Société

Les volte-face de Nadia Yassine

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C’est sous le fanion d’une agence de presse étrangère (AFP) que Nadia Yassine, fille du guide suprême de l’association Al Adl Wal Ihssan (Justice et bienfaisance), Cheikh AbdessalemYassine, a décidé de livrer ses nouvelles reflexions sur le nouveau Code de la famille. Le nouveau texte, dit-elle, est «un code démagogique déconnecté de la réalité marocaine».
Une position on ne peut plus nouvelle qui traduit en fait le désarroi et la légèreté intellectuelle de certains acteurs du champ politique marocain, qui ne se gênent nullement de dire à la fois une chose et son contraire, et de changer de discours selon les circonstances et les interlocuteurs.
Amnésie politique ou tactique politicienne ? Là n’est pas la question, car devant la banalisation de l’action, certaines personnes osent dire tout ce qui leur arrive à l’esprit, sans filtrage préalable ni cohérence ou lucidité d’esprit. En voici les preuves : Le 12 octobre 2003, soit deux jours après l’annonce par SM le Roi, à l’occasion de l’ouverture du Parlement, des grandes lignes du projet de ce nouveau Code, Nadia Yassine s’est dit, dans un entretien qu’elle nous a accordé, «contente de voir que, malgré tout, nous arrivons à convaincre sur notre cause» et que «les réformes annoncées (…) prouvent qu’il fallait juste une nouvelle lecture des textes pour que l’on puisse changer beaucoup de choses en ce qui concerne le statut de la femme. Et d’ajouter dans cet élan que «toutes les nouvelles réformes sont le résultat d’une lecture plus approfondie et moderne des textes de la Charia». Une position qui a été vite explicitée par une précision de taille annoncée sous forme de rappel en tenant à préciser que «c’est ce message que nous avons voulu passer lors de la marche que nous avions organisé le 12 mars 2000 à Casablanca où nous avions marqué notre position quant aux réformes de la Moudawana en partant des principes de l’Islam». Et de conclure en fin de compte que «les réformes ont été positives». Mais, tout en formulant son scepticisme «quant à l’application du nouveau texte et nous pensons qu’il doit être accompagné de mesures administratives et de moyens matériels et humains pour qu’il puisse être appliqué dans le respect total de sa lettre».
Trois mois plus tard, le 12 janvier, la même Nadia, revient dans de nouvelles révélations qu’elle nous a faites, sur le même sujet, mais sous un angle nouveau en annonçant que sa «position a toujours été très claire», qu’elle n’a «rien contre l’Ijtihad», et qu’elle salue «toute initiative dans ce sens». Mais, contrairement à ses propos précédents, elle a estimé cette fois que «ces réformes ont été élaborées afin de répondre aux attentes internationales et celles du mouvement féministe national plutôt que dans le but de procéder à un changement réel de la situation de la femme. Faisant ainsi table rase sur tout le débat qui accompagné le processus d’adoption de ce projet, à commencer par la première version annoncée dans le cadre du Plan d’intégration de la femme au développement, en passant par les tractations qui ont caractérisé l’action de la Commission de consultation royale chargée de la révision de la Moudawana, et jusqu’à son aboutissement final devant le Parlement. Et d’affirmer, comme si elle voulait se rattraper et rejoindre le sens de la vague que «le seul point positif dans ce projet c’est qu’il a démontré que l’Islam a beaucoup de ressources». Une vérité qui ne veut rien dire en fait, puisque tous ceux (ou celles) qui ont participé à l’élaboration du nouveau Code de la famille sont musulmans et croient fermement à l’Islam.

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