Société

L’escroc n’a pas tout prévu

Chambre correctionnelle près le tribunal de première instance de Kasbat Tadla. Le président du tribunal entre dans la salle d’audience suivi de ses deux assesseurs, du substitut du procureur du Roi et du greffier. Comme à l’accoutumée, après l’annonce de la cour par l’agent du tribunal, l’assistance se lève, avant de se rasseoir sur un signe du président du tribunal. Ce dernier jette un oeil sur les dossiers classés devant lui, les feuillette avant d’en prendre un, qui semble le plus important des dossiers programmés pour cette audience du jeudi 29 mai. Le suspect est un enseignant poursuivi en état d’arrestation pour falsification en écritures et usage de faux. Quant le président l’appelle à la barre, il se lève du banc des accusés et s’avance à pas lents. La plaignante est une femme encore à la fleur d’âge. Après y avoir été autorisée par le magistrat, elle s’avance à la barre, suivie de son petit enfant. C’est elle qui a porté plainte contre cet homme. Elle est à l’origine de son arrestation. Et c’est encore elle qui brisera sa carrière professionnelle s’il était condamné à une peine d’emprisonnement. Il y a quelques années, M.S. était l’épouse de cet homme, l’enfant de sept printemps qui l’accompagne est leur fils. Et les voilà aujourd’hui devant le tribunal. Ce n’est pas la première fois depuis leur répudiation. Seulement cette fois-ci la poursuite diffère. Pour quelle raison? Quand ils ont divorcé, M.S a pris son unique enfant et a rejoint le foyer paternel. Alors que son ex-époux est resté chez lui sans ignorant son enfant. Sans profession, M.S lui réclame une pension alimentaire qu’il refuse de la lui verser. Les mois passent et les montants de la pension alimentaire s’accumulent au point qu’ils atteignent un montant exorbitant que l’enseignant ne peut pas honorer. Son ex-femme dépose plainte. Le voilà piégé. Et la solution ? C’est ce qui lui a hanté l’esprit durant des semaines avant d’arriver à échafauder un plan qui lui permettra de s’en sortire. Prétendant à son ex-femme qu’il souhaite arriver à une solution à l’amiable, il l’invite à prendre un café. Profitant de sa courte absence -elle s’est rendue aux toilettes -, il a ouvert son sac à main et lui a subtilisé sa carte d’identité nationale. Une fois qu’elle est revenue, il a prétexté l’énervement pour lui demander de s’en aller. Ce faisant, il a réussi la première phase de son plan. La deuxième phase consistait à faire appel à une jeune femme de sa connaissance et de lui demander de signer trois documents attestant que son ex-femme avait reçu respectivement des sommes de 50.000, 90.000 et 40.000 dirhams, c’est-à-dire une somme globale de l’ordre de 180.000 dirhams, et qu’en contrepartie elle retirait sa plainte. La troisième et dernière phase aura eu lieu le jour de l’examen de son dossier concernant la pension alimentaire. Lors de cette audience, son ex-femme fut surprise par les trois documents que l’enseignant vient de délivrer au tribunal. Qui lui a donné ces documents ? Ce n’est pas elle. Et pourtant ils portent le numéro de sa CIN. C’est alors qu’elle se souvient que carte d’identité nationale a disparu depuis le jour de leur rencontre au café. Elle affirme au tribunal qu’elle n’a jamais reçu le moindre sou, ni délivré des désistements. Il s’agit d’une affaire de falsification, explique l’avocat de la jeune femme, qui a réclamé un report pour s’assurer de l’authenticité des documents et porter plainte contre l’enseignant en cause. La falsification a été confirmée et l’enseignant a été arrêté. Et le jugement est deux mois de prison ferme, 2.000 dirhams d’amende et 10.000 dirhams de dommages et intérêts au profit de l’ex-femme, alors la complice de l’ex-mari est encore en fuite. Quant au dossier de la pension alimentaire, il reste ouvert jusqu’à la libération de l’enseignant escroc.

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