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Les enfants des MRE ne se détournent pas de leur culture d’origine

© D.R

La culture marocaine chez la diaspora évaluée par le Conseil d’Azziman

L’enseignement de la langue arabe et de la culture marocaine en général aux enfants des MRE facilite leur rattachement à leurs origines. C’est ce qu’a dévoilé, vendredi 16 juin, le Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS) lors d’un point de presse à Rabat. En effet, 85% des MRE questionnés ont déclaré que la langue arabe a contribué au renforcement de leur culture d’origine. Ainsi, 80% des interrogés considèrent que cet enseignement leur permet de s’intégrer plus facilement au sein de leur famille, puis pour comprendre la culture de leurs parents. En outre, 61% des enquêtés estiment que le rôle de l’arabe dans l’intégration sociale est positif contre 52% qui pensent que cette langue n’a pas beaucoup contribué à leur intégration scolaire. Toutefois, 96% des Marocains résidant à l’étranger ayant bénéficié de cet enseignement souhaitent le voir se poursuivre pour les prochaines générations. Plus encore, 67% des enquêtés appellent à la révision et à l’amélioration de ces cours avant de continuer à être dispensés aux enfants de la communauté MRE. De même, 80,1% des personnes interrogées ont pointé du doigt les déficits en termes de contenu des programmes et 76,5% ont souligné qu’il faut résorber les défaillances liées à l’équipement.

La darija plus répandue que l’arabe classique

L’enquête du CSEFRS et de la Fondation Hassan II pour les Marocains résidant à l’étranger a également révélé que le niveau de maîtrise de la langue arabe classique est faible auprès des 52% des répondants et moyen chez 38% des personnes interrogées. Dans le même sens, le niveau de maîtrise de la darija est plus élevé chez 59% de ces personnes. Il s’avère également que celle-ci est considérée comme la langue de communication préférée dans la sphère familiale et la communauté maghrébine. Par contre, la langue amazighe, langue de communication au sein de la famille, joue un rôle important pour les MRE, notamment en Allemagne et en Belgique, indique ladite enquête. Pour l’intégration dans le pays de résidence, la participation aux fêtes traditionnelles est importante pour 34% des interrogés. Sur leur appartenance politique ou syndicale, l’enquête a dévoilé que la grande majorité des répondants n’est ni membre d’un syndicat (94%) ni d’un parti politique (98%). Autres constatations, le Conseil a dévoilé que l’investissement des MRE dans le pays de résidence constitue un phénomène émergent. Ainsi, 10% des questionnés ont réalisé des investissements dans le pays de résidence et 36% ont exprimé l’intention de le faire.

Le séjour culturel améliore la communication au sein de la famille

Le Conseil a également évalué l’impact de l’enseignement de la langue arabe et de la culture d’origine et le séjour culturel sur la maîtrise de la darija. Il en ressort que ces approches renforcent, de façon significative, la maîtrise de la darija et son utilisation dans la communication avec la famille et les amis. L’analyse du CSEFRS précise que le séjour culturel n’a pas d’impact sur la maîtrise et l’usage de l’arabe classique contrairement à celui de l’enseignement de la langue arabe et de la culture d’origine (ELCO). Plus en détails, il n’y a pas d’impact négatif, ni du côté de l’ELCO ni du séjour culturel, sur l’intégration de l’individu dans son pays de résidence, indique l’enquête.

75% des MRE regardent les chaînes marocaines

25% des questionnés seulement ne regardent pas les chaînes marocaines et 83% ont un niveau de connaissance moyen ou élevé des traditions marocaines, selon l’enquête effectuée par le CSEFRS. En effet, le Conseil a aussi évalué l’impact de l’ELCO sur l’attachement au pays d’origine à travers la connaissance du pays, ses traditions et les liens avec le pays d’origine. Il en ressort que 48% des répondants connaissent le passé de leur pays ainsi que leurs origines et que 59% connaissent les grandes réalisations du Maroc. Toutefois, l’adhésion aux associations, syndicats et partis politiques est inexistante chez les MRE interrogés, à savoir moins de 2%. Par ailleurs, la visite au pays est régulière, notamment pendant les vacances d’été, soit 61% se rendent au moins une fois dans l’année, souligne l’enquête. Pendant leur séjour au Maroc, la darija est la langue la plus utilisée chez 87% des enquêtés, suivie de la langue amazighe (37,8%), puis le français (27%). Les liens avec le Maroc concernent également l’envoi de l’argent au pays. Ainsi, le tiers des enquêtés a déclaré le faire de façon régulière ou selon les occasions, et 7% avoir investi au Maroc, notamment dans l’immobilier. En outre, 50% envisagent d’investir au Maroc prochainement. Dans cette perspective, le Conseil conclut que le séjour culturel n’a pas d’impact sur la participation économique dans le pays et sur l’utilisation de la darija pendant le séjour au Maroc, contrairement à l’ELCO qui a un impact significatif sur ces deux dimensions.

Les deux scénarii du CSEFRS pour l’ELCO et le séjour culturel marocaine

Le CSEFRS propose un premier scénario pour améliorer l’existant en parant aux déficits. Celui-ci consiste à réformer les programmes et des contenus de l’enseignement de la langue arabe. De même il appelle à concevoir un cadre de référence de langue et un dispositif comportant des tests de niveau.

L’institution recommande également d’instaurer une certification par niveau pour valoriser l’enseignement de la langue arabe et suggère d’introduire les nouvelles technologies dans ce processus. Ce scénario vise aussi à former les enseignants aux méthodes adaptées aux élèves. Le second scénario repose, quant à lui, sur une nouvelle orientation qui prend en compte l’attachement à la langue d’origine, notamment la darijà et l’amazigh. Le Conseil indique qu’il est essentiel que des voix s’élèvent en faveur d’une intégration de la langue arabe dans les écoles des pays d’accueil, comme cela est le cas pour l’Allemagne par exemple.

Le CSEFRS met en avant dans ce second scénario le renforcement et la consolidation du séjour culturel pour cibler les jeunes qui feront l’expérience avec le pays d’origine au moment de la construction de leur personnalité. Il appelle aussi à concevoir des programmes appropriés pour le séjour culturel associant la connaissance de la culture marocaine de façon ludique et des visites sur des sites historiques entre autres. Dans cette lignée, l’étude suggère des séjours culturels d’échange et des séminaires pour des jeunes universitaires MRE et résidents marocains avec un programme culturel associant également les universités marocaines.

Dans cette perspective, le choix de l’ELCO doit porter sur une amélioration des formules actuelles et avec la création d’un programme de e-learning en arabe, concevoir un système de tutorat et une certification par niveau, indique le CSEFRS. Par ailleurs, il faudrait approfondir les connaissances pour mieux recentrer le programme ELCO et le séjour culturel en menant d’autres études quantitatives et qualitatives.

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65% ont appris l’arabe pour préserver la culture marocaine

Cette étude vise l’évaluation de l’impact de l’enseignement de la langue arabe et de la culture d’origine (ELCO) sur la maîtrise de la langue et sur la culture de la communauté d’origine marocaine établie dans trois pays, à savoir la France, la Belgique et l’Allemagne. Elle a été menée auprès de 1.272 enquêtés âgés de 18 ans et 45 ans durant le mois de février 2016. Par ailleurs, 64% sont des hommes et 36% des femmes, 86% sont nés dans le pays de résidence. De même, 54% ont un niveau d’instruction qui ne dépasse pas le baccalauréat ou équivalent. Dans son étude le Conseil a constaté que la langue arabe classique est apprise par 70% entre 6 et 8 ans. Sur la durée d’apprentissage, 62% des questionnés ont passé plus de 4 années à apprendre l’arabe et 32% y ont consacré plus de 4 heures par semaine. Sur les motivations des bénéficiaires, 65% estiment que l’apprentissage de la langue et de la culture d’origine a été une nécessité pour la préservation de la culture marocaine. De plus, 68% se considèrent satisfaits de l’apprentissage de la langue arabe. Pour les moyens logistiques, les équipements de l’école sont considérés relativement insatisfaisants pour 41,5% des enquêtés et pas du tout satisfaisants pour 32,3% d’entre eux. Par contre, 72,8% des MRE ayant répondu à l’enquête ont exprimé leur satisfaction par rapport aux enseignants.

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