Société

Les gavroches d’El-Jadida

Dans chaque artère. Devant chaque café et chaque feu de signalisation, on les trouve. Groupés par groupe de cinq et plus, ils vous proposent leur service de cireur. Ou de leur acheter des cigarettes en détail.
D’autres, telles des loquasses, collant des sacs en plastique sur le nez, s’accrochent et s’agrippent aux passants, avec un air guère rassurant, dans l’espoir de leur soutirer une pièce d’argent. Le besoin permanent de la colle à sniffer les rend, en effet, déchaînés. Les yeux sans expression, ces pauvres enfants demeurent imprévisibles.
Qui sont-ils ? Ils sont de tous les âges. De 6 à 20 ans. Le banc de l’école? Ils sont là à cause de la misère. D’un comportement brutal des parents. De l’éclatement de leurs familles.
Ou à cause de la disparition de l’un ou des deux parents. À la tombée de la nuit, ils s’amassent au centre-ville, en groupes plus impressionnants près des bars pour se volatiliser ensuite dès leur fermeture. M.A, un jeune ne dépassant pas apparemment les 15 printemps et déjà la tête sur les épaules, parle de sa malheureuse expérience : «Malgré une rude journée et la fatigue, nous ne pouvons rentrer tôt. Car, c’est en ces moments que les affaires marchent bien pour nous. On tire toujours quelque chose d’un habitué de ces lieux… » Rentrer, mais où ? « Vous savez. La majorité d’entre nous est d’ailleurs. Nous élisons donc domicile dans des lieux abandonnés. »
D’où viennent-ils? La majorité écrasante vient de la région de Tadla. Pour eux, Fqih Ben Saleh, 0ued Zem, Béni-Mellal, c’est la misère totale et El-Jadida c’est l’Eldorado. Le port d’El Jorf Lasfar, c’est l’espoir de pouvoir partir clandestinement en Europe. On se décide et on attend le passage du train phosphatier à destination de Jorf Lasfar pour regagner El Jadida.
Malheureusement pour eux, ils se retrouvent face à une situation plus délicate.
Au lieu d’une amélioration de leur mode de vie, ils découvrent une autre plus impitoyable que celle qu’ils avaient fuie ! Car la ville d’El-Jadida a, elle aussi ses propres Titis. Vivant dans les faubourgs de la ville, ils sont obligés, sous la pression de la pauvreté, de se débrouiller pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles.
Ainsi, à un décor misérable s’ajoute un autre plus pitoyable. Dont pâtit la malheureuse « J’Dida », le Deauville marocain, qui perd de sa gloire et de sa grandeur et qui touche ses filles et ses fils dans leur amour propre et dans leur orgueil. Les sporadiques rafles policières ne sauraient éradiquer ce mal. C’est comme verser de l’eau dans le sable. Le manque criard d’asiles spécialisés et de centres éducatifs n’aide pas à mener des actions bénéfiques pour éviter à notre jeunesse la débauche et la délinquance.

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