Société

Madrid viole les droits des enfants

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Le défenseur du peuple espagnol, Enrique Mugica Herzog, vient d’être saisi officiellement du dossier des violations des droits des immigrés clandestins mineurs. 
L’institution qu’il préside a reçu, lundi 17 avril, une plainte signée par une dizaine d’ONG espagnoles de défense des droits de l’Homme qui exigent son intervention pour mettre fin aux opérations de rapatriement des mineurs, notamment marocains, qui se déroulent en violation de la législation espagnole dont la loi sur l’immigration, la loi de protection des mineurs et les conventions internationales ratifiées par Madrid.
Ces ONG, dont "SOS Racisme", "Save the Children" et la Commission espagnole d’aide au réfugié (CEAR) ont mis l’accent dans leur plainte au médiateur espagnol sur le fait que des centaines d’enfants commencent à s’évader  des centres d’accueil de Madrid afin d’éviter d’être rapatriés vers le Maroc, ce qui met en péril leur sécurité puisque la plupart finissent par  retrouver ce qu’ils ont fui en se rendant clandestinement en Espagne :  la rue où sont récupérés généralement par des réseaux madrilènes de prostitution de mineurs.
Dans une déclaration à la presse espagnole, le porte-parole de SOS racisme à Madrid, Diego Lorente, a dénoncé le fait que le gouvernement autonome de Madrid procède à des rapatriements massifs de mineurs étrangers "comme s’ils étaient des délinquants" et "sans la moindre garantie". 
Selon ce militant des droits humains, pour qu’un "rapatriement de mineur soit réalisé avec toutes les garanties nécessaires, il faut qu’il ait lieu sans le moindre risque pour sa vie et il faut toujours prendre en considération la position et l’intérêt de l’enfant". M. Lorente a ajouté qu’il est "nécessaire (avant le rapatriement) d’obtenir l’autorisation du ministère public et s’assurer que le mineur retournera auprès de sa famille". Ce qui est loin d’être le cas.
Il faut préciser qu’actuellement, la police madrilène débarque nuitamment dans les centres de mineurs, ce qui est illégal, et procède à l’arrestation d’une dizaine d’enfants qui n’ont même pas le temps de s’habiller ou de prendre leurs affaires et les conduit manu militari vers l’aéroport pour les refouler vers le Maroc. Ces refoulements illégaux qui se font de plus en plus fréquents à Madrid sont organisés sur instigation de la communauté autonome de la capitale espagnole dirigée par Esperanza Aguirre du parti populaire (PP) qui, rappelons-le, se distingue par son radicalisme en matière d’immigration.
Mme Aguirre était l’une des ministres les plus proches de l’ancien chef du gouvernement espagnol, José Maria Aznar.  Mais ces graves violations des droits des mineurs n’auraient pas été possibles s’il n’y avait pas une certaine complaisance de la part des autorités marocaines. Le projet de construction de deux centres d’accueil pour mineurs, à Tanger et Marrakech,  a facilité la tâche aux autorités autonomiques de la capitale espagnole. Sachant qu’il est interdit de rapatrier un mineur sans être certain qu’il reviendra auprès de sa famille, le gouvernement autonome de Madrid a trouvé l’astuce de créer des centres d’accueil au Maroc afin de contourner la "loi de protection des mineurs" en prétendant avoir assuré aux enfants refoulés une structure d’accueil dans leur pays d’origine répondant aux normes européennes. Tout porte à croire que les autorités marocaines sont tombées dans le piège tendu par le cabinet d’Esperanza Aguirre.
Cette “coopération“ dénoncée par les ONG espagnoles a débouché en effet sur la signature entre l’Entraide nationale marocaine et le gouvernement autonome de Madrid d’un protocole d’accord portant sur la création des deux centres d’accueil dans le Royaume censées abriter quelque 4.000 mineurs dont l’Espagne entend se débarrasser. Des centres qui ont été financés d’ailleurs par l’union européenne. La question qui se pose est de savoir si le Maroc, déjà aux prises avec le problème poignant des enfants de la rue, a les moyens de s’occuper des nouveaux arrivants. Une affaire qui est loin d’être mineure.

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