Société

Maria Bichra : «30 millions de personnes dans le monde ont connu une EMI»

© D.R

ALM : Vous organisez le premier colloque sur les expériences de mort imminente au Maroc. Comment avez-vous eu l’idée de tenir un tel événement ?
Maria Bichra : En visionnant par hasard la bande annonce du film documentaire de Sonia Barkallah «Faux départ» considéré à ce jour comme le film le plus complet jamais réalisé sur les expériences de mort imminente (EMI), j’ai été très touchée par les témoignages des «expérienceurs» (c’est ainsi qu’on nomme les personnes étant passées par une EMI). Et pour la 1ère fois je me suis rendu compte que je ne suis pas la seule à avoir vécu ceci. J’ai ressenti un soulagement.
On est 30 millions d’expérienceurs à travers le monde. Ce n’est pas négligeable.
On ne peut plus faire semblant de passer outre vu le nombre et la cohérence incroyable des récits des «expérienceurs ». Quelques jours après, j’ai eu l’occasion de rencontrer Sonia Barkallah en compagnie d’une jeune Marocaine qui est Rajaa Benamour, ayant vécu la même expérience en 2009. C’est au cours de cette rencontre que nous avons rêvé toutes les trois ce colloque qui s’est concrétisé. Ce colloque exceptionnel est l’occasion d’un point sur la recherche scientifique puis d’un débat sur ses implications et les perspectives de collaboration entre le Maroc et la France.

Scientifiquement, comment définissez-vous une EMI ?
Derrière ces trois lettres se trouvent des expériences humaines vécues par des personnes comme vous et moi. Cette expérience peut être vécue au cours d’un coma, d’une anesthésie générale, à la suite d’un accident ou tout simplement à partir d’un simple rêve. Il s’agit d’expériences vécues au seuil de la mort. Ce qui est remarquable c’est que les récits des expérienceurs sont d’une cohérence incroyable. Ils racontent tous la même chose. Ils dévoilent la sensation de se détacher de son corps et de flotter au-dessus de lui, d’assister à sa propre réanimation, d’entendre et de voir tout ce qui se passe, mais sans pouvoir intervenir, de traverser un tunnel qui débouche sur une lumière empreinte d’amour, et finalement réintégrer son corps , alors que l’ équipe médicale vous avait déclaré cliniquement mort.

Sur le plan religieux comment ce cas est-il perçu ?
Je vais citer un verset du Coran qui parle de la décorporation (libération de l’âme hors du corps) : «Allah reçoit les âmes au moment de leur mort ainsi que celles qui ne meurent pas au cours de leur sommeil. Il retient celles à qui Il a décrété la mort, tandis qu’Il renvoie les autres jusqu’à un terme fixé. Il y a certainement là des preuves pour des gens qui réfléchissent» (Sourate 39 verset 42). Dans l’état de sommeil, l’âme ne quitte pas complètement le corps, contrairement à ce qui se passe dans le cas de la mort, mais reste rattachée au corps, tout en se déplaçant librement à travers les cieux. Sous anesthésie générale, ou dans le coma, nous sommes dans un état de sommeil profond.

Quelles sont les difficultés rencontrées lors de la préparation du colloque ?
Nous avons préparé ce colloque dans le plaisir et la bonne humeur, sans aucune difficulté, nous avons eu le soutien de personnes remarquables.

Ce sujet reste un peu tabou dans une société de croyance, telle que la nôtre, comment avez-vous pu réunir les témoins ?
Ce n’est qu’une fois que nous avons communiqué sur l’événement que nous avons commencé à recevoir des messages de personnes ayant vécu une EMI. Ce qui est remarquable c’est que leurs récits sont d’une cohérence incroyable. Oui cela reste encore un sujet tabou, on n’en parle pas beaucoup. Moi j’ai mis 20 ans pour en parler.

Parlez-nous un peu de votre propre expérience…
J’ai vécu une EMI lors de mon premier accouchement. Cette expérience, à ce jour, vit en et avec moi. D’un point de vue spirituel, je vis cette expérience comme quelque chose de normal. En tant que musulmane je crois à la mort, à l’au-delà. Je ne vis pas mon EMI comme une expérience hors du commun, mais comme une expérience personnelle, un relooking intérieur, une leçon de vie, comme une renaissance. J’ai eu droit à 20 ans de bonus alors j’en profite car je sais que l’ange de la mort viendra frapper à ma porte à n’importe quel moment : il ne prévient pas. Je prépare ma petite valise pour cet aller sans retour, qu’est la mort. Je suis certaine que la mort n’est pas une fin en soi mais n’est qu’un passage d’un monde à un autre.

Vous êtes en cours d’élaboration d’un livre s’articulant autour de la notion de la mort imminente, pouvez-vous nous en parler ?
«Prépare ta mort et vis pleinement ta vie» sortira, inchaallah, à Paris en 2014, il sera édité par S17 Production, c’ est un hymne à la vie et à la mort.. Je n’en dirai pas plus pour le moment.

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