Société

L’UE déclare la guerre aux sans-papiers

Au moment où plusieurs centaines d’immigrés africains observaient une grève de la faim à la périphérie de Séville pour protester contre les accès de racisme que le projet de l’UE de lutte contre l’immigration clandestine risquait de générer, les dirigeants de l’Europe, réunis dans la même ville, se penchaient sur le « livre vert » sur l’expulsion des sans papiers. Alors que les grévistes, plusieurs centaines, venus pour la plupart d’Algérie et du Maroc, se plaignaient du recours cette année par les employeurs notamment espagnols à la main d’oeuvre issue de l’Europe de l’Est, le « livre vert » approuvé par les dirigeants européens prévoit dans les détails les mesures d’expulsion des immigrés illégaux. Œuvre du commissaire européen chargé de la justice et des affaires intérieures, Antonio Vitorino, le document définit les normes communes en matière de rapatriement et d’expulsion des étrangers en situation illégale. Les sans-papiers n’ont désormais droit qu’à un seul essai pour régulariser leur situation. Un rejet de leur demande de régularisation entraîne automatiquement désormais à une mesure d’expulsion. Les listes des candidats au retour sont déjà esquissées dans leur grandes lignes. En tête figurent les immigrés impliqués dans des délits. A plus forte raison les clandestins en délicatesse avec la justice, particulièrement ceux qui ont été condamnés par les tribunaux européens. Pour cela l’UE ne lésine pas sur les moyens. Le plan Vitorino est actuellement doté de 60 millions d’euros. Un budget appelé à se renforcer pour faire face à l’augmentation du nombre de clandestins qui débarquent en Europe à raison de 500.000 nouvelles personnes par an, selon des sources officielles européennes. Le document prévoit de rapatrier les sans-papiers arrêtés à bord d’un même avion, une mesure qui risque d’être mise en oeuvre dès octobre prochain, quand Bruxelles aura réuni les observations des Quinze sur le «livre vert».
Les Européens puiseront vraisemblablement dans le stock de plus de 300.000 ordres d’expulsion, émis par l’Europe rien qu’au cours de l’année 2000. L’Europe se propose d’autre part de corser la tache devant les demandeurs de l’asile politique. Dans une seconde étape, les mesures d’expulsion viseront ainsi les candidats à l’asile qui auraient été déboutés. Une mesure qui fait l’affaire de pays comme la Belgique, la Grande-Bretagne et l’Allemagne, particulièrement prisés par les demandeurs d’asile. Ces procédures d’expulsion devraient contribuer à alléger la pression sur les services européens chargés de l’examen des demandes d’asile qui ont rejeté quelque 88 % des demandes reçues entre 1999 et 2000.
Finalement, même si l’Europe n’a pas suivi la ligne dure de lutte contre l’immigration prônée par l’Espagne, ou encore l’Italie, elle a fermé un peu plus ses portes. A défaut de sanctionner des pays d’origine ou de transit des immigrés clandestins, avec le concert de réaménagements au niveau bilatéral que cette voie aurait supposé, les Quinze verrouillent davantage leurs frontières et dans la foulée tentent d’ôter une épine du pied de certains d’entre eux submergés de demandeurs d’asile encombrants.

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