Société

Milouda Hazeb : «Le PND est fier d’être le défenseur du monde rural»

© D.R

ALM : Comment avez-vous procédé pour choisir les membres de la liste nationale ?
Milouda Hazeb : Il y a lieu de rappeler que le règlement intérieur du PND définit les modalités et la procédure à suivre. Concernant la liste nationale, c’est le Conseil national des femmes qui propose les noms des candidates en fonction de critères précis : ancienneté dans le parti, action militante, formation politique… A ce niveau, j’ai eu le privilège d’être désignée à l’unanimité. Après quoi, les propositions du Conseil national des femmes démocrates sont soumises à l’appréciation du Bureau politique du parti. Celui-ci délibère et proclame la liste définitive. A ce titre, j’ai eu l’avantage d’être également choisie comme tête de liste à l’unanimité des membres du Bureau politique sous la conduite de Abdellah Kadiri, secrétaire général du parti.
Je dois rappeler qu’au sein du Bureau politique, siège un comité restreint chargé d’appliquer la procédure réglementaire concernant la désignation des candidats et candidates aptes à se présenter aux élections législatives aussi bien dans les circonscriptions locales que nationale. Ce comité est placé sous la présidence de Moussa Essaâdi, ancien ministre et membre fondateur du PND. C’est lui qui a eu la charge de dresser le classement des candidats, opération assistée par ordinateur et, par conséquent, dotée de toutes les garanties de sûreté et de transparence.
Le résultat de ce scrutin interne a été par la suite entériné par les organes de direction de l’union PND-Al-Ahd. C’est ainsi que ma désignation en qualité de chef de file de la liste nationale de l’Union du PND et du parti Al-Ahd a été confirmée définitivement.
A cette occasion je tiens à rendre hommage à mes frères et sœurs membres du Bureau politique, du Conseil national des femmes et du Conseil de l’Union.

Avec le seuil de 6 %, quelles sont vos chances réelles aussi bien pour les listes locales que nationale ?
Pour la liste nationale, la difficulté est réelle car atteindre le seuil électoral est une véritable gageure qui a été instituée par la loi probablement pour recadrer le paysage politique dans notre pays. Cette stratégie constitue à nos yeux un défi à relever, car obtenir un score voisin d’un demi-million de votes exprimés est à la fois un enjeu électoral sérieux et une confirmation de la place et du rôle politique qu’occupent nos deux partis engagés au sein de l’Union. Notre pronostic réaliste est fondé notamment sur les résultats enregistrées durant les dernières élections par les deux formations, 4.95 % pour le PND et 2.55 % pour Al-Ahd, soit un total dépassant les 7 %.
Concernant les circonscriptions locales, nous avons couvert 85 circonscriptions en candidatures communes et 10 circonscriptions en cadidatures libres de chaque parti. Cette couverture maximale augure d’un bon score compte tenu de la densité de nos structures organisationnelles à travers le Royaume et l’intensité remarquable de nos activités partisanes et politiques effectuées durant cette législature. En plus, l’augmentation de l’ordre de 10 % du corps électoral, composé essentiellement de jeunes et de femmes, représente pour nous un plus avec effet amplificateur en raison de notre présence auprès de ces catégories sociales. Ceci est illustré par l’activisme des organisations parallèles (Femmes, Jeunesse) des deux partis. Cette donne nous rassure et offre de meilleures chances de l’emporter. Il faut savoir également que tous nos candidats et candidates sont issus des rangs des deux partis et disposent de capacités politique, sociale et logistique insoupçonnables. Sans prétendre à un grand dessein irréaliste comme certains l’on fait, nous sommes convaincus que l’Union fait la force et est capable, à bien des égards, de propulser la machine.
 
Que pensez vous en général de la présence féminine au Parlement ?
Je crois que la femme parlementaire joue un rôle d’induction au sein même de l’assemblée par son apport à l’enrichissement, à l’approfondissement et à l’adaptation du travail législatif et un rôle d’entraînement et de prise de conscience aussi bien dans l’espace privé (la famille, le travail …) que public (en politique et dans la société civile). Ceci est parfaitement lisible dans tous les textes de loi adoptés au cours de la présente législature (Code de la famille, Code du travail, Code de la procédure civile, Code de l’état civil et dernièrement la Loi sur la nationalité…)
La présence des femmes au Parlement et leur visibilité surtout à la Chambre des représentants (plus de 10 % des effectifs) on été des moteurs pour la promotion de la cause féminine et l’accès de la femme au rang universel prôné par les instances internationales et l’organisation des Nations Unies.
Parmi les points à éluder rapidement, si l’on s’inscrit dans un mouvement de progrès et de modernité, figure en bonne place la question de la représentativité féminine dans les institutions et les conseils élus (gouvernement, Parlement, communes locales, conseils consultatifs…).
L’avant-dernière assemblée générale de l’ONU préconise un taux minimum de 30 %. Au Maroc, nous sommes bien loin de ce ratio qui détermine le rang de notre pays en matière de développement humain car la femme est la clef de l’INDH et sa visibilité en public en est le fidèle témoignage. Cet arsenal de mesures qui ne sont pas encore prises plombe le développement du pays en général et ne reflètent pas toutes les orientations royales.

Quel est votre commentaire sur la nécessité de moraliser la vie politique comme annoncé par Sa Majesté le Roi dans le discours du Trône ?   
Mon appréciation des grandes lignes du discours royal se décline par un soutien absolu et par l’engagement solennel quant à l’application scrupuleuse de ses recommandations. D’autre part, nous considérons que le bilan du gouvernement porte sur une action en déphasage avec la feuille de route tracée par la volonté royale que ce soit en matière de croissance économique ou de développement social…
Le discours du Trône dresse une carte de priorités dans des domaines relatifs notamment à la mise à niveau des partis politiques, ce qui implique la présence des compétences confirmées en leur sein.   

Pourquoi associe-t-on toujours le PND à un parti du monde rural ?   
Notre parti est fier de porter la qualité de défenseur du monde rural depuis sa création en 1982. Beaucoup d’autres partis l’ont rejoint et prétendent même le concurrencer au plan électoral dans son propre fief.
De toutes les manières, le PND, comme son nom l’indique, est un parti à rayonnement national (villes et campagnes) fondé sur le principe démocratique et animé d’une philosophie de justice sociale et de lutte contre les disparités. Le monde rural apparaît aujourd’hui comme une juxtaposition de plusieurs mondes et cadres de vie différents. Une stratégie globale et intégrée est la clef de son développement qui passe par sa modernisation structurelle et humaine…  

Après des décennies d’existence, où est-ce que l’on pourra caser le PND actuellement ?
Il est vrai que le PND a toujours été un parti de gouvernement jusqu’en 1998. Bien qu’il ne fût représenté que par quelques ministres, il a néanmoins laissé ses marques et empreintes dans plusieurs départements (Travail et affaires sociales, Energie et mines, Tourisme, Santé, affaires des MRE). Aujourd’hui, nous sommes contraints de camper dans l’opposition, mais nous exerçons une opposition constructive agissant comme force de propositions et de réformes.
Nous estimons ainsi que notre parti a accumulé toutes les expériences institutionnelles et démocratiques qui lui confèrent un statut particulier de force politique d’action et de régulation.  
 
Pour revenir aux prochaines élections, quels sont les points forts de votre programme ?   
En dehors des équilibres macro-économiques que nous comptons maintenir et renforcer, les axes saillants de notre programme électoral sont d’abord le développement du monde rural en tant que clef de décollage économique et social, la lutte contre le chômage, la précarité et le déni de justice sociale. Nous visons à instaurer plus de solidarité comme valeur humaniste partagée.
Le monde rural est en retard dans presque tous les domaines, notre programme prévoit de lui consacrer une enveloppe budgétaire de 30 milliards de dirhams pour la mise à niveau des infrastructures de base (eau, électricité, routes, assainissement…) et des équipements sociaux (santé, éducation, habitat social, culture et jeunesse …). La formation et la promotion de l’emploi sont des facteurs du développement durable et nos propositions visent l’encouragement aux PME créatrices d’emploi à travers une réforme fiscale audacieuse et une politique dynamique d’accompagnement économique et social concrétisée par une réduction d’impôts (IS-IGR-TVA) jusqu’à un seuil critique de 30 % (mesures défendues également par la CGEM).
La solidarité et la lutte contre toute forme de précarité économique et d’exclusion sociale par la création et le financement de Fonds publics pour apporter aide et assistance aux démunis, aux chômeurs en quête d’emploi et aux parents d’élèves ruraux. Cette approche est de nature à encourager la stabilité de la population, à lutter contre l’exode rural, à favoriser la cohésion sociale et à assurer une meilleure distribution du produit national.
Les ressources destinées à financer cette politique de solidarité, de soutien à la consommation et à la production, seront prélevées sur les économies effectuées grâce à une bonne gouvernance et à une austérité au niveau du fonctionnement des services publics.  

Bio-express

Membre du Bureau politique du PND, dont elle est secrétaire général-adjoint, Milouda Hazeb préside également l’organisation nationale de la femme démocrate. Elle est députée parlementaire depuis 2002 et conseillère municipale depuis 1983 au conseil de la ville de Marrakech. Membre du comité directeur des femmes parlementaires francophones, elle est aussi membre des parlementaires «for global action» (New York). «Dans le civil», Milouda Hazeb dirige une société touristique depuis 1985. Elle est membre de l’Association professionnelle du tourisme et du Conseil régional du tourisme (CRT) de Marrakech.

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