Société

Les PME en quête d’un nouveau leadership

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Que pensent les PME de leurs dirigeants ? Convaincus que  le leadership n’existe que dans et par le groupe, nous avons jugé opportun d’adresser un questionnaire résumant la question à un échantillon raisonné de 417 cadres opérant sur l’axe Casa-Rabat-Kénitra, tous secteurs confondus. C’est dans une perspective de changement auquelle sont soumises les PME que l’Observatoire du groupe HECI a mené cette étude en vue de comprendre le comportement organisationnel des dirigeants et leurs aptitudes à relever les défis de la mondialisation et du développement humain. Les résultats de l’enquête de l’observatoire de l’entreprise fait ressortir une nette évolution du profil du dirigeant sur les diverses facettes du comportement. Néanmoins, celle-ci demeure insuffisante et manque de cohérence pour entraîner un changement d’envergure et transformer lesdites contraintes en de réelles opportunités. L’entreprise est, certes, un espace de production des biens et services.  Mais elle est davantage un lieu où se forgent les valeurs, le civisme, l’intégrité et la citoyenneté, marquant ainsi un nouveau rapport entre le social et l’économique. Si, toutefois, les patrons en donnent l’exemple…
Les entreprises sont responsables du développement humain et sociétal. La responsabilité sociale de l’entreprise vient au sommet de la hiérarchie des stratégies qu’elle développe. La majorité de nos entreprises sont des PME dont le capital se confond avec la personne dirigeante. Une position dominante qui confère à nos leaders une opportunité de contribuer à la dynamique du développement humain et sociétal, si toutefois leur leadership épouse la bonne tendance. Une tendance mondiale qui positionne un nouveau style de leadership appelant pour plus de pouvoirs, plus d’informations, plus de connaissances et plus de motivations dans nos entreprises. Un leadership efficace est tributaire de la capacité du leader à communiquer efficacement, à gérer une équipe et à intégrer l’environnement international dans sa stratégie d’affaires.
Les patrons mieux instruits et pourtant… 
Si l’on en  juge par le faible niveau de performance de nos entreprises dans une perspective de concurrence internationale, tout laisse à croire que nos leaders sont appelés à adopter un nouveau style de comportement organisationnel. En effet, les partons des PME ont majoritairement un Bac +5 (55% des cadres interrogés). Il n’en demeure pas moins que dans un contexte d’affaires en perpétuels changements, ils étaient 45% à confirmer la non- participation de leurs patrons à des sessions de formation continue. Il va de l’intérêt du dirigeant de s’imprégner des nouvelles pratiques en management et les décliner en un véritable coach à son personnel. Par ailleurs, les patrons semblent soucieux de préserver un climat social sans trop de tumultes. D’ailleurs, 70,5% des cadres estiment entretenir de bonnes relations avec leurs patrons qui se montrent, à leur tour, très réceptifs à l’égard des idées de leurs collaborateurs (78% des répondants). En matière de résolution de conflits, les patrons se montrent de plus en plus convaincants (52%) malgré la dominance des leviers traditionnels de l’autorité et du charisme (48%). Certainement parce qu’on commence à comprendre que l’engagement de cette nouvelle génération de cadres, qui,  de par la nature de sa formation, ne peut être suscitée, maintenue et entretenue que par la raison et la communication et en aucun cas sous l’effet des ordres.
Les patrons commencent à déléguer
Le leadership ne veut pas dire individualisme. Encore moins un exercice de l’autorité. Il s’agit bel et bien d’un acte de séduction qui puise dans les relations humaines. La délégation de pouvoir de décider est l’une des formes les plus avancées du leadership dans les organisations. Sur ce registre, ce sont 52% des cadres qui disent assumer pleinement la responsabilité de décider sans se référer à leurs patrons. Il s’agit d’une tendance rassurante surtout qu’il a été prouvé que le style participatif en management favorise la créativité et l’innovation dans une économie du savoir appelant à la création quasi permanente de la valeur ajoutée Cependant, une grande proportion des cadres, 48 %, ne participe aucunement à la prise de décisions. Une tendance qui conforte la prédominance du caractère patriarcal du management dans nos PME. Pour cause, selon 45 % des cadres interrogés, leurs patrons n’accordent pas le droit à l’erreur ou ne veulent pas céder une partie de leur pouvoir (40%)
Le pouvoir de décisions est également sensible au secteur d’activité. Les secteurs de la vente et les services, pour 39 et 38 % respectivement, ont tendance à favoriser un style de management participatif contre un management directif dans le secteur industriel (19%).
Performance en deçà des attentes
Une stratégie gagnante est l’affaire d’un leader. Derrière chaque produit bien vendu et massivement acheté par les clients réside un leader. Dans un contexte de globalisation, le leadership est en route d’être globalisé. Donc la performance d’une entreprise ne peut être dissociée du leadership qui y est pratiqué. 52% des cadres disent ne pas être sensibilisés par leurs patrons aux enjeux de la globalisation.
Une proportion assez inquiétante avec l’avènement des impératifs d’ouverture des marchés et des engagements pris par le gouvernement eu égard aux accords de libre-échange avec un grand nombre de pays dont les Etats-Unis d’Amérique. Le comportement entrepreneurial est une autre facette du leadership. Ainsi, une bonne partie des partons (45%) adopte un comportement défensif et conformiste contre une majorité qui se montre beaucoup plus offensive et innovante (54%). D’ailleurs, une grande majorité des cadres interrogés (plus de 47%) estime naviguer à vue sans indicateur de positionnement par rapport à la concurrence. Une tendance qui met en exergue l’importance de la recherche appliquée dans toute activité de développement économique des PME dans un contexte de concurrence mondialisée.
Quel rôle pour les associations professionnelles ?
Développer son style de leadership est aussi important que négocier des moyens logistiques et financiers pour assurer le développement de son entreprise. Il n’en demeure pas moins que relever ce défi comportemental n’est pas à la portée de tous les dirigeants.
D’où l’importance des associations professionnelles appelées à adopter des actions marketing pour vendre à leurs adhérents l’intérêt du changement comportemental et son impact sur le développement de leurs entreprises. L’environnement des affaires des PME affiche des signes favorables.
Notons à se sujet  l’autonomie de la Fédération des PME/PMI, «Initiatives Emploi», l’INDH, l’entrée en vigueur de la convention du libre- échange avec les Etats unis et la Turquie.  Autant de facteurs favorables à même d’injecter une nouvelle dynamique de leadership dans le management de nos PME.

• Par Saïd Benamar
Consultant chercheur en GRH et comportement organisationnel

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