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Les femmes et les travailleuses de la santé affectées par l’urgence sanitaire

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Le Covid-19 a un impact réel sur la partie la plus fragile de la population, notamment les femmes et les filles. Selon la dernière publication de l’ONU Femmes, «l’impact inégal de l’épidémie sur les femmes et les filles et leur rôle essentiel dans la réponse au Covid-19 exigent une réponse coordonnée qui tienne compte des dimensions sexospécifiques de l’épidémie afin d’enrayer son flux et de protéger la santé, les moyens de subsistance et la sécurité des femmes», ajoutant qu’en particulier, la réponse doit prêter attention à la situation des femmes et des filles, y compris celles qui sont confrontées à des formes multiples de vulnérabilités et discriminations, afin d’assurer leur accès aux services et la protection de leurs droits et de leur personne pour qu’elles soient également à même de jouer leur rôle dans la lutte contre la maladie. Dans sa publication l’ONU Femmes évoque la contribution des femmes à la réponse au Covid-19, les conséquences du virus sur l’accès des femmes aux ressources et opportunités économiques, des risques accrus de prévalence des violences contre les femmes et les filles, et l’accès réduit aux soins de santé maternelle et reproductive.

Les femmes représentent 57% du personnel médical au Maroc

Selon ledit document les femmes représentent 57% du personnel médical au Maroc, 66% du personnel paramédical et 64% des fonctionnaires du secteur social. «Lorsque les systèmes de santé sont surchargés, la charge des soins à domicile est plus importante et retombe en grande partie sur les femmes, qui consacrent en moyenne sept fois plus de temps au travail domestique que les hommes (contre trois fois plus seulement au niveau mondial)», précise la même source.

Accès des femmes aux ressources et opportunités économiques

L’ONU Femmes explique que le virus mène l’économie mondiale vers une grave récession mondiale. Ainsi, dans la seule région arabe, la Commission économique et sociale des Nations unies pour l’Asie occidentale (ESCWA) estime que le Covid-19 entraînera une baisse du PIB de US$42 milliards et la perte de 1,7 million d’emplois en 2020. «Les femmes, étant en grande partie en dehors de la population active, et assumant les tâches domestiques, les soins ou encore le suivi de la scolarisation des enfants à domicile, seront probablement touchés de manière disproportionnée par des pertes d’emploi. Il en résultera une baisse prolongée de la présence des femmes dans l’économie rémunérée au niveau mondial», indique le document soulignant que ces conséquences seront d’autant plus dramatiques alors que les femmes ont de moins en moins accès à l’activité depuis quelques années. Au Maroc la participation des femmes à la vie économique est de 22% en 2018 contre 48% de moyenne mondiale dont 10% d’entrepreneuriat féminin. La précarité économique des femmes est également accentuée par leur surreprésentation parmi la population au chômage, notamment pour les plus diplômées (33% de chômage chez les femmes contre 18% chez les hommes). Le document explique que «les perturbations, y compris les restrictions de mouvement, peuvent empêcher les femmes de gagner leur vie et de satisfaire les besoins fondamentaux de leur famille, comme il a été constaté lors de la crise Ebola», indiquant qu’à titre d’exemple, les employées de maison, dont la situation est toujours irrégulière pour une grande partie d’entre elles malgré les dispositions de la loi 19.12 sur le travail domestique, ou les employées des petits commerces comme les cafés, hammams ou instituts de beauté, voient leur source de revenus se tarir soudainement, et ce sans pouvoir bénéficier de protection sociale. Dans le même sens, les femmes se voient en surcharge des responsabilités domestiques et familiales en temps de pandémie et de quarantaine, notamment avec la fermeture des écoles et la présence des enfants à la maison dont il faut s’occuper et garantir l’éducation. Tout cela a des conséquences sur le maintien en emploi des femmes.

Violences contre les femmes et les filles

L’isolement social et le confinement aggraveront les conditions de vie des personnes qui vivent déjà dans des situations de violence domestique. Selon l’ONU Femmes, les soins et services essentiels aux survivantes de violence (dont la prise en charge clinique du viol et le soutien en matière de santé mentale et psychosociale) peuvent être perturbés dans les cellules d’accueil et de prise en charge médicale et judiciaire lorsque les prestataires de services de santé et forces de l’ordre sont mobilisés et préoccupés par la gestion des cas de Covid-19 et tenant compte des restrictions des déplacements. De premières données en provenance de Chine suggèrent que l’épidémie de Covid-19 a eu un impact significatif sur les taux de violence domestique, multipliant par trois le nombre de cas signalés à la police locale en février 2020 par rapport à la même période l’année précédente», précise l’ONU Femmes dans son document expliquant qu’au Maroc, les premiers résultats du Haut-Commissariat au Plan de l’enquête nationale conduite en 2019 ont dévoilé que, par espace de vie, le contexte domestique, qui englobe le contexte conjugal et familial, y compris la belle-famille, demeure le plus marqué par la violence. «En effet, le taux de prévalence des violences domestiques au Maroc est de 52%, soit 6,1 millions de femmes, et enregistre même une augmentation de 1 point par rapport à l’enquête menée en 2009», rappelle la même source.

L’accès réduit aux soins de santé maternelle et reproductive

Pour l’ONU Femmes, il est important de prêter attention aux services essentiels, notamment les soins de santé pré et postnatals et les contraceptifs, et maintenir un accès aux services de santé sexuelle et génésique. «En temps de crise sanitaire, la surcharge des services de santé a un impact sur les ressources des services et exacerbe le manque d’accès aux services de santé sexuelle et reproductive», relève la même source. Ainsi, tout au long de la crise Ebola, l’indisponibilité de services essentiels a notamment entraîné une augmentation des taux de mortalité maternelle. «Cela souligne l’importance de services de santé maternelle durables pour éviter une résurgence des décès liés à la naissance et d’un accès égal pour les femmes au développement et à l’utilisation de tous les produits médicaux, y compris les vaccins, une fois qu’ils ont été produits», précise-t-on indiquant que bien que les services essentiels de base soient maintenus, la gestion de l’urgence met les différents services au défi de fournir un soutien continu et pertinent aux femmes et aux filles victimes de violence durant la crise sanitaire.

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