Société

Les feux de la liberté

«Lorsqu’on a l’habitude de faire la guerre avec son voisin pendant des siècles, on a l’impression qu’on ne peut avoir d’autre ennemi que lui». C’est en ces termes qu’un historien évoque le rapport de l’Espagne avec les Rifains. Sans remonter aux cinq siècles derniers, notamment aux dates de la colonisation de Sebta et Mellilia, ni à la guerre de Tétouan qui allait se déclencher beaucoup plus tard, c’est-à-dire en 1960, et qui va imposer au Maroc de répondre aux exigences des forces coloniales, il y a lieu de réitérer et de confirmer le constat évoqué ci-dessus. Bien entendu, dans cette foulée de haine et de rancoeurs, et dans des atmosphères marquées par l’inégalité flagrante des rapports de forces, les parties en conflits, tentaient, chacun à sa manière de gérer la situation dans le sens qui répond à ses souhaits et ambitions. Pour les Espagnoles, la question est perçue dans le sens de l’annexion de plus de terrains possibles au sein du territoire marocain. En revanche, du côté des Rifains, l’enjeu tournait autour de la préservation de leur indépendance. Un schéma classique, en bref, des conflits relevant de l’ère coloniale.Mais derrière ce tableau trop simpliste se profile une autre image. Une image de la première guérilla dans le monde.
Dans une entrevue entre le Maréchal Lyautey et le Roi Alphonse XIII d’Espagne, datée du 6 octobre 1913, le porte-parole français précise que la France avait 56.000 hommes, dont 20.000 à peine de troupe blanche ; alors que pour une superficie cinq fois moindre, l’Espagne avait 80.000 et uniquement de troupes espagnoles et ayant déjà perdu dix fois plus de monde que la France.
Lors de la campagne dite de pacification, dans sa zone d’influence au Maroc, rapporte Abdelmajid Benjelloun dans une étude, l’Espagne a dépensé 6 milliards de pesetas, dans la période 1909-1924; ce qui représente une moyenne annuelle de 400 millions de pesetas, soit environ 2 % de son revenu national. Lors de la bataille d’Anoual, les troupes du Général Sylvester, constituées de quelque 60.000, ont accusé l’une des défaites les plus spectaculaires en Afrique. Outre le suicide présumé du Général, 20.000 soldats espagnols ont trouvé» la mort et 1500 se sont constitué en tant que prisonniers de guerre. La défaite était tellement choquante qu’une anecdote relatant cet événement a eu tache d’huile dans les milieux espagnols. «Que vive la mer», tel est le cri qui jaillissait d’un rescapé de cette guerre. Interrogé sur le sens de slogan, le soldat répondit que s’il n’y avait pas la mer, Mohamed Ben Abdelkrim El Khattabi aurait pu atteindre le point le plus lointain de l’île ibérique. En 1925, les combattants rifains ne se trouvaient plus qu’à 40 km.
De la ville de Fès, à l’époque capitale de l’Empire chérifien. En juillet de la même année, les Français signèrent avec les Espagnols un accord militaire à Madrid, mettant en oeuvre des moyens considérables estimés à 100.000 hommes du côté espagnol ; alors que les effectifs français étaient de 100.000 hommes au début, portés ensuite à 160.000, puis en 1925, à 325.000 hommes de troupes régulières et 400.000 supplétifs. En revanche, Mohamed Ben Abdelkrim «ne disposant en tout et pour tout que de 75.000 hommes, mais ne déployant jamais à la fois, plus de 20 à 30.000 fusils» ( source précitée). En mai 1926, le Rif tombe entre les mains des colons et son héros s’est fait capturé et exilé à la Réunion.

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