Société

Les jeunes, futurs électeurs ?

© D.R

L’un des combats de notre société aujourd’hui est la lutte contre la relégation – notamment de notre jeunesse – et les risques de ghettoïsation urbaine.
L’un de nos handicaps majeurs relève de la psychologie même de nos jeunes : notre système d’éducation, notre administration, notre cellule familiale parfois… ne leur ont guère enseigné – ou facilité – l’esprit d’initiative.
L’exemple de notre enseignement où l’on donne des pages et des pages « à apprendre par cœur » mais où l’on ne fait guère appel à la réflexion et à l’analyse, est à ce propos édifiant.
D’où la difficulté pour nos jeunes à s’impliquer, « prendre des risques » mais aussi à être acteurs, initiateurs… d’où également une frilosité, une sorte de paralysie durant la vie elle-même. Or justement l’heure est à la prise d’initiative, à l’engagement… A ce propos, il faut rendre hommage au travail de fourmis effectué par les jeunes militants associatifs de terrain, inexpérimentés, sans véritables moyens et qui abattent un ouvrage considérable de proximité, d’écoute, de tissage social, quand -dans un même temps- quelques «grandes associations nationales à thèmes», comme elles se définissent elles-mêmes, trustent sponsors et subventions. Indispensable à la marche et au progrès de notre pays, le mouvement associatif de terrain est en train d’accomplir un travail formidable d’éveil, d’éducation, de pédagogie. Cependant l’encadrement de la population revient également aux partis politiques et chacun des deux pôles, l’associatif et le politique, a son rôle à jouer. Ils ne peuvent ni ne doivent se confondre !
A ce sujet, un code de bonne conduite est à instaurer entre politiques et associatifs basé sur le respect de l’indépendance, de l’autonomie de chacun, le respect mutuel. La tentation peut exister chez certains membres de la société civile de prétendre remplacer les politiques, ils se leurrent ! Tout comme les politiques tentés par la récupération – sans vergogne-de jeunes associations, ou bien la création « d’associations-paravents », se fourvoient tout autant.
Arrêtons donc de confondre les rôles et les missions : les partis politiques sont indispensables à la démocratie, quitte à eux de faire leur (r)évolution interne, oublier leur nombrilisme autiste et se mettre concrètement au service des citoyens. Il est temps pour les politiques de « retrouver le chemin » des quartiers populaires –et pas seulement au moment des élections-, de renouer le dialogue avec la population –ce qui est aujourd’hui incompatible avec la distribution de billets de 100 dirhams-, et plus encore de trouver la voie des esprits de nos jeunes. Car nos jeunes ont de l’esprit, ils sont intelligents, ils ont une vision de ce qu’ils veulent pour leur avenir et contrairement aux idées reçues, ils s’intéressent à la Politique (avec un grand P). Les politiques doivent absolument revoir leur façon de «traiter» la jeunesse : la considérer comme infantile, manipulable, corruptible… n’est plus d’époque.
Si l’on veut que nos jeunes –demain- se transforment en électeurs, il faut pour cela les traiter en « futurs électeurs » : c’est-à-dire s’adresser à leur intelligence, leur proposer un programme, débattre avec eux, les traiter en responsables, ce qui signifie aussi leur permettre l’accès aux responsabilités.
Ne nous mentons pas à nous-mêmes, les partis politiques se sont vidés de leur jeunesse : on y discute et on s’y partage les postes entre « anciennes générations », même si –malgré les difficultés- certains quadras, tels par exemple Si Mohamed El Gahs, parviennent à émerger.
Il suffit aujourd’hui de poser la question à un groupe de jeunes pour se rendre compte que très peu nombreux sont ceux qui ont l’intention d’aller voter, pire : minoritaires sont ceux qui possèdent une carte d’électeur. Pourtant cette tendance peut être inversée : ainsi les associations sont dans leur rôle lorsqu’elles incitent les jeunes à s’inscrire sur les listes électorales, encore faut-il qu’ensuite partis politiques et candidats aux élections s’emploient à être crédibles, or que reprochent les jeunes aux élus aujourd’hui : leurs promesses non tenues, leur désintérêt pour la population une fois l’élection passée, voire ce que continue de charrier la «voix populi» : enrichissement, passe- droits… etc.
Justifiés ou non, même si toute généralisation est détestable, ces griefs entravent le nécessaire et démocratique débat entre les jeunes et les politiques, et l’indispensable confiance qui mènera nos jeunes aux urnes.
Il est actuellement indispensable de respecter et de valoriser l’engagement associatif des jeunes, ce serait les mépriser que de tenter de les phagocyter, récupérer leur parcours, détourner leurs objectifs pour de basses considérations politiciennes à courte vue.
Nos jeunes méritent mieux que cela, notre société politique également… or oserai-je dire ici que ces pratiques dépassées sont à nouveau en passe d’être ressuscitées dans certains quartiers.
Notre jeunesse est cependant en «attente de politique» : ils ont besoin d’entendre des programmes, de faire des choix, de débattre, de comparer des discours crédibles… Des échéances électorales importantes attendent notre pays, il serait dommageable que la jeunesse ne se s’en sente pas partie prenante.
Donnons-leur l’envie de participer, expliquons-leur la valeur de leur voix, montrons-leur à quel point dans bien des pays, toute une jeunesse espère cette possibilité, ce droit de voter.
Nos jeunes ne trouveront pas le chemin des urnes tous seuls, le parcours qui les y mènera doit être balisé de repères qui ont pour noms : crédibilité, compétence, respect, confiance, honnêteté. Nos jeunes seront les électeurs que nous mériterons.

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