Société

Mohammedia : entre la crue et… L’autorité

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Bouali Fettar, gérant d’une station d’essence à Mohammedia n’aurait jamais cru qu’il serait victime de deux crues en l’espace de quelques mois. Comme la plupart des habitations, usines et commerces de la zone rouge de la ville basse, son commerce a été totalement ravagé par les terribles inondations du 25 novembre 2002. Les pertes estimées en centaine de milliers de dirhams nécessitaient un réaménagement total de la station d’essence. Comme la quasi-majorité des sinistrés, il ne bénéficiera pas de la moindre indemnité suite à cette catastrophe naturelle malgré les assurances d’usage des ministres, du gouverneur, des élus, voire des huissiers.
Passé l’obligation de la compassion devant les cameras de la télévision pour les uns et la précampagne électorale pour les élus, tout le monde a tourné le dos à une ville en péril. Les sinistrés n’auront que leur courage et leur foi en Dieu pour retrouver la joie de vivre et reconstruire tout ce qui a été détruit par une eau déchaînée par la négligence des hommes. Après le choc, Bouali s’est résolument décidé à conjurer le sort pour redonner vie à un fonds de commerce vieux comme l’indépendance. C’est en 1956, en effet, qu’une société pétrolière avait loué une parcelle de terrain située à l’intersection de la rue de Fès et la rue de la Mauritanie. C’est la société immobilière fédalienne, qui s’occupait de la gestion des domaines royaux, qui avait signé avec la société pétrolière ce contrat de location. Depuis cette date, tout allait bien entre les deux contractants et rien n’a absolument changé quand Bouali est devenu gérant de la station d’essence en 1990. Seules les inondations de 2002 sont venues taxer doublement un homme qui jouit d’une excellente réputation dans la ville. Sportif bien connu et homme de coeur, Fettar Bouali a été président du Chabab de Mohammedia et du club de tennis, le RTCMO. C’est certainement sa générosité et sa foi en Dieu qui l’ont aidé à accuser le coup de la crue pour essayer de tout reconstruire sans se lamenter pour autant. Ce réaménagement etait d’autant plus nécessaire qu’une commission technique de la préfecture l’a exigé pour des raisons de sécurité.
Un plan de réaménagement a été élaboré par les services de la commune qui lui a délivré l’autorisation de construire sous le numéro 302 du 26 décembre 2002. Jusqu’ici tout allait bien puisque les travaux de réfection ont commencé dans de bonnes conditions. Sauf que trois mois après une décision préfectorale a ordonné au gérant de la station d’arrêter les travaux sans coup férir. Le propriétaire du terrain qu’est la société de la gestion des domaines royaux ayant considéré que le locataire n’a pas eu son autorisation pour effectuer ses travaux. Même si cette clause était écrite noir sur blanc sur le contrat, fallait-il pour autant enfreindre la loi et arrêter les travaux de réfection sans passer par la justice ? Or rien dans le contrat n’exige une telle autorisation à moins celle administrative qui lui a été délivrée par la commune.
Personne n’est au-dessus de la loi, surtout dans des cas aussi dramatiques d’un gérant et de plusieurs employés qui ont tout perdu suite à une crue dévastatrice. Le gouverneur de Mohammedia, Mohamed Dardori, a démontré qu’il est un agent d’autorité imprégné de grandes qualités humaines et autant de compétences professionnelles. L’ingénieur qui a su contenir par des digues et un canal de délestage les crues d’Oued El Maleh aurait facilement pu contenir l’excès de zèle d’un administrateur de la société qui gère les domaines royaux. Ce qui gène aux entournures dans cette affaire, c’est que la société pétrolière a tout fait pour trouver une solution à ce problème avec le gestionnaire en question. Des négociations ont été engagées et les deux parties sont arrivées à un accord pour céder définitivement le terrain à la société pétrolière. Mais coup de théâtre, l’administrateur en question est revenu sur son engagement.
En attendant que ce gestionnaire, qui pourrait être de bonne foi, revienne à de meilleures intentions, il est impensable que l’on prive des gens de leur unique source de revenus. C’est d’autant plus inadmissible que le gérant de la station d’essence, Fettar Bouali, a de tout temps sacrifié son temps et son argent pour promouvoir sa ville natale.

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