Société

Le tourisme reste convalescent en Mauritanie

© D.R

Deux ans et demi ont passé depuis la mort de quatre Français tués au bord d’une route par des jihadistes, mais le tourisme en Mauritanie a toujours du mal à s’en remettre. Suivis par l’annulation du Rallye Paris-Dakar, ces assassinats ont sinistré un secteur en plein essor qui, depuis, tente de rassurer la clientèle internationale et espère son retour. «Après la mort des Français, tout s’est arrêté d’un coup. Ce fut un couperet», se désole Khadijetou Mint Ahmed ould Doua, directrice générale de l’Office national du tourisme (ONT). «Pendant la saison 2005-2006, nous avions reçu 12.000 touristes venus en vols charter. En 2007-2008, moins de 2.000».  Si elle accueille toujours des visiteurs individuels, dont certains continuent à venir par leurs propres moyens, la Mauritanie recevait auparavant de nombreux amateurs de voyages organisés dans le désert, surtout dans sa région la plus pittoresque et touristique, le massif de l’Adrar (centre).  Mais en 2008, aucun avion charter ne s’est posé sur l’aéroport d’Atar, proche des anciennes cités caravanières de Chinguetti et de Ouadane. Pour les centaines de personnes qui y travaillaient dans le secteur touristique, ce fut le chômage et de nombreuses petites agences ont fermé leurs portes. A Nouakchott, Abdul Gako, 48 ans, est guide touristique. «Ces terroristes, ils nous ont tués», dit-il. «A l’hôtel devant lequel j’avais l’habitude de trouver mes clients, il se passe souvent un mois sans un seul touriste… Ces gens d’Al-Qaïda, il font cela pour se faire de la publicité, mais ils font du mal à tout le monde. Nous les détestons tous». Représentant officiel, pendant 24 ans, du Paris-Dakar en Mauritanie, Sidi ould Kleïb, patron d’Adrar Voyages, fait visiter ses bureaux vides. «J’avais 17 employés, je n’ai pu en garder que deux», dit-il dans un triste sourire. «Nous sommes considérés comme un pays dangereux. Cet hiver, j’ai accueilli deux groupes de dix touristes, c’est tout. Avant, c’était dix fois plus». Car 2009 a été une année noire, marquée par l’assassinat d’un Américain à Nouakchott, la tentative d’attentat d’un kamikaze qui s’est fait exploser près de l’ambassade de France, puis les enlèvements de trois Espagnols et de deux Italiens. Pourtant, à la faveur d’une forte mobilisation des forces de l’ordre, qui ont institué pour la première fois des points de contrôle dans le désert, dans le Nord et l’Est du pays, et ont créé des patrouilles spécialisées chargées de pourchasser les islamistes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), des signes encourageants apparaissent. En décembre 2009, la compagnie française Point Afrique a rouvert un vol hebdomadaire sur Atar, qu’elle compte reprendre au début de la prochaine saison touristique, en septembre 2010. «L’Adrar est une région sûre et facile à sécuriser», explique à l’AFP Christine Gillet-Rollet, directrice générale déléguée de la compagnie, jointe par téléphone. «Nous avons eu des réunions avec les autorités, avons acheté des balises argos pour les véhicules, des radios. Tout s’est bien passé cet hiver, nous reprendrons à l’automne. Mais au lieu de trois vols par semaine, ce sera un. Nos partenaires sont toujours frileux, nous sommes un peu seuls à défendre cette destination». Ce retour du premier charter est de bonne augure, estime-t-on à Nouakchott. «D’autres tour-opérateurs qui avaient rompu avec la Mauritanie vont reprendre en 2010, des rallyes tout-terrain sont déjà revenus et tout s’est bien passé», assure la directrice de l’ONT. «J’étais au salon de la Randonnée à Paris, ce fut un succès».

  Michel Moutot (AFP)

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