Société

Les prisons toujours aussi problématiques

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Mohamed Abdellah, Hassan El Akkouri, Driss Fahchoun, Mohamed El Hamdaoui, Ibrahim Ikbal. Ce sont quelques noms de détenus dont l’Observatoire marocain des prisons (OMP) a recueilli les plaintes en vue d’une assistance. De mai à septembre 2006, une cinquante de détenus ont eu recours à l’OMP pour dénoncer des violences physiques et psychologiques, des vols, l’absence de prise en charge médicale, le transfert continu, l’interdiction de recevoir des visites ou encore pour demander l’inscription à la liste des bénéficiaires de la grâce… Les dénonciations sont innombrables, mais le motif est le même : conditions de détention inhumaines. Le rapport 2005 de l’OMP présenté, jeudi soir à Rabat, n’enregistre aucune amélioration au profit du monde carcéral.
Nos prisons semblent, au contraire, s’enliser encore plus dans la promiscuité faisant des détenus des sous-hommes. Première cause de ce calvaire : la surpopulation. 59 établissements pénitentiaires pour…79.571 détenus! Au 31 décembre 2005, 50.933 personnes étaient détenues dans les prisons, dont 1227 femmes, parmi lesquelles 16 étaient enceintes. D’après le rapport de l’OMP, plus de la moitié de ces détenus, soit 26.636 au total, n’étaient que de simples prévenus. Alors que 24.297 autres purgeaient leur peine. Le nombre des mineurs, lui, se chiffre à 7.106 et celui des enfants accompagnant leurs mères incarcérées à 54.
La population carcérale augmente mais pas la capacité d’hébergement des prisons. Le rapport de l’OMP souligne que malgré l’ouverture de quatre nouvelles prisons en 2005 à Azilal, Chefchaouen,  Bouarfa et Rommani, la surpopulation s’est aggravée. Une situation qualifiée de dramatique dans certaines prisons comme celle d’Inzeggan où 1’on compte 1401 détenus pour une capacité de 321 personnes seulement ou encore celle d’Al Hoceïma où 604 détenus se partagent un espace pour juste 84 personnes. «Dans ces conditions, des prisonniers sont contraints d’utiliser  les toilettes comme dortoirs», s’indignent les membres de l’OMP.
Logique de cause à effet : l’hygiène n’est plus de rigueur dans les prisons. Accès limité aux douches, parfois sans eau chaude, couvertures usagées, peu de travaux d’entretien ménager, alimentation insuffisante en raison de la baisse du budget en 2005 et une atmosphère imprégnée d’odeurs de sueurs, de tabac, des ordures. Voilà ce qui fait le quotidien des détenus qui en souffrent sur tous les plans, à commencer par leur état de santé. L’OMP souligne que 737 cas de tuberculose ont été dépistés en 2005. Les consultations médicales dépassent, quant à elles, les 276.000, alors le budget alloué à l’achat de médicaments se limite à 400.000DH, soit un peu plus d’un dirham par consultation. Lorsque s’ajoutent à tout ceci la torture et les mauvais traitements (3366 détenus jetés dans des recours au cachots en 2005), la prison se transforme en un véritable enfer face auquel l’OMP s’insurge et recommande encore une fois d’y remédier. Il a lancé un appel pour l’augmentation des budgets des établissements pénitentiaires, la promotion des peines alternatives (non privatives de liberté) et de peines assorties de sursis, la mise en œuvre de commissions de surveillance des prisons et la facilitation du travail des ONG afin d’accomplir leur missions. «La prison, a rappelé l’OMP, doit revenir à sa nature de protéger le citoyen et non être un moyen de le punir».

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