Société

«L’USFP a maintenu la coalition»

ALM. La scène nationale est marquée ces jours-ci par le débat autour du terrorisme, après le démantèlement d’une cellule d’Al Qaïda au Maroc. Quelle la position de l’USFP à ce sujet ?
Mohamed El Yazghi : Notre position est claire. Nous refusons absolument le terrorisme parce que nous refusons le recours à la violence pour réaliser des objectifs politiques ou institutionnels.
Bien entendu, nous ne pouvons absolument pas accepter que notre pays soit utilisé comme base d’actions terroristes, aussi bien sur le plan interne que sur le plan régional et international. C’était d’ailleurs notre position dès qu’il y a eu des actions violentes chez nos voisins.
Evidemment, les évènements de septembre de l’année dernière, ont été un véritable tremblement de terre mondial. La lutte contre le terrorisme a pris des proportions internationales, comme cela se manifeste à travers les textes de l’ONU sur le terrorisme et sur la circulation de l’argent et notre pays a adhéré à ces conventions. Ce que je veux souligner c’est qu’au Maroc, et l’Etat et la société protègent le pays.
Le fait que des terroristes agissent au Maroc n’implique-t-il pas qu’ils ont des adhérents sur place et bénéficient de complicités ?
C’est certain. Le terrorisme, et surtout « Al Qaida », infiltre les organisations fondamentalistes, particulièrement dans le monde musulman.
Y compris les organisations représentées au Parlement ?
Ce n’est pas impossible. Peut-être à leur insu.
Certains organes de presse ont laissé planer un doute sur la véracité de l’opération de démantèlement. Qu’en pensez-vous ?
C’était une réaction inopportune. Le Maroc n’avait aucun intérêt à dire qu’il abrite un réseau d’Al Qaida. Politiquement, il n’avait aucun intérêt en cela. Je ne vois pas pourquoi, il serait allé inventer cette affaire. Il ne faut pas oublier que cela va nous porter préjudice sur le plan du tourisme, de l’investissement, etc… Non, il n’y a aucun intérêt à fabriquer de toutes pièces des accusés.
Ces événements ne réconfortent-ils pas l’USFP dans sa polémique avec le PJD, entre autres en ce qui concerne les fonds collectés pour la Palestine ?
Absolument. L’USFP est aux avant-postes pour défendre le pays contre tout dérapage vers la violence. Ces événements, aussi bien la question du compte de bienfaisance au nom de la Bosnie, que l’attitude ferme que nous avons eue de réunir l’Internationale socialiste dans notre pays, s’inscrivent dans le cadre de la défense de notre pays.
Quelle lecture faites-vous de la prestation de M. Abbas El Fassi sur le plateau de la deuxième chaîne de télévision, notamment en ce qui concerne les propos qu’il a tenus à l’égard du Premier ministre et du gouvernement ?
M. Abbas El Fassi est secrétaire général du parti de l’Istiqlal. Ce dernier est membre de la coalition, de la majorité. Il a adhéré au programme qui a été présenté au Parlement au moment de l’investiture du gouvernement de Me. Abderrahman youssoufi. Ce que j’ai relevé de l’émission c’est que le Parti de l’Istiqlal prend en charge également le bilan de ce gouvernement. Néanmoins, il a parfois des sorties qui ne concordent pas avec son action au sein du gouvernement. La presse de l’Istiqlal est depuis le début, carrément en opposition avec le Premier ministre.
Justement, lors de cette émission, nous avons constaté un décalage entre la position exprimée par M. Abbas El Fassi et celle exprimée par l’organe du parti « Al Alam ». Est-ce que vous ne pensez pas que c’est ce décalage qui a fait que la coalition entre l’Istiqlal et l’USFP n’a pas marché ?
Mais si, la coalition marche. Le problème c’est que le discours, notamment dans la presse de l’Istiqlal, est ce qu’il est et l’action est ce qu’elle est. Depuis quatre ans, la coalition fonctionne, et l’un des succès de l’USFP, précisément, c’est d’avoir maintenu cette coalition jusqu’au bout. C’est-à-dire jusqu’aux élections de septembre.
Là où il y a problème, c’est quand certains dirigeants de l’Istiqlal parlent de la Koutla et, pratiquement, l’opposent à la majorité. Or, la Koutla est un élément de cohésion de la majorité et son rôle était de maintenir cette coalition, parce que si l’on allait dans le sens d’une contradiction entre la majorité et la Koutla, le gouvernement aurait dû partir, il y a longtemps.
Quelle est la position de l’USFP au sujet de l’opération d’embauche de 30.000 marocains sur des bateaux de croisière ?
Nous souhaitons que nos jeunes puissent trouver un travail légalement. Cette opportunité nous apparaît extrêmement intéressante pour un certain nombre de jeunes. Je pense que maintenant les assurances ont été données par l’organisme émirati, lui-même, et le département de l’Emploi. Je pense qu’il n’y a rien de grave derrière cette opération, c’est-à-dire qu’il n’y a pas d’arnaque. Il faut attendre que les jeunes soient recrutés.
L’Istiqlal a souvent répété que cette opération engageait l’ensemble du gouvernement. Il n’y a cependant pas eu de communiqué de la part de l’USFP clarifiant sa position.
Mais, l’ANAPEC a été créée pour cela. L’organisme concerné, lorsqu’il est venu au Maroc, a d’abord voulu agir directement. Le Département de l’Emploi lui a fait comprendre que nous avons un organisme créé pour être l’intermédiaire entre l’offre et la demande. Nous n’avons donc pas à prendre de position. Normalement, cet organisme doit faire son travail et s’il y a une quelconque irrégularité, nous la dénoncerons.
Le 15 juin dernier, devait se tenir une rencontre entre des Séparatistes et des représentants d’associations de jeunesse et des droits humains. Quelle est la position de l’USFP à propos de ce genre de rencontres ?
Les Séparatistes ont toujours cherché à conforter leur crédibilité.
Evidemment, discuter avec les nationaux était une manière d’arriver à une certaine crédibilité, face aux échecs sur le terrain. Nous pensons que les relations avec les Séparatistes doivent se faire dans le cadre des Nations-Unies, et c’est le seul endroit où elles puissent se faire. En dehors de cela, toute opération de contact ou de discussion ne peut-être qu’une manoeuvre des séparatistes et de la diplomatie algérienne.
Donc, à rejeter ?
Absolument.
Récemment, des représentants de la société civile se sont regroupés pour mettre en oeuvre une nouvelle approche dans le traitement de la question du sahara, qui n’exclue pas de telles rencontres. Est-ce que vous rejetez également cette option ?
Peut-être. S’il y a un acquis pour le Maroc, c’est bien son unité dans l’affaire du Sahara. C’est pour cela qu’il y a eu une diplomatie officielle et une diplomatie populaire, notamment à travers les parlementaires, les partis et les syndicats, etc…Mais, c’était une diplomatie, c’est-à-dire une action concertée, visant à réaliser un certain nombre d’objectifs, soit pour convaincre des gens qui soutiennent les Séparatistes, soit pour amener des séparatistes à revenir à la raison et réintégrer la mère patrie, soit pour libérer les otages qui se trouvent en territoire algérien.
La nouvelle situation du Maroc, depuis l’avènement du gouvernement de l’alternance et depuis l’accession de SM Mohammed VI sur le trône, a amené les séparatistes à l’étranger à essayer d’utiliser l’élargissement du champ des libertés dans notre pays pour oeuvrer à partir de l’intérieur. C’est une manoeuvre, une façon d’agir devant leur échec sur le plan international. Cela peut ouvrir un front pour eux depuis l’intérieur du pays. Mais, je pense que la vigilance des Marocains ne permettra absolument pas à cette action sournoise d’aboutir. Personne n’utilisera la démocratie marocaine contre le Maroc.
Quel est à votre avis l’acquis le plus important du gouvernement de l’alternance ?
L’acquis le plus important du gouvernement de l’alternance, c’est un acquis politique pour le pays. L’alternance consensuelle a fait que dans notre pays et depuis les années soixante, le roi a nommé le premier responsable de l’USFP à la tête du gouvernement et il a constitué ce gouvernement. Il a présenté un programme. Cela est un acquis très important parce que c’est le choix de la réforme de l’Etat. Ce gouvernement de l’alternance consensuelle va amener le pays à une alternance démocratique, par les urnes, et cela est une réforme très importante. En plus, pendant ces quatre années, il y a eu une application plus judicieuse de la Constitution en ce qui concerne les relations entre les différents pouvoirs. La constitution définit clairement les pouvoirs du monarque, du gouvernement et les pouvoirs du Parlement. Pendant ces quatre années, il y a eu une évolution extraordinaire qu’on peut considérer comme une véritable révolution : une réforme de la Constitution en profondeur.
Dans le milieu de la presse, l’on s’attendait à ce que dans un gouvernement où il y a un bon nombre de ministres issus de la profession, il y aurait une amélioration des rapports avec la presse. Or, il se trouve que ces rapports ont connu des périodes de turbulences. Comment expliquez-vous cela ?
D’abord, les relations sont très bonnes avec la majorité de la presse et des médias. Ce n’est pas parce qu’il y a eu tel ou tel cas, qu’il faut généraliser et considérer que la presse n’est représentée que par ceux qui sont contre le gouvernement et contre le Premier ministre.
Au contraire, nous pensons que c’est pendant cette période que la presse a bénéficié de la plus grande ouverture. C’est pendant cette période qu’elle a eu accès aux centres d’information. Le choix de la transparence par le gouvernement a été fait au bénéfice de la presse. Evidemment, lorsqu’il y a des calculs politiques, au détriment du professionnalisme, il y a dérapage.
Comment vous voyez le paysage politique actuel ?
Le paysage politique actuel est à la veille de la vérité. C’est en septembre 2002 que la vérité politique sera connue, d’où l’importance de ces élections et de ces échéances. Le paysage actuel est fait de ce que disent les acteurs sur eux-mêmes. Même la technique du sondage n’est pas très avancée chez nous. Donc, seules les élections pourront permettre d’appréhender enfin ce paysage.
Le syndicat national de l’Enseignement est au bord de l’éclatement. Une remarque valable également pour la CDT. Quelle sera la position de l’USFP si tel était le cas ?
Je n’ai pas à intervenir dans ce débat, en tant que premier secrétaire adjoint de l’USFP. Mais ce que je peux dire c’est que le syndicat national de l’enseignement est le syndicat le plus important au sein de la CDT. C’est un syndicat fondateur de la CDT. Ce qui s’est passé ces dernières semaines a démontré où se trouve la légitimité. Je pense que toute tentative de porter tort à ce syndicat ne peut que mener à l’échec.
Les quatre milliards affectés à l’enseignement, n’ont-il pas été à l’origine de la recrudescence des grèves ?
C’est le contraire qui aurait dû se passer. Voilà un syndicat qui discute avec le gouvernement. Il arrive à un accord et à la satisfaction d’une partie importante de son cahier revendicatif. Il est aberrant de s’attaquer à ce syndicat. D’ailleurs, les discussions n’ont jamais été arrêtées avec les autres syndicats.
M. Abbas El Fassi a arrêté un calendrier de réunions après la grande conférence sur les questions sociales et où le syndicat et le gouvernement avaient conclu que cette forme de discussion n’etait pas la plus valable ni la plus intéressante. Sur ce, le ministre de l’Emploi a élaboré le calendrier en question qui prévoit des réunions sectorielles. Ce gouvernement n’a jamais refusé le dialogue avec un quelconque secteur.

• Propos recueillis par Kamal Benbrahim et Aziz Khamliche

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