Société

Les marchands de bonheur

Dans le temps, les gens avaient recours à la thérapeutique traditionnelle pour guérir une maladie, soulager des souffrances ou conjurer le mauvais sort. L’ignorance et le fait que la médecine battait de l’aile ont permis la floraison d’un climat favorable à ces pratiques. Celles-ci peuvent être définies comme l’ensemble de toutes les connaissances, techniques de préparation et d’utilisation des substances naturelles. Elles se fondent sur un substrat socioculturel et religieux, véhiculé de génération en génération, oralement ou par écrit et qui sert à diagnostiquer, prévenir ou éliminer un déséquilibre du bien-être physique, mental, social ou spirituel.
Les praticiens de la thérapeutique traditionnelle sont également ceux qui prétendent détenir un pouvoir magique qu’ils ont hérité de leurs aïeux, « la baraka ». Ainsi, diagnostiquer, pratiquer des soins ou des activités, selon des techniques et des méthodes se référant aux fondements socioculturels, indigènes et concourant à la bonne marche et au bien-être physique, mental, social et spirituel des patients, étaient des attributions des «chorfa».
Dans le premier cas, le guérisseur se base sur des connaissances des plantes médicinales. Il diagnostique comme bon lui semble, définit l’origine du mal et indique les médicaments, qu’il fabrique lui-même à partir d’un mélange de produits issus des plantes médicinales, à prendre et les doses qu’il faut respecter. Pour chaque maladie, on trouve chez lui le «remède». Cette pratique, qui n’a aucun lien avec la médecine naturelle, est renforcée par les techniques du guérisseur. Généralement c’est quelqu’un qui excelle dans le discours. En cas de complications, il impute le malheur du patient à une mauvaise utilisation des «médicaments» ou au non-respect des doses prescrites, etc. L’ignorance, et l’absence du contrôle aidant, il s’en sort souvent avec un pouvoir renforcé.
Et dans certains cas, la technique lui permet de prolonger le traitement du patient. C’est dire des bénéfices complémentaires.
Dans le cas des guérisseurs ayant « hérité » un pouvoir magique, il faut dire qu’ils prétendent être des «marchands de bonheur». Ils interviennent pratiquement dans tous les cas. Conjurer un sort pour une fille ayant tardé à se marier, un commerce qui ne marche pas bien, une fonction marquée de problèmes, exorciser les diables, annuler un mauvais sort, etc. Le Coran est souvent mis en action pour ces pratiques. Mais, il y a également d’autres moyens auxquels ils font appel pour induire en erreur les patients. Là uniquement la visite est payante. Après, il faut suivre à la lettre les consignes du « chrif ». « Il faut passer une nuit à Bouya Omar, y apporter un poulet de couleur noire, et revenir dans une semaine », leur recommande-t-il. Le pauvre patient applique strictement les conseils de son « guérisseur ».
Et si, par hasard, le mal est chassé, préparation psychique aidant, l’événement fait des échos au douar et chez tous les proches du malade. Une belle publicité pour le « chrif » qui lui ramène indubitablement d’autres victimes. Certains de ces guérisseurs ont poussé le bouchon plus loin, en exploitant ces techniques pour de grandes escroqueries. Ils visent des individus aisés matériellement et leur font croire qu’il y a un trésor, « kenz » dans tel endroit, souvent à l’intérieur de leur demeure. Et pour l’extraire, il faut ceci et cela, généralement des plantes introuvables, et qu’il faut recommander de l’Asie ou de l’Amérique latine.
Une fois le marché conclu, le guérisseur disparaît dans la nature. Il faut dire qu’il n’existe pas de marchands de bonheur. Mais il existe des gens qui croient au bonheur. Ce sont ces gens qui font eux-mêmes leur bonheur et non pas par l’intermédiaire des ces manoeuvres qui relèvent de la sorcellerie.

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