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Mohamed Rassi : «C’est grâce à la masturbation que l’homme découvre le point de non-retour»

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ALM: Est-ce qu’il est normal  de se masturber ?
Mohamed Rassi : La masturbation est quelque chose de normal. C’est un passage obligé.
C’est grâce à elle que l’adolescent découvre son corps et sa sexualité. Bien que c’est avant tout une forme de sexualité liée à l’adolescence, des études ont démontré que 90% des hommes mariés se sont masturbés au moins une fois au cours de leur vie de couple. Par ailleurs, on accomplit un acte sexuel soit par amour c’est-à-dire pour fusionner avec l’autre, soit pour évacuer une tension sexuelle, soulager un désir comme c’est généralement le cas dans des conditions extrêmes par exemple pour les hommes en prison, dans les hautes mers… Mais se masturber n’est pas un vrai rapport sexuel. Un rapport sexuel exige l’existence d’un partenaire.

Est-ce que cette pratique est nocive pour la santé ?
Et cette activité n’a aucune conséquence sur la santé. Ce sont les gens qui ne se masturbent pas qui ont plus de problèmes. C’est grâce à la masturbation que l’homme découvre le point de non-retour, c’est-à-dire l’ultime moment de l’orgasme et à partir duquel il n’est plus possible d’arrêter l’éjaculation. Cela permet de prolonger le rapport sexuel. Par ailleurs, il existe plusieurs techniques de masturbation. Et tant que sexologue, je dirais : «dis-moi comment tu te masturbes je te dirais comment est ta sexualité!».

Existe-t-il une pathologie liée à la masturbation ?
Le seul risque qu’il y a est l’addiction, c’est-à-dire se masturber compulsivement plusieurs fois chaque jour. Cela devient alors une pathologie dont les causes doivent être percées ( angoisse, stress, dépression…) et dont il faut se soigner que ce soit par une psychothérapie cognitivo-comportementale ou par des anti-dépresseurs.

La religion musulmane condamne-t-elle la masturbation?
Du point de vue religieux, c’est un sujet à controverse. Il y a des ouléma qui ne l’interdisent pas et d’autres qui l’interdisent formellement. Ces derniers ont pour seule référence coranique les versets de la sourate Al-Mouminoune. «Bienheureux sont certes les croyants, ceux (…) qui préservent leurs sexes [de tout rapport], si ce n’est qu’avec leurs épouses ou les esclaves qu’ils possèdent, car là vraiment, on ne peut les blâmer; alors que ceux qui cherchent au-delà de ces limites sont des transgresseurs». Et pour moi et pour plusieurs ouléma, ce verset n’est pas suffisant pour en faire un acte illicite.

Cette forme de sexualité est-elle moins fréquente chez la femme?
La masturbation est beaucoup moins fréquente chez la femme que chez l’homme. Seules 60% des femmes se masturbent. C’est dû à des facteurs relatifs à son anatomie (chez la femme, l’organe sexuel est interne), ainsi qu’à l’éducation qu’elle a reçue et qui véhicule un certain nombre de restrictions notamment pour préserver sa virginité. Dans ce sens, quand les parents découvrent leur jeune garçon qui joue avec son sexe, ils réagissent avec complaisance et ironie et le qualifie de petit coquin. Alors qu’un acte pareil d’une fille est quelque chose d’inacceptable.

La masturbation encourage-t-elle la pornographie ?
La masturbation n’encourage pas la pornographie. C’est plutôt la pornographie qui alimente la masturbation qui, disons-le, est avant tout une activité fantasmatique qui se nourrit de cliché et de scénario qu’imagine la personne qui la pratique.  Et je tiens à préciser que je suis contre la pornographie, mais cela est un autre débat.

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