Société

Lettre du tourisme : Le plan Azur en question

Le lecteur peut constater de lui-même que depuis quelques semaines nous avons entamé l’analyse du produit touristique marocain en ouvrant d’abord le dossier hôtelier qu’il faudrait compléter, dans un deuxième stade par l’étude de  ceux qui sont relatifs aux intermédiaires, agents de voyages et autres, au transport surtout aérien, à la restauration et aussi à l’encadrement humain par tous ceux auxquels s’adressent les programmes de formation professionnelle et technique.
Le survol des capacités hôtelières du Royaume tel qu’il a été effectué a montré qu’il y a une prédominance manifeste de deux villes leaders : Marrakech et Agadir qui représentaient en 2006 près de 50% de nos moyens d’hébergement.
Ce survol nous a permis de dégager un premier bilan qui sera tout à fait incomplet  si on n’y inclut pas les stations balnéaires de nouvelle génération, prévues par le plan Azur.
Il est tout à fait certain que le Royaume n’a jamais poussé aussi loin sa vision du Maroc de demain en matière de produit balnéaire : concepts grandioses, investissements colossaux, une certaine volonté de créer de véritables ruptures avec le tourisme de forme artisanale auquel nous avons été habitués depuis l’indépendance.
Six zones qui ont été choisies, parmi lesquelles celles de Larache, d’Essaouira et d’El Jadida, développeront un tourisme mixte, culturel et balnéaire. Par contre, les sites de Saidia, Taghazout et la plage blanche à Guelmim seront dédiés exclusivement au tourisme balnéaire.
Les promoteurs de ces concepts et de cette vision évoquent la création de 120 mille lits dont 70% en hôtellerie et 30% en résidentiel.
Il est intéressant dans un premier stade d’exposer aux lecteurs de façon simple et directe la photographie de ces futures stations balnéaires qui sont de nature, si elles viennent à se réaliser, de changer considérablement les structures du tourisme marocain.
Les textes seront empruntés à l’Observatoire du tourisme du Maroc qui est un outil créé par les pouvoirs publics car il est plus crédible de faire l’analyse critique d’un concept à partir de l’exposé de ceux qui l’ont conçu.
«La station méditerranéenne de Saidia a été attribuée au groupe espagnol Fadesa, en 2003. Ce projet qui constitue la locomotive du plan Azur est sans conteste le plus avancé avec un taux de réalisation pour la première tranche avoisinant les 70%. Cette station est entrée en phase de réalisation de la première unité hôtelière d’une capacité de 1.200 lits en 2005, après avoir procédé à la commercialisation du foncier résidentiel. Elle comprendra, à terme, plusieurs unités d’hébergement hôtelier et résidentiel pour une capacité d’environ 30 000 lits, dont 17 000 en hôtellerie. Elle sera également dotée de nombreuses infrastructures d’animation (golfs, marina, etc. )».
Aux dernières informations, il est prévu d’ouvrir en septembre prochain trois unités hôtelières sous des enseignes révélatrices de «l’engouement» des  promoteurs : Barcelo-Fadesa, Globalia- Fadesa, Iberostar-Fadesa. Trois autres hôtels sont envisagés par le développeur, mais il est évident que seul l’immobilier attire aujourd’hui les investisseurs et qu’il n’y a pas de file d’attente devant les guichets pour la création d’unités hôtelières nouvelles. Une première réflexion s’impose immédiatement à ce propos. Avons-nous les moyens de résister aux multiples tentations d’inverser les choses et de faire plus de business foncier et immobilier que de capacités hôtelières classiques ?
Il ne faut d’aucune façon accepter que le cas de Saidia puisse, de près ou de loin, rappeler celui du dossier de Restinga Smir où le groupe maroco-saoudien «Pharoun» a réussi à ne promouvoir pratiquement que de l’immobilier et même du foncier pur en cédant au prix fort une partie des terrains acquis à un prix symbolique car destinés à un large projet touristique qui, bien entendu, n’a jamais vu le jour tel que prévu.
Hélas, quand le génie humain réussit à initier de grands chantiers, on constate souvent que plus les portes s’ouvrent, plus elles laissent s’infiltrer des catégories d’investisseurs spécifiques, composés d’opportunistes et d’initiés de tous crins pour n’évoquer que ceux-là.
 

A suivre

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