Société

M. Ben Hachem appelle à l’adoption de « mesures alternatives » pour pallier la surpopulation carcérale

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Le délégué général à l’Administration pénitentiaire et la réinsertion, Hafid Ben Hachem, a plaidé pour le recours par les magistrats à des « mesures alternatives » pour faire face à la surpopulation carcérale des établissements pénitentiaires au Maroc.
« Ce n’est pas de ma faute. Il y a un recours excessif à la détention préventive. J’en ai publiquement parlé aux parlementaires, à la presse…Il y a des mesures alternatives que les juges doivent appliquer, mais ils ne le font pas », a affirmé, M. Ben Hachem dans une interview au quotidien « L’Economiste », publiée vendredi.
M. Ben Hachem s’est interrogé sur l’utilité de mettre en prison « une personne ayant émis un chèque sans provision », soulignant que « si cette même personne est restée libre tout en étant sous contrôle judiciaire, elle pourra au moins travailler ou trouver les moyens de rembourser sa dette.
 » Voilà la philosophie qui nous fait défaut (…) la responsabilité, c’est d’abord le courage de prendre une décision et l’assumer. Un magistrat doit s’inscrire dans cette vision », a-t-il soutenu, faisant remarquer qu' »aux Pays-Bas, le directeur d’un établissement pénitentiaire n’accepte pas un détenu s’il n’a pas de place ».
« La loi marocaine n’ouvre pas cette option. Mais, il ne faut accueillir que s’il y a assez d’espace hébergement », a-t-il ajouté, notant que les établissements pénitentiaires se voient également dans l’obligation de prendre en charge les détenus atteints de troubles mentaux, mission qu’ils ne sont pas censés faire, selon lui.
« La prison n’est pas un hôpital psychiatrique. Je m’efforce employer les moyens qu’il faut même si nous n’en avons pas assez », a-t-il avancé, indiquant qu' »un hôpital a été construit à l’intérieur de la prison d’Oukacha à Casablanca…mais sa capacité d’hébergement reste limité ». Il a, à ce propos, estimé que ce faisant, « l’administration pénitentiaire et de la réinsertion supporte ainsi une charge du ministère de la Santé ».
La surpopulation carcérale s’explique également par l’augmentation de la criminalité et le changement de profil chez les détenus qui sont devenus « plus agressifs », en raison notamment de la « drogue, couplée à une crise de valeur », a-t-il fait observer, notant à titre d’exemple que « dans la prison d’Oukacha à Casablanca, 25 pc des locataires viennent déjà avec une addiction ».
Il a attribué cette situation au déficit d’éducation et de civisme au niveau de la famille, de l’école et de la société, qu’il faut combler en toute urgence.
M. Ben Hachem a par ailleurs a appelé à l’élaboration d’une vraie politique pénale basée sur une solide volonté politique tenant en compte de la réalité du contexte marocain et une responsabilité partagée entre le gouvernement et la société civile qui doit être plus compréhensive et collaborative.
Il a, à ce sujet, plaidé pour le recours aux « travaux d’utilité publique », afin d’aider les détenus à se reconstruire et appelé le ministère de la Justice et des Libertés à prendre les mesures nécessaires pour « accorder une réhabilitation à tout détenu ayant eu une conduite exemplaire et qui a décroché un diplôme d’études ou de formation professionnelle ».

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