Société

Les raisons d’une grogne

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Entre le ministère de la Santé et les centrales syndicales liées au secteur, la rupture semble désormais totale. Les dernières réunions en date, celles du lundi et du mardi derniers, n’ayant abouti qu’à peu, ou pas, d’accords, le mot d’ordre reste, et comme prévu, la grève. Une grève entamée, hier mercredi, et qui se prolonge ce jeudi. Le sit-in prévu devant le siège du ministère de la Santé a, lui, été annulé. La grève n’en concerne pas moins tous les services des établissements hospitaliers relevant de la Santé publique, exception faite des services d’urgences, de réanimation et de soins intensifs.
Les propositions du gouvernement, représenté dans ces négociations par le ministre de tutelle, Mohamed Cheikh Biadillah et le représentant du Premier ministre, Mohamed Ibrahimi, n’ont pas été satisfaisantes. La tension sociale dans le secteur, vieille de déjà plusieurs mois, est donc toujours de mise.
Et pour cause, le ministère a été loin d’apporter des réponses concrètes au cahier revendicatif présenté par les cinq centrales syndicales qui sont le Syndicat national de la Santé publique (SNSP-CDT), le Syndicat national de la Santé (SNS-FDT), la Fédération nationale de la Santé (FNS-UMT) et les deux syndicats de la Santé relevant de l’Union générale des Travailleurs du Maroc (UGTM) et de l’Union nationale du Travail au Maroc (UNTM).
Le gouvernement s’est, certes, montré disposé à discuter de plusieurs points, allant des primes de risques au mouvement du personnel de la Santé publique, en passant par l’indemnité sur les risques et la responsabilité. Mais il n’a pas voulu s’engager sur le dossier des médecins et le projet de refonte de leur statut, avec les promotions que cela implique. Le représentant du Premier ministre, Mohamed Ibrahimi, a été ferme à ce niveau : «Le gouvernement ne pourra présenter aucune réponse, à propos du dossier des médecins avant son examen ».
« Tout ce que nous avons demandé, c’était que le gouvernement avance une date où cette question doit être discutée. Mais nous n’avons rien obtenu », nous a déclaré Mohamed Ouardi, secrétaire général de la Fédération nationale de la Santé (FNS-UMT). Pour lui, la santé est un tout indivisible. « Ecarter une partie du personnel de la Santé reviendrait à briser la cohérence de toutes nos revendications», explique M. Ouardi. D’où le maintien de la grève. D’autant que les centrales en question avaient déjà, et à plusieurs reprises, suspendu des grèves annoncées.
Pour Dr. Abdelkader Tarfai, secrétaire général de la Fédération nationale du secteur de la Santé (FNSS-UNTM), le refus du gouvernement de fixer une date où la question des médecins serait discutée s’explique par une double cause : la première est pécuniaire, le gouvernement étant obligé de mettre la main à la poche.
La deuxième est liée au temps. Des négociations à ce sujet risquent de durer indéfiniment. «De notre part, nous considérons que ce volet est prioritaire. Il concerne toute une catégorie du personnel de la santé au Maroc, au même titre que les infirmiers dont on revendique une révision du statut», a déclaré M. Tarfai à ALM. Apporter des réponses à des revendications aussi partielles que la question des indemnités de garde revient, pour lui, «à apporter des réponses partielles, en omettant, pour encore quelques années, les questions les plus importantes ».
En l’absence d’un climat de paix sociale, il semble désormais difficile de faire de 2005, et comme l’avait promis le ministre de la Santé, l’année de la mise à niveau du secteur. De l’avis de Mustapha Chennaoui, secrétaire général par intérim du SNSP et coordinateur du secrétariat national des médecins, cité par la MAP, ce ne sera pas fait tant que le ministère, jugé indifférent, n’a pas pris ses responsabilités à l’égard de la situation financière des médecins, sans oublier des autres catégories.
Le plus paradoxal, c’est que la grève coïncide avec la signature de la charte de mise en oeuvre du code de couverture médicale de base. Mais le secteur de la Santé est-il qualifié pour une application efficiente de ce code ? En attendant, les problèmes dont souffre le secteur ne font que s’amplifier, des conditions financière et morale des médecins, à la migration des cadres médicaux du secteur public au secteur privé et à l’étranger, en passant par l’insuffisance chronique en effectifs infirmiers, ainsi que la mauvaise gestion des hôpitaux, rares au Maroc.

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