Société

L’environnement, une priorité

ALM : D’abord, quel regard portez-vous sur la situation politique actuelle au Maroc ?
Ahmed Alami : Nous constatons un grand malaise au sein de la société politique marocaine actuelle qui se manifeste par l’éclatement des partis politiques, le désintéressement de plus en plus grand des citoyens de la vie politique, l’absence de programmes cohérents de développement et un bilan extrêmement mitigé, confus et incomplet du gouvernement d’alternance. Tout cela a entraîné l’atomisation des forces politiques et l’absence d’implications des forces vives et compétentes dans les affaires du pays. A cette ambiance s’ajoute la préparation de l’échéance électorale imminente avec des éléments nouveaux trop complexes pour le citoyen marocain, à savoir un nouveau mode de scrutin ( scrutin de liste) auquel nos compatriotes ne sont nullement préparés, une représentation des partis politiques en course dans les bureaux de vote très contestable ( ex. les logos ) et une absence totale de la présentation des programmes des formations politiques. Tous ces facteurs nous amènent à craindre un taux d’abstention élevé et de nombreux bulletins nuls ; ce qui portera un préjudice grave à la construction démocratique tant attendue.
Quelle est la valeur ajoutée du Parti de l’environnement et du développement par rapport au champ politique marocain ?
Le PED est un nouveau parti sur la scène politique marocaine. Il est la résultante d’une réflexion menée par un groupe de membres fondateurs qui, face à la situation actuelle, ont décidé de s’impliquer dans la vie politique et sociale en apportant à travers cette nouvelle structure leurs contributions actives à l’amélioration de notre environnement socio-économique actuel. La caractéristique essentielle du PED, qui le distingue des autres formations politiques, est la mise au point, à travers ses statuts et son règlement intérieur ainsi que son programme, d’objectifs ciblés et où la priorité est donnée à la protection de l’environnement en tant que facteur de développement durable.
Pourriez-vous nous brosser les grandes lignes du programme politique du PED ?
Depuis la création du Parti en avril 2002, nous avons eu deux préoccupations majeures : d’une part l’élaboration de la charte et du programme d’action de notre formation et, d’autre part, la mise en place des structures centrales et régionales du parti. C’est ainsi que grâce à la mobilisation de ses membres fondateurs et de toutes les bonnes volontés sympathisantes, nous avons pu élaborer nos statuts et notre règlement intérieur, ainsi que notre programme, conformément aux principes fondamentaux de notre jeune démocratie et dans le cadre du nouveau souffle que lui donne notre jeune Roi Sa Majesté Mohammed VI.
Comment voyez-vous le rôle de l’environnement dans le développement ?
Nous insistons sur l’importance fondamentale que nous donnons aux facteurs de l’environnement comme base du développement durable de notre société.
Preuve en est donnée par la participation personnelle de Sa Majesté le Roi Mohammed VI à la tête de la délégation marocaine au Sommet de la Terre à Johannesburg, dont l’ordre du jour a été axé sur la sauvegarde de l’environnement et l’acheminement vers un développement durable pour l’ensemble de la planète. En ce qui concerne le programme d’action que nous avons adopté, il y a lieu d’avancer que sur le volet politique, dans le cadre de notre attachement indéfectible à la monarchie, ciment de notre société, nous souhaitons contribuer au renforcement de la démocratie constitutionnelle et sociale. Nous militons pour une amélioration de la vie politique marocaine par sa moralisation et notre implication réelle et positive dans l’encadrement des citoyens tant au niveau des institutions que sur le terrain. Dans le même ordre, le PED affirme son attachement incontestable à notre intégrité territoriale et adhère totalement à la solution des problèmes de nos provinces du Sud, basée sur la souveraineté nationale et l’autonomie régionale. En ce qui concerne les villes occupées du Nord ( Sebta et Melillia et les îles Jaâfarines), le PED considère qu’elles font partie intégrante de notre territoire et exige leur retour dans le cadre de la souveraineté nationale.
Pour ce qui est de l’administration marocaine, le PED souhaite contribuer à sa réforme ; étant donné que ses dysfonctionnements deviennent un véritable handicap à notre développement, il y a nécessité d’une réforme basée sur la mise en place effective de la décentralisation, du rajeunissement des cadres et du contrôle de la gestion des deniers publics.
Et en matière économique, comment se décline votre programme?
Concernant le volet économique, tout le monde est unanime à constater que la situation économique de notre pays pose d’énormes problèmes. Après analyse des facteurs de la crise économique dans laquelle nous nous débattons, le PED propose de clarifier notre vision quant aux grandes orientations prioritaires afin d’établir un programme économique de développement urgent et adapté, ceci dans le cadre d’un dialogue constructif entre les différents acteurs de la vie économique et d’un consensus national. Cette vision doit s’inscrire dans le cadre de la mondialisation et d’un dialogue constant avec les grands ensembles socio-économiques telle l’Union européenne par exemple, de même que dans une contribution acharnée à l’élaboration et au fonctionnement du grand Maghreb. Telle est la seule stratégie à même de permettre à notre pays de générer de l’emploi, de lutter contre l’immigration clandestine, d’arrêter la fuite des cerveaux, et d’assurer à notre population une vie digne et respectable. Enfin, sur le plan social, nous estimons que l’élaboration d’une vraie politique de protection de l’environnement est une nécessité incontournable. Le gouvernement de l’alternance a complètement marginalisé ce facteur fondamental. Preuve en est la suppression de l’ancien ministère de l’Environnement qui a été remplacé par un simple département au sein du ministère de l’Habitat. De même, la majorité des textes de loi dans ce domaine n’ont jamais vu le jour depuis 1995. Cela nous semble inadmissible quand on connaît le rôle de l’environnement dans le domaine de la vie de nos concitoyens : santé, habitat, éducation, etc.
Et si on parlait de l’avenir, quelles sont vos projections à cet effet ?
Le Maroc traverse une période particulièrement importante pour son avenir. Son progrès nécessite la mobilisation de toutes ses fores vives pour surmonter les contraintes rencontrées. Cette mobilisation doit se faire autour d’un projet de société où l’Homme vit en harmonie avec son environnement naturel. Pour certaines composantes de ce projet, la visibilité est suffisante alors que pour d’autres, comme c’est le cas de l’impact de la mondialisation et du devenir de l’agriculture, une réflexion plus approfondie est nécessaire. En conclusion, nous disons que le Maroc doit vite passer à l’action pour ne pas se laisser dépasser. C’est pourquoi il est appelé à combler d’urgence les lacunes de ses partis politiques et de son administration pour avoir des institutions suffisamment fortes et à la hauteur des défis rencontrés. Le PED, confiant dans le génie marocain, est pleinement disposé à apporter sa contribution à l’édification du projet de société recherché.

• Propos recueillis par Aziz Khamliche et Karim Bendaoud

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