Les Etats arabes essayent toujours de trouver un terrain d’entente pour organiser, dans les plus brefs délais, le 16ème Sommet de la Ligue arabe. Celui-ci a été reporté sine die par la Tunisie, qui reste pourtant fermement attachée à l’organiser sur son sol.
Vendredi dernier, le Prince héritier d’Arabie saoudite, SAR Abdallah Ibn Abdelaziz, l’homme fort du Royaume saoudien, a eu des entretiens avec SM le Roi, Mohammed VI. Le Prince Abdellah était accompagné d’une importante délégation. Sa visite s’inscrit dans le cadre d’une vaste tournée qu’il compte effectuer dans plusieurs pays arabes. A l’ordre du jour: le 16ème Sommet arabe.
Cette visite prouve que le Maroc occupe une place centrale dans l’échiquier arabe. L’adhésion du Souverain à n’importe quel projet politique arabo-arabe est un gage de sa réussite.
C’est dans cette optique que le ministre des Affaires étrangères, le Prince Saoud Al Fayçal, est arrivé, samedi après-midi, à Rabat. Hier soir, c’était au tour du secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, d’être attendu au Maroc.
Certains Etats arabes, et à leur tête l’Egypte, estiment que le report décidé unilatéralement par la Tunisie du 16ème Sommet lui fait perdre, en quelque sorte, son droit à revendiquer son organisation sur son sol. D’où la montée de l’Egupte au créneau. Ceci-dit, personne ne conteste le droit de la Tunisie à continuer à présider le Sommet.
Deux clans se sont formés, depuis le 27 mars, date à laquelle la Tunisie a décidé de reporter le Sommet initialement prévu pour les 29 et 30 mars. Un clan défend la position tunisienne et l’autre celle de l’Egypte. Le Maroc et l’Algérie se sont clairement prononcés en faveur du droit de la Tunisie à organiser, sur sol, le Sommet. En revanche, plusieurs autres Etats se sont ralliés à la cause égyptienne. Les observateurs ont cru voir, dans cette dualité, un affrontement entre le Maghreb et le Machrek.
Alors que « le problème arabe » se situait au niveau de la nature et de l’étendue des réformes, surtout politiques et institutionnelles, maintenant le débat a complètement changé de tournure. Il n’est plus question d’assainissement, de libertés ou de droits de l’homme et de la femme. Les Etats arabes se disputent une conférence. Une question d’honneur politique.
Des élections libres, une gestion honnête de la chose publique, une bonne répartition des richesses nationales, une complémentarité économique et commerciale entre les différents Etats arabes… des notions renvoyées aux calendes grecques. Priorité à une querelle de chiffonnière.
C’est, en fait, une manière très subtile de détourner l’attention de l’opinion publique arabe d’un sujet primordiale: la démocratie. C’est également une réponse indirecte au projet américain du « Grand Moyen-Orient », qui inclut également le Maghreb arabe. Il n’y a pas de doute que ce projet a eu l’effet d’un séisme. Si George W. Bush reste au pouvoir, après les élections présidentielles, il est quasiment certain qu’il mettra son plan à exécution. Les Etats arabes sont conscients de cette donne. Ils préfèrent donc gagner du temps. Ce n’est que partie remise.