Société

Les histoires d’amour finissent toujours mal

© D.R

«Mon cousin, Liu Jianshaw, a disparu», confie Liu Jianwei, Chinois résidant à Casablanca, au chef du 9ème arrondissement de la police de Casablanca-Anfa, ce jeudi 27 novembre, deuxième jour de l’Aïd El Fitr. Qu’est-ce qui est arrivé à son cousin? Personne ne savait quoi répondre à ce moment. L’affaire semble complexe. Liu Jianshaw n’a plus donné signe de vie depuis la veille de l’Aïd Al Fitr. Liu Jianshaw lui rend visite le surlendemain, à son appartement, situé au No 4, au 2ème étage de l’immeuble 94, sis rue Soltan Abdelhamid, quartier Bourgogne. Personne ne répond quand il frappe à la porte qui dégage une odeur nauséabonde. C’est quoi cette odeur ? se dit-il avant de prendre le chemin du commissariat de police au boulevard Ghandi. Les éléments de la 3ème brigade criminelle de la PJ avec le soutien du chef des brigades urbaines ont été alertés. Sur le lieu, un serrurier ouvre la porte. La découverte est macabre. Un cadavre brûlé, présentant des coups d’un objet tranchant sur le visage, le thorax et au rein gauche. Sa partie intime, son ventre et ses cheveux sont calcinés par le feu. Un tournevis est encore planté dans son ventre. Près de la tête, des traces d’une chaussure, présentant deux segments parallèles tracés sur une tache de sang. Ainsi, un fil de la recharge du téléphone portable encore attaché à son pied. Les murs de la chambre sont immaculés de fumée. Un bidon en plastique brûlé gît à côté du cadavre. Les enquêteurs ouvrent l’armoire, mettent la main sur une valise en cuir marron renfermant des documents dont la carte d’identité nationale portant le nom de Khaled Chibane, demeurant au n° 9 rue Sayade Eddine, quartier Bourgogne, Casablanca portant le n° BO 702081. Tout a été saisi pour l’enquête. Une piste se dessine désormais. Ils se dépêchent aussitôt à l’adresse indiquée sur la CIN. La personne est là. «Oui, c’est ma CIN, mon frère Younès me l’a subtilisée depuis quelques mois sans me la rendre», leur confie Khaled. Où se trouve-t-il maintenant ? Selon Khaled, il a voyagé à El Jadida. «Mais il vient de téléphoner à mon père qui va le rencontrer près de la source d’eau (connue communément sous le nom de Laâouina L’harra) …», leur confie-t-il. Les enquêteurs se déplacent au lieu indiqué, situé au boulevard Moulay Youssef, attendent quelques moments avant l’arrivée du père de Younès. Younès le rejoint un moment plus tard. Habillé d’un Jean’s noir et d’un tricot marron, tout neuf, Younès lève ses mains, ne réagit pas, se cloue sur place à la vue des policiers. Les menottes en main, il a été conduit au commissariat. le chef de la brigade remarque des égratignures au niveau de sa nuque et à la partie gauche de son visage, une morsure à son bras droit et des blessures à sa main gauche. D’où viennent ces égratignures ? Une seule question et Younès se met à table, comme s’il s’était préparé à avouer. Younès est né en 1978 d’un père employé à l’OCP et d’une mère femme au foyer. Il a deux frères et deux soeurs. A son septième printemps, ses parents ont divorcé. Sa mère se charge d’eux. Il rejoint les bambins à l’école pour la quitter en 1996 avec un niveau de 7ème année d’enseignement fondamental, pour s’inscrire à l’office de formation professionnelle, branche électrique. il le quitte au bout de 9 mois pour travailler à l’OCP comme employé temporaire jusqu’en 2001 pour se reconvertir en marchand ambulant. C’est l’année où sa mère immigre vers la France en compagnie de l’une de ses soeurs, le laissant avec ses deux frères. C’est par hasard, qu’il a fait la connaissance, en septembre 2002, du ressortissant Chinois Liu Jianshaw. Il est artiste-peintre qui est venu au Maroc en novembre 2000 pour poursuivre des cours de français dans une école privée. Ce père d’un enfant unique a choisi de rester au Maroc pour y vivre du commerce de ses tableaux. Younès et Jianshaw commencent à se rencontrer et à s’attabler le plus souvent au café La Corniche. Entre temps le ressortissant chinois commence à donner ses tableaux à Younes pour les revendre. Il fallait attendre quelques jours, quand il l’invite chez lui, pour qu’il apprenne que le Chinois est homosexuel. Ce dernier lui propose de faire l’amour contre 500 dh. Younès accepte. Il lui arrivait même de lui dérober des sommes d’argent. Une plainte a été déposée contre lui et il a été écopé de six mois de prison ferme. Malgré ce problème, une fois libéré, leur relation reprend comme si de rien n’était. Ils se remettent à coucher ensemble. A chaque fois il reçoit une somme allant de 400 à 500 dh. Mercredi 26 novembre, le jour de l’Aïd El Fitr. Vers 13h00, Younès se rend chez Liu Jianshaw, à la rue Soltan Abdelhamid. Ce dernier lui demande de revenir le soir car deux invités couchent chez lui. Younès part pour revenir vers 19h. Une fois à l’intérieur de l’appartement, Jianshaw commence à lui toucher le sexe. «Je veux que tu sois mon amant pour toujours et en contrepartie, je vais t’offrir 20 mille dirhams». Younès refuse. Un échange de reproches s’engage entre eux. Liu le menace d’un tournevis. Younès saisi un couteau qui était sur la table. Ils se livrent bagarre. Liu mord Younès. Le couteau lui tombe de la main . Il lui assène un coup de poing. Jianshaw se jette sur le lit pour se relever tout de suite et saisit le couteau. Younès recule, heurte la table, perd son équilibre et tombe par terre. Jianshaw se jette sur lui et Younès ramasse le couteau pour lui asséner un premier coup au ventre puis d’autres coups s’ensuivent. Younès se relève par la suite, prend les clés, sort de l’appartement. Près du collège El Beyrouni, il jette le couteau etse dirige par la suite vers une station d’essence située au boulevard Bordeaux pour acheter 10 dh d’essence. Il retourne à l’appartement, et commence à asperger le cadavre d’essence. Jianshaw se relève. Il est encore en vie. Younès est surpris. Il allume le feu et sort tout en restant près de la porte qu’il a bloquée pour empêcher son amant de sortir demander secours. Dix minutes plus tard, il y rentre, s’assure de la mort de Jianshaw, se dirige vers le lavabo, se lave le visage et sort calmement pour rentrer chez lui et pour prendre 13 tableaux du ressortissant chinois qu’il gardait chez lui. Il rencontre, par la suite son cousin auquel il vend un tableau à 300 dirhams et appelle un client auquel il remet 9 tableaux contre 1800 dirhams avant de retourner chez son cousin pour y passer la nuit. Frappé d’insomnie, il a relaté l’histoire à son cousin. Celui-ci n’a pas alerté la police. Par contre, il l’a emmené jusqu’au lieu convenu pour rencontrer son père. Younès a été déféré devant le parquet général près la cour d’appel de Casablanca, ainsi que son cousin et un ami à lui qui était aussi au courant du meurtre.

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