Société

Le temps des comptes

L’enthousiasme cède désormais la place au doute mâtiné de colère. Des milliers de candidats à l’emploi à bord de bateaux de croisière ont de plus en plus le sentiment d’avoir été floués. Ils se voient de moins en moins en uniforme d’apparat s’affairant sur des paquebots de luxe qu’en victimes d’un vaste réseau d’escroquerie. Le rêve pour eux a pris du coup les couleurs du cauchemar et de la désillusion. À El Jadida, une centaine d’inscrits ont déjà manifesté devant l’agence locale de l’Anapec.
Alors que va faire maintenant le directeur général de cette structure, Chafik Rached, et le parrain politique de cette opération, le ministre istiqlalien de l’Emploi Abbas El Fassi, pour calmer la fronde qui monte crescendo des différentes provinces ? M. Rached est rentré jeudi 13 juin de son voyage en catastrophe aux Émirats Arabes Unis en vue de rencontrer les dirigeants d’Al Najat Marine Shipping. Mais il était injoignable sur son portable pendant les jours du Week end. Espérons qu’il a ramené quelque chose dans son escarcelle qui puisse le tirer de cette très sale affaire où il a embarqué tout un pays.
Plus grave encore, cette histoire de jobs en milliers à l’étranger a été exploitée par des gens sans scrupule comme un filtre qui transforme l’espoir des jeunes chômeurs en coquettes sommes d’argent. Un réseau d’intermédiaires et de rabatteurs à travers tout le pays se sont emparés en effet de cette offre mirobolante pour leur faire miroiter des “contrats en bonne et due forme“ moyennant 20.000 à 30.000 Dhs. À Laâyoune, un tenancier d’une clinique, se faisant passer pour un mandataire de l’agence Al Najat, a réussi, en cassant les prix (500 au lieu des 900 Dhs déboursés à la clinique Dar Salam Salam), à effectuer la visite médicale à quelque 1800 postulants. Un joli pactole. Un médecin à Sidi Ifni a carrément ouvert les portes de sa maison pour examiner des centaines de postulants.
Les entreprises en escroquerie de ce type ont essaimé comme la chienlit. Certains députés sortants, en mal d’arguments en cette période électorale, se sont eux aussi introduits dans cette immense brèche pour dégotter des inscriptions aux jeunes de leurs circonscriptions. Les dégâts de cette grosse farce dépassent de loin en nombre l’offre de la société émiratie. Une véritable bérézina.
Aux dernières nouvelles, la clinique Dar Salam, prétextant une panne des appareils médicaux, a cessé d’accueillir les flux des candidats pour l’offre additionnelle de 8.000 emplois en sus des 30.000 du programme initial. Tous comptes faits, la clinique de Bahnini s’est prise en retard pour bloquer ce qui ressemblait dès le début à une pompe à fric et une machine à plumer une jeunesse en détresse. Le tarif de 900 Dhs était le ticket de l’espoir. La facture de la désillusion risque, elle, d’être payée au prix fort par tous les protagonistes locaux de ce scandale. Quant à Al Najat, elle porte bien son nom (le Salut). Ne s’est-elle pas tirée d’affaire au Kenya et en Syrie ?

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