«Cher Monsieur, Je m’adresse à vous pour vous présenter quelques commentaires au sujet de votre éditorial que vous avez publié dans votre journal «Aujourd’hui le Maroc» en date du lundi 30 mai.
J’ai en effet été extrêmement surpris de lire que mes déclarations voulaient laisser croire que l’Union Européenne était le tuteur du processus de la transition démocratique qui s’opère au Maroc ; que ce processus est né aujourd’hui et que c’est un phénomène exogène impulsé par la conscience européenne. Ces propos me paraissent suffisamment graves et malintentionnés pour susciter de ma part quelques réactions. En premier lieu, vous savez parfaitement que la démarche de l’Union Européenne se situe dans le cadre d’un partenariat et en aucun cas d’un tutorat. J’ai eu le privilège et l’honneur de travailler dans différentes fonctions sur les relations entre l’Union Européenne et le Maroc et, notamment les négociations sur le Statut Avancé. Laissez-moi au minimum le bénéfice du doute sur la sincérité d’une démarche de partenariat et d’appui à un choix souverain du Royaume du Maroc.
Comment pouvez‑vous penser que l’on veuille laisser croire que ce processus est né aujourd’hui ? Propos absurdes car comment pourrait‑on expliquer la décision sur le Statut Avancé qui est intervenue il y a plus de deux ans et qui constatait les progrès démocratiques réalisés par votre pays.
Enfin sur le phénomène exogène de ces réformes qui serait impulsé par la conscience européenne, aucun observateur objectif ne pourrait tirer une telle conclusion car toute notre politique de relations avec le Maroc depuis de nombreuses années vise à favoriser et appuyer l’enracinement de la démocratie et la modernisation de votre pays voulu par Sa Majesté Mohammed VI depuis son accession au Trône. La vérité sur les déclarations que j’ai faites n’est pas celle que vous reprenez dans votre éditorial mais est curieusement présentée de façon objective dans votre journal par l’article de M. Amine Harmach sur la nouvelle politique de voisinage. En ce qui concerne vos qualificatifs sur moi-même comme «père Fouettard» ou «résident général», je vous laisse évidemment la responsabilité de vos propos. Sachez tout de même qu’au cours de ma longue vie publique, j’ai toujours été un militant acharné contre le colonialisme. J’ai trop de respect pour votre monarchie, vos autorités publiques démocratiquement élues par un peuple souverain pour ne pas me comporter en juge et punisseur débile. Je suis d’accord avec vous sur un point quand vous écrivez qu’il faut savoir raison garder. Les relations entre l’Union Européenne et le Royaume du Maroc sont d’une extrême importance pour nous. Nous essayons de travailler dans la confiance, l’amitié et la franchise, indispensables pour progresser. Les anathèmes et procès d’intention ne sont pas de mise.
Je vous prie d’agréer, Monsieur, l’assurance de sentiments distingués. Eneko Landaburu».