Société

Le réalisme de Bouazza Ikken

Le secrétaire général du l’Union démocratique, Bouazza Ikken, cultive bien le sens de la mesure. Il ne verse jamais dans le dénigrement même quand il évoque ses adversaires, il ne fait pas la critique pour la critique et sait louer les bonnes actions des autres. Le énième «banni» du clan Aherdane ne fustige pas son ancienne tribu, loue l’expérience de l’alternance et fait l’éloge du ministère de l’Intérieure.
C’est un discours rare en période électorale quand chaque candidat, de quelque tendance qu’il soit, arme son fusil verbal pour fustiger ses concurrents de tous les maux. Ce qui n’est pas surprenant de la part d’un juriste attitré dont le militantisme remonte à l’avant-indépendance quand il a adhéré au parti de l’Istiqlal alors qu’il était encore étudiant. Il sera obligé d’abandonner la politique quand il est devenu juge puis procureur de Roi avant d’embrasser la carrière d’avocat. Il finira quand même par jeter l’éponge en quittant l’enceinte du tribunal pour loger dans celle du Parlement. Il est à sa quatrième législature en tant que député de sa ville natale, Khemisset, depuis 1984 quand il roulait au nom du mouvement populaire (MP). Il poursuivra sa chevauchée politique tout en exerçant le métier d’armateur et en changeant de parti.
En 1991 Ikken atterrira dans les bras de la direction du mouvement national populaire de Mahjoubi Aherdane avec lequel il parcourra un long chemin jusqu’à cette année. Le député populaire sera limogé sans coup férir par le vieux lion de l’Atlas en compagnie de plusieurs autres militants. Sa popularité va lui valoir le soutien inconditionnel de la moitié du groupe parlementaire du MNP à la chambre des députés et autant à la chambre des conseillers. Mon tort explique Bouazza Ikken, c’est d’avoir prôné plus de démocratie à l’intérieur du parti comme tout le monde d’ailleurs le réclamait à l’époque. La énième scission au sein du MNP est née avec la création par Bouazza Ikken et des autres réfractaires d’un nouveau parti : l’Union démocratique (UD). Un parti qui se définit comme centriste avec, bien sûr, les affinités rurales et linguistiques que se disputent toutes les factions des mouvements populaires. Sauf que l’UD a essayé d’élargir la sphère de son influence en allant dans les grandes villes comme Marrakech, Safi, Rachidia et autres. Mais le chef Bouazza Ikken ne table pas trop sur les élections législatives et reste réaliste quant aux résultats qu’il souhaite avoir : «c’est difficile pour un parti de percer quand on sait que l’UD a été créee, il y a à peine cinq mois, mais je reste optimiste.» Il reste aussi réaliste quand il juge l’expérience de l’alternance qu’il considère comme la garantie de toute démocratie qui se respecte. Il va même loin quand il dresse le bilan du gouvernement Youssoufi en estimant qu’il a réalisé beaucoup d’actions importantes. Il loue notamment l’initiative du Premier ministre de dresser le bilan du gouvernement devant les députés à la fin de son mandat.Bouazza Ikken que certains qualifient d’un proche de Youssoufi regrette toutefois que ce gouvernement n’ait pas accordé assez d’intérêt au monde rural qui reste marginalisé : « Tout projet de développement qui ne prend pas en compte le désenclavement du monde rural aura un goût d’inachevé. Pis encore, la locomotive de développement sera bloquée par l’exode rural, l’amplification du chômage, de la crise de logement donc de la crise de toute la société. » Personne ne peut contester cette analyse quand on sait ce qu’exporte la misère rurale dans les villes comme chômeurs, enfants de la rue, bidonvilles et autres maux de notre société.
En présentant des candidats dans 84 circonscriptions sur 91, l’UD veut faire de ce thème son fer de lance dans sa campagne électorale. Ce qui constitue une bonne stratégie quand on connaît l’isolement structurel et infra-structurel que connaissent les contrées lointaines. Le groupe d’Ikken aborde ces échéances avec un optimisme mesuré et est, pour une fois, assuré de la neutralité de l’administration. Le secrétaire général de l’UD considère comme une première dans l’histoire de la démocratie marocaine, tout ce qu’a entrepris le ministère de l’intérieur pour garantir la transparence des élections. L’implication des partis dans la préparation du code électoral est pour Bouazza Ikken le meilleur gage du bon déroulement de Législatives. Le seul problème qu’il considère comme pouvant poser problème, c’est l’assimilation des logos des partis par la population analphabète.
Selon Ikken, une enquête menéepar son parti a montré que les électeurs trouvent beaucoup difficultés à déchiffrer la liste. Bouazza Ikken ne trouve, par contre, aucune difficulté, à faire des prévisions sur sa candidature pour un cinquième mandat. Celui qui a traversé quatre législatures d’affilée est tellement sûr de sa réélection qu’il est convaincu que son second sur la liste va profiter de sa victoire. Parole d’un juriste invétéré qui connaît ses droits et … ses électeurs de Khemisset.

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