Société

Mohamed Atlassi : «Le manque d’éducation sexuelle rend impossible l’approche de la frigidité avec la femme marocaine»

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ALM : Quand parle-t-on de «frigidité»  ?
Mohamed Atlassi : Le terme «frigidité» comporte une certaine connotation péjorative, stigmatisant les femmes «froides». Il faut donc l’éviter face aux consultantes, la nosologie sexologique préfère anorgasmie. Mais au cours des consultations, il vaut mieux parler de troubles de l’orgasme qui n’est autre que des contractions musculaires spasmodiques des muscles du plancher pelvien vécues dans le plaisir. Et l’on distingue deux types d’anorgasmie: dysfonctionnement orgasmique primaire et l’anorgasmie secondaire.

Qu’en est-il du dysfonctionnement orgasmique primaire?
Chez la femme, le dysfonctionnement primaire signifie absence totale d’orgasme.Et cela quelles que soient les formes de stimulation physique employées:masturbation, caresses (pratiquées par le partenaire), contact bucco-génital, pénétration du vagin. Dans le cas de ces femmes,toutes les tentatives,qu’elles émanent d’elles mêmes ou d’un partenaire, sont vouées à l’échec. Il faut inclure dans cette catégorie, les femmes qui ne connaissent l’orgasme que lors de certains rêves ou par l’imagination.

Et l’ anorgasmie secondaire ?
Il s’agit d’un «dysfonctionnement orgasmique contingent», Pour lequel on a établi de façon arbitraire trois sous rubriques, selon que l’absence d’orgasme se trouve liée à la masturbation ou au coït ou encore qu’elle n’apparaît liée à aucune circonstance particulière. Le dysfonctionnement est lié à la masturbation lorsqu’une femme qui réagit normalement à l’acte sexuel ne peut parvenir à l’orgasme ni grâce à ses propres caresses, ni grâce à celles de son partenaire. On le dira lié au coït lorsqu’il s’agit d’une femme qui ne parvient pas à l’orgasme par l’acte sexuel mais qui réagit à la masturbation et au cunnilinctus

Y a-t-il des études sur les Marocaines à propos de ce sujet ?
Malheureusement, jusqu’à nos jours ,il n’y a pas d’études sur le sujet, ceci est dû au fait que la consultation pour troubles sexuels reste dans notre contexte ,sollicitée par l’homme seul, le maintien opiniâtre des interdits: tabous et traditions, le manque d’éducation sexuelle des enfants dès leur jeune âge, rend presque impossible l’approche de la question de frigidité avec la femme marocaine.
 
Comment peut-on remédier à cette situation ?
En psychosexologie , les objectifs sont incertains : faut-il juste rétablir l’érection? Faut-il rétablir le désir sexuel? L’objectif est-il l’orgasme ou l’harmonie sexuelle du couple? C’est dans l’écoute du (de la) partenaire qu’on peut repérer ce que sous-entend sa plainte. Sur le plan psycho- dynamique ; la consultation sexologique est un échange d’information mais c’est aussi un événement psycho affectif, un échange libidinal où le patient se retrouve le plus souvent en position infantile, et le thérapeute ,en position parentale .Ces éléments non conscients de la consultation sexologique sont aussi des éléments de compréhension de la difficulté qu’ont les patients(es) mais aussi les médecins non sexologues à parler de sexualité.

Quel est le rôle du contexte culturel pour prévenir et ce genre de trouble?
Le contexte culturel et l’éducation jouent un rôle important. Malheureusement, la consultation pour troubles sexuels reste dans notre contexte rare, une enquête marocaine de 1998 auprès de 558 hommes âgés de plus de 40 ans montre que 84% des hommes n’ont jamais abordé la sexualité avec leur médecin dans plus de 4/5es des cas. Il est important que le sexothérapeute accorde du temps à l’écoute, qu’il évalue la réalité de la plainte du patient et qu’il intègre le point de vue de la partenaire. L’intervention du thérapeute dans la sphère d’intimité du patient doit se faire avec le souci d’informer, sans imposer, de proposer sans vouloir normaliser à tout prix et de faire des choix thérapeutiques en fonction de la complexité de chaque cas.

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