inventer demain ?!. 

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