Société

Les scorpions attaquent

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La situation épidémiologique des piqûres de scorpions au Maroc est très préoccupante. Grand problème de santé publique, l’envenimation scorpionique continue effectivement de menacer la population de certaines régions du Sud du Royaume. Plus de 24.000 cas de piqûres de scorpions ont été enregistrés en 2004 au niveau national, indique un rapport du Centre anti-poison et de pharmacovigilance du Maroc (CAPM). Les enfants, âgés de moins de 15 ans, représentent chaque année 30 % de la population piquée. La mortalité par piqûre scorpionique touche essentiellement les enfants. Les cas de décès chez cette population vulnérable varie entre 80 et 90 cas par an. Par ailleurs, le risque d’envenimation scorpionique est présent un peu partout sur le territoire national mais les régions les plus frappées par ce phénomène sont essentiellement celles situées entre l’océan Atlantique et les montagnes de l’Atlas. Ainsi, 53 provinces appartenant à 16 régions en souffrent. Les provinces qui connaissant le plus grand nombre de décès sont Marrakech -Tensift-Al Haouz (31) et Doukala-Abda (26). Le taux d’envenimation diffère d’une région à l’autre. En effet, ce taux est de 21% à Doukala Abda,  de 10% dans la région de Marrakech-Tensift Haouz et à Tadla Azilal, de 9% à Chaouia-Ourdigha, 8 % à Fès-Boulemane, alors qu’il est de 0% dans la région du Grand Casablanca, dans celle de Oued Eddahab et Laâyoune-Boujdour. « Cette différence est due à la variabilité de la venimosité des espèces scorpioniques selon les régions. Il existe des scorpions venimeux et d’autres qui ne le sont pas», explique Dr Ilham Semlali, responsable du département de toxicovigilance au CAPM.
En outre, le taux de létalité reste très inquiétant dans certaines régions  telles que Doukala Abda (16,7%) et Marrakech-Tensift-Haouz (4,2%) alors qu’il est nul dans les régions du Nord du pays (Tanger-Téouan, Rabat-Salé-Zemmour-Zaër). Ce taux par envenimation au niveau de la région des Doukala Abda reste estimé à 7,8%. A la province Del Jadida, il est de 19%, ce qui fait que presque le cinquième de la population envenimée meurt. Les provinces de Taounate et de Figuig enregistrent un taux de létalité très fort malgré le faible nombre de patients envenimés. « Cette situation est due à une insuffisance de prise en charge des victimes de piqûres de scorpions dans ces régions.», indique Dr Ilham Semlali.  L’absence des réanimateurs et des médicaments nécessaires est également mise en cause. En effet, les délégations se plaignent souvent de l’absence des médicaments et du matériel de réanimation ainsi que du manque de personnel formé dans le domaine de la réanimation et des soins intensifs. Cependant, il convient de noter que depuis la mise en place de la stratégie nationale visant à réduire le nombre des cas de morsures de scorpions et à diminuer les cas de décès qui y sont liés, en particulier chez les enfants, le taux de létalité général s’est amélioré, passant de 15,4 à 6,3‰ en 2001 puis à 3,6 ‰ en 2004. Malgré ces résultats positifs, la situation reste préoccupante vu le nombre élevé de décès notamment chez les enfants de moins de 15 ans. « Pour déceler les dysfonctionnements de la prise en charge thérapeutique des patients envenimés, l’approche d’audit clinique de décès par envenimation scorpionique s’est avérée indispensable », souligne Dr Semlali. Ce système a été mis en place dans un premier temps à titre-pilote dans l’hôpital Essalama de la province d’El Kelâa Des Sraghna. Les résultats de cette première expérience seront à l’ordre du jour lors d’une réunion nationale, qui se tiendra le 30 juin au siège du Centre anti-poison marocain à Rabat. Les médecins experts nationaux des différents CHU du Royaume ainsi qu’un expert international dans la prise en charge thérapeutique des envenimations scorpioniques débattront des questions concernant les dysfonctionnements de la prise en charge des patients hospitalisés pour une envenimation scorpionique. Cette rencontre a pour objectif de soulever les questions sur les connaissances scientifiques actuelles diversifiées en matière de conduite à tenir devant l’envenimation scorpionique. Et ceci de mettre à jour et valider la conduite du CAPM. La démarche d’audit clinique sera par la suite généralisée sur tout le territoire national en vue d’améliorer la prise en charge des patients envenimés.

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