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Les hôpitaux et leurs odeurs désagréables…

© D.R

Il suffit de visiter le centre hospitalier le plus proche du quartier pour déduire que ça sent toujours mauvais. Pourtant le ministère de la santé a consenti un effort très important par l’octroi de moyens financiers importants et qui ne cessent de s’accroître d’année en année, rien que pour l’hygiène hospitalière.

En 2016, le budget qui lui a été alloué (toutes activités confondues) a dépassé les 154 628 265,00 DH et 44.000.000 DH pour le traitement des déchets. Sachant que la quasi-totalité des prestations est assurée par le secteur privé dans le cadre des marchés de la sous-traitance attribués sur la base d’un appel d’offres conformément au décret des marchés publics. En effet, pour cette année 2017, l’Etat a augmenté le chiffre et a dédié un gros montant à l’hygiène hospitalière. Pourtant pourquoi ce décalage entre le geste et la parole ? Que peuvent faire les usagers et les responsables pour qu’un séjour à l’hôpital se déroule dans de bonnes conditions? Comment peut-on développer une politique de gestion de qualité dans ce sens ? Pour répondre à ces questions nous avons contacté Ahmed Boudak, directeur des hôpitaux et des soins ambulatoires au ministère de la santé. «L’hygiène hospitalière et la sécurité patient ont été au cœur de toutes les stratégies du ministère de la santé. Ainsi le ministère a fait beaucoup d’efforts en matière d’hygiène hospitalière en réservant un budget important aux activités d’hygiène qui sont externalisées. En cette année 2017 le ministère a dédié un montant avoisinant les 200.000.000 DH aux hôpitaux y compris les CHU. En détail, nous avons réservé 1.200.000,00DH pour le nettoyage, 26.000.000 DH pour le blanchissage, 8.855.000 DH pour la désinfection et enfin 44 .179.148 DH pour les déchets médicaux». C’est pourquoi le concours qualité organisé par le ministère demeure une occasion d’évaluation des performances des hôpitaux sur la base des dimensions de qualité, dont l’examen des critères d’hygiène hospitalière et de la sécurité du patient en application de l’article 18 de loi 34-09, qui prévoit la mise en place d’une procédure d’accréditation des établissements de soins publics et privés.

Un contrôle est obligatoire pour surveiller les hôpitaux

Pour le suivi et la réalisation des actions, chaque hôpital est tenu conformément aux RIH (règlements intérieurs des hôpitaux) d’élaborer des rapports périodiques sur les actions de lutte contre les infections nosocomiales dans le cadre des activités du CLIN (Comité de lutte contre les infections nosocomiales). De plus, et dans le cadre de sa mission de contrôle, le ministère de la santé effectue des missions de supervision programmées ou inopinées, sanctionnées par des rapports qui sont soumis aux directeurs d’hôpitaux pour remédier éventuellement aux différents dysfonctionnements observés. Dans ce sens, M. Boudak souligne qu’«une enquête nationale de prévalence des infections nosocomiales a été réalisée en 2011 au niveau de 25 établissements hospitaliers et a révélé que la prévalence globale est de 5,4%». Il faut noter que cette même enquête a été réalisée par l’OMS dans 55 hôpitaux de 14 pays représentant quatre régions OMS (Europe, Méditerranée orientale, Asie du Sud-est et Pacifique occidental) et a montré qu’en moyenne 8,7% des patients hospitalisés étaient touchés par une infection nosocomiale. Les fréquences maximales ont été rapportées dans les hôpitaux des régions de la Méditerranée orientale et de l’Asie du Sud-est (11,8 et 10,0% respectivement), et la prévalence atteignait 7,7% en Europe et 9,0% dans le Pacifique occidental.

L’hygiène à l’hôpital, l’affaire de tous !

Pour le directeur des hôpitaux et des soins ambulatoires, la sensibilisation des usagers des hôpitaux est incontournable si on veut améliorer l’hygiène au niveau des hôpitaux qui accueillent plus de 40.000.000 de passages entre visiteurs et patients. Et leur respect à ces établissements sera d’une grande importance. A ce titre et conformément à l’arrêté du ministère de la santé N°456-11 du 6 juillet 2010 portant règlement intérieur des hôpitaux, le directeur de l’hôpital est tenu de veiller au respect des règles d’hygiène hospitalière et la sécurité du patient. Il est appelé à veiller au respect des règles d’hygiène et de propreté des locaux de l’hôpital par les usagers, le personnel et les visiteurs. Il prend, à cet effet, toutes les mesures de prévention et de sensibilisation nécessaires. De plus, la gestion et l’élimination des déchets médicaux et pharmaceutiques doivent s’effectuer conformément à la législation et à la réglementation en vigueur en la matière. C’est pour cette raison que le ministère travaille sur le concours qualité et l’accréditation hospitalière qui sont des outils qui régulent, entre autres, la dimension hygiène hospitalière. Le ministère prévoit aussi l’élaboration d’une stratégie et des plans régionaux de la gestion des déchets. Les actions qui en résultent touchent à la fois les aspects pratiques et organisationnels, les aspects réglementaires et les volets financiers.  Ces actions sont menées avec la même rigueur à la fois au niveau du réseau hospitalier et du réseau de soins de santé primaires.

Au sujet des aspects réglementaires et normes

L’hôpital a pour mission de dispenser des prestations de soins et les services de santé: prévention, diagnostic, soins et réadaptation, et ceci doit être effectué dans les conditions de sécurité et d’hygiène et en respectant les règles de l’art. Aussi l’amélioration de la qualité des soins est un processus continu dans l’espace et le temps, encadré par des procédures réglementaires et des conduites de bonnes pratiques actualisées au fur et à mesure que cela est nécessaire. Plusieurs textes et guides ont été élaborés dans ce sens pour ne citer que la circulaire n° 54 du 24 juillet 2008 relative à la constitution des instances de lutte contre les infections nosocomiales, la circulaire n° 97 du 20 novembre 2008 relative à la sécurité des patients dans les hôpitaux publics, l’implantation des neuf recommandations de l’OMS. En plus de la formation des équipes opérationnelles, notamment la formation technique des membres des équipes opérationnelles sur les bonnes pratiques de lutte contre les infections nosocomiales et les modalités de surveillance.

Ce qu’en pensent les femmes de ménage

«On ne peut pas empêcher les mauvaises odeurs. Nous sommes presque fatiguées de cette histoire d’odeurs désagréables dans les centres hospitaliers. Nous ne sommes pas les seules concernées par cette affaire d’hygiène. Et je tiens à vous dire que la mentalité des patients et des visiteurs joue également un rôle très important dans cette affaire d’hygiène», dévoile Khadija, femme de ménage dans un centre hospitalier à Casablanca. De son côté, sa collègue Amina réplique: «Et si vous faites allusion aux odeurs qui sortent des pavillons de maternité, sachez qu’on ne peut pas les chasser, car c’est une chose normale avec l’accouchement». C’est pourquoi toutes les stratégies élaborées dans ce sens ne peuvent aboutir sans une implication effective des usagers (patients, visiteurs, société civile, professionnels de santé…) qui doivent faire preuve de civisme et de comportement responsable par le respect des biens communs.

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