Société

Les ravages d’Ebola continuent

Plus personne ne veut s’approcher de ce chauffeur mécanicien de 36 ans, auparavant apprécié des habitants de la petite ville de Mékambo (600 km à l’est de Libreville) qui le surnommaient affectueusement «John». Apparue fin octobre dans un village voisin, l’épidémie de fièvre Ebola menace maintenant cette localité isolée du nord-est du Gabon depuis que sa soeur, Béatrice, infirmière au centre médical local, a été contaminée par l’un des villageois atteints. Après avoir assisté à l’agonie de Béatrice, puis de sa mère, Rose, John a enterré lundi la fille de sa soeur, Eyang, 12e victime de la redoutable fièvre hémorragique qui se caractérise dans sa phase ultime par des diarrhées et des vomissements sanguinolents. Accompagné de quelques proches vêtus de blouses de chirurgiens, de masques et de gants, il a pu récupérer le corps de sa nièce de 14 ans, enveloppé dans un sac en plastique blanc, à l’entrée du pavillon d’isolement du centre médical de Mékambo mis en place la veille par le service de santé de l’armée. Sous le regard de médecins-militaires, aux visages protégés par des lunettes protectrices et des combinaisons de plastique intégrales, les sept hommes déposeront à l’aide de cordes en lianes improvisées le cadavre de l’enfant au fond d’un trou profond creusé pour l’occasion. Ce père de cinq enfants s’interroge sur son avenir, angoissé par l’absence d’informations de la part des services du ministère de la santé, qui lui ont en revanche demandé de « ne pas parler aux journalistes ». Comme beaucoup à Mékambo, il s’interroge sur le mutisme ambiant des autorités et des « experts », dénonçant surtout le manque d’informations sur les nécessaires mesures de précaution et sur les chances d’échapper à la maladie. «Jusqu’à aujourd’hui, on ne m’a jamais dit que c’était Ebola», assure-t-il, expliquant n’en avoir été informé que samedi grâce à l’indiscrétion d’une infirmière, alors que le gouvernement avait annoncé l’existence du redoutable virus le 11 décembre, à la suite d’analyses post mortem effectuées sur sa soeur et un villageois. Des précautions, « à titre préventif », données par le service médical régional qui avait suivi Béatrice, décédée le 3 décembre, l’ont heureusement dissuadé de laver les corps de sa soeur et de sa mère, et de les veiller une nuit entière, comme le veut la tradition. Considéré désormais comme une « personne contact » en raison de sa proximité avec les cadavres -hautement contagieux- de ses proches, il attend maintenant les résultats des prélèvements effectués dans la journée sur sa personne par des experts. Si les analyses s’avèrent positives, John devra être placé dans le pavillon d’isolement de Mékambo, dans l’espoir ténu de survivre à cette peste équatoriale.

• Frédéric Jeammes (AFP)

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