Société

Les «concessions douloureuses»

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Le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, a fait le jeudi 18 décembre dernier, un véritable discours-programme à la clôture de la conférence annuelle de Herztlia (près de Tel-Aviv). Ce programme accompagné de la menace d’une « séparation unilatérale », comprend six points principaux : 1- Le gouvernement israélien continuera à faire avancer la « feuille de la route » du président Bush qui doit mener à la création d’un Etat palestinien. 2- En cas d’absence de progrès, dans quelques mois, Israël prendra l’initiative de mesures sécuritaires de « séparation unilatérale », avec les Palestiniens. 3- Tsahal se déploiera, alors, sur des lignes nouvelles de sécurité qui représenteront des frontières provisoires et non définitives. 4- Des implantations-colonies seront démantelées et leurs habitants transférés, dans le but de réduire, autant que possible, le nombre d’Israéliens installés parmi les Palestiniens. 5- Israël déclarera sa souverainté sur les parties de territoires qui seront inclus dans l’Etat d’Israël, à la conclusion de tout accord futur. 6- Israël accélérera, au maximum, la construction de la « barrière de sécurité », afin de lever des barrages militaires et d’améliorer la circulation et les conditions de vie des Palestiniens. En vérité, Ariel Sharon est convaincu de l’absence de chance d’arriver à un accord avec le Premier ministre palestinien Abou Ala. Il a donc décidé de lancer le plan de « séparation unilatérale » qui est la conséquence de son scepticisme. Ariel Sharon ayant près de 76 ans, veut accélérer les événements et tracer les lignes de la carte définitive d’Israël. Il va, ainsi, jusqu’à déclarer à un grand quotidien israélien « j’ai le sentiment d’avoir fait ce que je devais faire. J’entends réaliser ce que j’ai dit. De mon point de vue, on pourrait ouvrir, dès demain, les négociations avec les Palestiniens». En sa qualité de fondateur et de bâtisseur des colonies dont il propose, aujourd’hui, le démantèlement, Sharon ajoute : « C’est pour moi très difficile. Mais je pense qu’il faut faire tous les efforts pour arriver à la paix dans la sécurité. Il faut comprendre qu’il faut payer un prix pour arriver à un accord ». Rejetant la crainte d’être assassiné comme Itshac Rabin par son divorce avec les colons, Sharon va jusqu’à affirmer : « Toute ma vie j’ai défendu les Juifs. A présent, également, je ne me sens pas menacé par les Juifs. Maintenant aussi, je les défends et je continuerai à les défendre, – c’est le but de mon plan. Qu’il n’y ait pas de doute, j’entends appliquer ce plan dans quelques mois ». Une fois encore, Ariel Sharon sait que ses paroles sont mises en doute, car il a fort peu appliqué ses promesses électorales ou ses déclarations à son parti ou à l’opinion publique israélienne voire internationale. A cette occasion il semble s’être éveillé à l’obligation d’un dirigeant élu et d’un chef de gouvernement démocratiquement élu d’appliquer ses déclarations politiques souvent oubliées. Les adversaires de Sharon affirment qu’il a trop peu dit et trop tard. Mais d’autres que sa nouvelle position a été coordonnée avec les Américains, d’autant qu’il reconnaît, enfin : « Tout celui qui est membre d’un gouvernement qui a entériné la « feuille de route », sait qu’on ne pourrait pas tout garder (de sa position actuelle ) ». En un mot, Ariel Sharon, au-delà de sa prétention à une « séparation unilatérale », refusée par les Américains, même à titre provisoire, proclame que pour la droite israélienne l’heure est arrivée de se séparer du rêve du Grand Israël. Une conséquence définitive de ses « concessions douloureuses », qu’il devra compléter dans un définitif prévu par la 3ème étape de la «feuille de route». Pour Henry Kissinger, dans un très long article, lourd de foisonnement d’idée « le changement d’atmosphère en Israël laisse présager une disponibilité à renoncer à beaucoup de ce qui a été accaparé depuis 1967, en contrepartie de l’acceptation par les Palestiniens du partage définitif du pays, entre un Etat d’Israël et un Etat de Palestine… »

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