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« Le suivi des cancers par les dentistes est primordial »

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ALM : Quel est le rôle du médecin dentiste dans les cas des malades cancéreux ?
Maha Benmoussa : Le rôle du médecin dentiste dans le dépistage et le diagnostic des lésions précancéreuses et cancéreuses de la bouche et de la face (lèvres, joues, maxillaires…) n’est plus à démontrer. Son rôle dans le suivi et la prise en charge des patients atteints reste largement méconnu. En fait, les structures hospitalières spécialisées dans le traitement du cancer sont en général dotées d’un cabinet dentaire. L’ Institut national d’Oncologie à Rabat dispose d’une unité dentaire installée depuis sa création et celle-ci travaille en collaboration avec les différents services concernés : radiothérapie, chimiothérapie, chirurgie, O.R.L…

Quel est l’effet du traitement du cancer sur l’appareil bucco-dentaire des cancéreux ?     
Les traitements anti-cancéreux sont relativement lourds et contraignants. Leurs effets secondaires le sont aussi, et la sphère orofaciale a un lot de complications non négligeable. Celles-ci sont gênantes, douloureuses, handicapantes et parfois même dévastatrices. Surtout quand il s’agit de cancers de la tête et du cou. Certaines complications surviennent en cours de traitement et sont réversibles comme la perte de goût, les douleurs, les inflammations, les infections…  D’autres, par contre, sont parfois irréversibles. À titre d’exemple, la diminution ou même la perte de la salive, et la limitation de l’ouverture buccale. Ces deux effets, à eux seuls, occasionnent des difficultés et non des moindres: alimentation réduite à une mastication malaisée, besoin irrépressible de boire, parole gênée par un dessèchement de la bouche, et par le recours à l’eau entre deux phrases. Ceci handicape sérieusement les patients jusqu’à influer sur leurs relations sociales dans certains cas. Les complications dentaires, parodontales ou osseuses qui se manifestent chez les patients pas ou peu motivés au plan du traitement, vont de la simple carie à la destruction totale des dents, en passant par les gingivites, les parodontites, les abcès…jusqu’à, dans certains cas, une atteinte osseuse dévastatrice mais peu fréquente. 

En quoi consiste précisément votre intervention ?
Les patients suivis à l’Institut national d’oncologie (spécialement les cancers de la tête et du cou), sont systématiquement orientés en consultation dentaire. Ils sont alors pris en charge pour une réhabilitation complète de la cavité buccale avant la radio-chimiothérapie. Les patients sont aussi instruits du protocole de prévention à suivre et ils sont informés des risques encourus et des précautions à prendre. En cours de la radio-chimiothérapie, ils bénéficient du traitement et du soulagement des infections et désagréments divers qui peuvent survenir.
Puis, un suivi rigoureux est préconisé tous les trois mois en moyenne, ou à chaque contrôle chez le médecin traitant. Et ce pour parer à toute complication supplémentaire et à la traiter dans les plus brefs délais.

Qu’en est-il du rôle de l’hygiène bucco-dentaire dans la non-complication de ce genre de cas ?
L’hygiène bucco-dentaire a un rôle prépondérant quant à la survenue et au degré de gravité des effets secondaires induits par la radio-chimiothérapie.
Les patients bien motivés et qui suivent les recommandations prodiguées mettent le maximum de chance de leur côté et retrouvent une qualité de vie quasi normale.
Au contraire des patients peu ou pas du tout coopératifs, chez lesquels, on retrouve presque toute la panoplie de complications avec son cortège de difficultés au quotidien et de risques parfois désastreux sur leur santé.
L’importance de l’hygiène bucco-dentaire, en règle générale, n’est plus à démontrer, mais chez nos patients, elle tient une place de choix. Elle reste tout de même un moyen accessible et efficace. 

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