Société

Mohamed Benyahya : «La réforme de la Constitution n’est pas une revendication populaire»

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ALM : Quelles seront vos priorités à la tête de la coordination générale de la commission préparatoire du 8ème congrès de l’USFP ?
Mohamed Benyahya : Notre première priorité est de faire participer tous les militants de l’USFP, sans exception, à la préparation du congrès. Il faut qu’on s’ouvre sur l’ensemble des militants, y compris ceux qui ont été marginalisés du parti et de la vie politique en général. Il faut qu’on soit à l’écoute de ces militants pour identifier les erreurs qu’on a commises par le passé.
Il faut aussi qu’on soit à l’écoute de la population pour comprendre ce qui nous sépare et ce qui a donné le taux d’abstention le plus élevé de notre histoire. C’est pour cela qu’on va ouvrir des débats au niveau de chaque région pour comprendre et déceler les failles. Maintenant, il faut également se demander pourquoi nos instances ne se renouvellent pas.
Beaucoup pensent que c’est à cause de l’absence de démocratie. Je peux vous affirmer que, avec la meilleure démocratie à l’intérieur de notre parti, les choses resteraient ce qu’elles sont. Parce que la faille n’est pas dans le déficit démocratique interne, elle est dans les structures du parti.

Quels reproches avez-vous sur ce point précis ?
C’est au sujet de la manière dont on choisit la direction, le conseil national, le bureau politique et tout le reste des instances. Je prends l’exemple du conseil national. Il y en a déjà qui y siègent depuis la création du parti. Ils sont élus une fois en 1975. Et à chaque fois ils sont congressistes, membres du conseil national. Ils n’ont plus besoin d’avoir une relation avec les bases. Il faut opérer un petit changement au niveau du statut qui stipule qu’un membre du conseil national peut passer automatiquement deux fois, mais la troisième fois il faut qu’il soit élu par la base. Et à partir de ce petit changement, vous aurez un USFP qui changera de structures chaque fois et renouvellera des générations. Pour moi, la seule réussite qui compte au 8ème congrès, c’est d’ouvrir les portes larges devant toutes les bonnes volontés et tous les militants pour participer au renouvellement de l’USFP. Je n’ai rien contre le fait que quelqu’un passe au bureau politique quatre ou cinq fois tant qu’il est gagnant, mais un perdant doit quitter tout de suite. Notre deuxième objectif, – et là est le grand problème -, c’est d’essayer de convaincre les Marocains, même ceux qui ne sont pas avec nous, de l’importance de participer à la vie politique. C’est vital pour notre pays. Si je suis un militant de l’USFP, ce n’est pas parce que c’est un parti sacré, mais je trouve que c’est un parti nécessaire au pays. Si je me rends compte que ce parti ne sert plus à rien, je le quitterai. Mais pour l’instant, j’estime que c’est un parti central dans la vie politique marocaine.

Qu’en est-il de la ligne politique de l’USFP. Peut-on s’attendre également à un changement à ce niveau ?
On a créé une commission qui a déjà commencé un grand débat sur les choix politiques de notre parti. Ce qui en ressort maintenant, c’est que notre alliance à gauche, et avec toutes les autres forces démocratiques, sera renforcée. Et puis, comme vous pouviez vous y attendre, la question de la réforme constitutionnelle n’est pas éludée. Mais je pense en toute sincérité que la réforme de la Constitution n’est pas une revendication populaire. Les Marocains nous demandent de donner une image de nous-mêmes en participant au gouvernement, il faut qu’on arrive à les convaincre de notre gestion en leur démontrant que cette gestion se fait pour eux. Et c’est là qu’il y a eu beaucoup de failles. Les Marocains n’ont pas compris ce que l’on faisait au gouvernement. Et nous, on n’a pas fait l’effort qu’il faut pour les convaincre. Je ne pense pas que les Marocains nous en veulent de participer au gouvernement.

Quel intérêt portez-vous à la question de la communication du parti ?
On peut désormais parler, et pas vraiment à tort, d’une nouvelle approche de la communication.  Je n’ai jamais caché depuis 15 ans que je suis opposé à la presse partisane. Les journaux de l’USFP doivent changer de formule, pour en faire des journaux proches peut-être du parti mais pas totalement inféodés à sa direction. Il faut qu’on donne aux journalistes la possibilité d’exercer leur métier en toute liberté.
L’intervention du bureau politique dans les travaux de la commission préparatoire du 8ème congrès suscite beaucoup de craintes. Ne risqueriez-vous pas de voir s’installer une dualité entre les deux ?
Il n’y aura aucune dualité parce que le champ d’action de notre commission est clair. Les pouvoirs de cette commission, c’est auprès du conseil national qu’elle les a eus. Je peux vous assurer que tout ce qui touche à la préparation relèvera de la seule responsabilité de la commission, sans aucune intervention de la part du bureau politique.
 

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