Société

Les Marocains de Montréal: Le Québec oui, mais pas en hiver !

© D.R

D’une durée de cinq mois environ, l’hiver au Canada est un élément marquant de la vie dans le pays de l’érable. Sa rudesse et son intensité avec des températures bien en-dessous du zéro pouvant atteindre -40° ressentis voire parfois -50°, fait que c’est ce qu’appréhende le plus le Marocain quand il débarque au Québec.

Il a beau être prévenu du froid polaire qui l’attend en hiver au Canada, il ne réalise vraiment combien le climat est rigoureux et pénible en cette saison qu’une fois sur place. Les premiers jours, l’immigrant est un peu excité de voir autant de neige, mais très vite il trouve l’hiver difficile et long.

Les plus anciens sur place comptent souvent leur vécu canadien en nombre d’hivers passés sur les lieux. «Cela fait 14 hivers que je vis ici», raconte Fatima, une jeune quadra qui a immigré en famille au Québec. A la question : est-ce que le Québec lui plaît? Elle répond: «Oui, mais pas en hiver!» Cette période de l’année est ainsi le moment où l’immigré ressent le plus le mal du pays et rêve à des lendemains plus ensoleillés en se demandant parfois ce qu’il fait là. Le plus dur pour la plupart, c’est se déplacer.

Les déneigements à vitesse variable d’un quartier à un autre, notamment cette année, ont causé de nombreux désagréments à la population. Avec des trottoirs enveloppés de glace, donc glissants, personne n’est à l’abri d’une chute. Et ce malgré de bonnes chaussures. «Quoi que vous fassiez vous allez tomber !», avise en riant Abderrahim Khouibaba, président de la Chambre de commerce et d’industrie Al Maghreb au Canada.

En effet, le nombre de réclamations liées aux conditions hivernales en atteste. Selon une source sure, depuis 2009 la ville de Montréal a dû débourser près de 900.000 $ pour dédommager les citoyens qui ont fait des chutes sur les trottoirs gelés. Cette année avec de gros problèmes de déneigement à travers la ville, il faut s’attendre aussi à de nombreuses demandes d’indemnisation. Pour le citoyen, l’hiver est aussi synonyme de grosses dépenses.

Et le nouvel arrivant comprend très vite (il suffit d’une sortie), que ni le manteau, ni les chaussures rapportés du Maroc ne feront l’affaire. Les activités dehors nécessitent en effet des habillements adéquats vendus sur place, conçus pour protéger des baisses de températures allant jusqu’à -20° et même -30°.

Nul besoin donc de mettre plusieurs pulls, un seul plus un manteau suffisent souvent. Mais pas question de faire une parade de mode, il faut penser pratique.  Ce sont en fait des éléments que le nouvel arrivant assimile très vite dès son premier hiver. Mais ce n’est pas tout. L’hiver engendre d’autres dépenses telles que des charges d’électricité qui peuvent fortement doubler voire tripler en cette période comparativement à une autre saison.

A l’origine de cette situation, le faible usage du chauffage collectif au Québec et la consommation d’électricité, principal moyen d’énergie utilisé dans le pays. Il y a aussi, pour ceux qui disposent d’un véhicule, l’obligation d’équiper l’auto de pneus d’hiver avant le 15 décembre.

Et à ce niveau aussi ce sont de gros frais à débourser au minimum tous les quatre ans en raison de la durée de vie de l’équipement qu’il faut changer obligatoirement après cette période, sinon c’est l’amende garantie et l’accident assuré à tout moment. Et ce en raison des chaussées glissantes malgré toutes les mesures de déglaçage des routes mises en œuvre par la ville. Outre les pneus d’hiver, une voiture stationnée dans la rue en hiver durant la nuit nécessite un abri sinon il faut s’attendre à gratter et déblayer la neige le matin qui recouvre le véhicule avant de pouvoir s’y introduire.

Cela prend en moyenne 15 à 20 mn avant de pouvoir démarrer la voiture qui, bien sûr, ne réagit pas toujours du premier coup. Pour se faciliter la vie dès la fin de l’automne, nombre de Québécois mettent en place un abri temporaire devant leur maison pour profiter d’un emplacement de stationnement sans avoir à déneiger tous les matins leur entrée de garage. Mais l’hiver au Québec n’est fort heureusement pas uniquement synonyme de froid intense et de tracas, il y a aussi les plaisirs d’hiver. «Un vrai canadien aime vivre son hiver malgré sa rudesse», souligne Khouibaba.

La politique touristique locale met en avant au cours de cette période les stations de ski et les patinoires. Il y a aussi des sites dédiés à la pratique de la raquette à neige qui permet de marcher sur des couches épaisses de neige molle. Ce sport est particulièrement apprécié par les coureurs et les randonneurs. Les activités en fait lors de cette période ne manquent pas et génèrent de grosses retombées économiques. A elle seule, l’industrie du ski au Québec dépasserait 200 millions de dollars annuellement.

Il y a donc fort à faire pour ceux qui sortent malgré le  grand froid. Les Marocains immigrants ne vivent pas cependant l’hiver comme les canadiens. Les sports d’hiver ne font pas véritablement partie de notre culture. Beaucoup d’immigrés subissent l’hiver au lieu de le vivre et attendent que cela passe. Les plus chanceux et qui disposent de moyens financiers optent parfois pour une semaine à Cuba en hiver pour se réchauffer et prendre un peu de soleil.

La destination reste en effet plus proche que le Maroc et le voyage en all inclusive est aussi moins coûteux au départ du Canada.

 

Par: Malika Alami
        Montréal

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