Société

Mortelle déception

Dimanche, vers trois heures du matin. «La Galsa» ; une sorte de baraque située dans une briqueterie, sise au quartier Mazolla, Hay Hassani. La police frappe à la porte. Celle-ci s’ouvre. Cinq jeunes, Miloudi, Redouane, Hassan, Ahmed et Nouredine s’assoient et attendent. Une fille, inanimée, étendue sur un divan, des blessures marquent son corps. «Qui l’a frappée ?», demande le chef de la brigade. Les cinq jeunes continuent de garder le mutisme. «Je vous ai demandé qui a malmené Laïla ?», demande le chef de la brigade à haute voix cette fois.
«Elle…a…tué…Aziz…», balbutie Nouredine. «C’est toi qui l’as frappée ?», lui demande une fois encore le chef de la brigade avec un ton menaçant. «Oui…», répond Nouredine sans ajouter un mot.
«Mais tu n’avais pas le droit de la frapper…», lui dit-il avec un ton sévère. Le chef de la brigade donne ses instructions à son adjoint: «Conduit ces garçons au commissariat et appelle la Protection Civile pour qu’elle évacue Laïla aux Urgences».
Le chef fait un constat sur les lieux et sur la Peugeot de Aziz qui est garée devant l’entrée de la briqueterie, rejoint ses éléments au commissariat pour entamer l’audition des cinq jeunes avant que la santé de Laïla se rétablisse.
Et son adjoint commence à noircir les papiers des PV. Aziz est l’ami du neveu de Laïla. Elle a quatorze ans et lui vingt-deux. Séduit par sa beauté, il lui fait des avances. Au départ, elle refuse de lui parler. Mais peu à peu, elle commence à être sensible à ses propos. Elle se rapproche de lui, échange des propos et sort avec lui. Elle ignore qu’elle lui donne là l’occasion de la piéger dans les filets d’un grand amour. Et c’est ainsi que leur relation commence à se développer d’un jour à l’autre, à se consolider. Les jours passent. Elle devient éperdument amoureuse de lui. Elle ne peut passer un jour sans être près de lui. C’est son premier amour. Ils se promènent,, bavardent, plaisantent, s’embrassent…et s’isolent dans «La Galsa»…et font l’amour. Tous les habitants de leurs quartiers, leurs amis connaissent leur liaison. En un clin d’oeil, deux ans passent. Le couple est éperdument amoureux, va de temps à autre à «La Galsa» ou chez Aziz pour s’isoler. Au début de l’été et des vacances scolaire, Laïla est pleine de joie. Elle a réussi en neuvième année d’enseignement fondamental. Pour lui faire plaisir, Aziz lui achète un cadeau, l’invite chez lui à la maison à Hay Hassani. Ils sont tout seuls dans une chambre, une bouteille de whisky, deux sandwichs sur la table. D’un verre à l’autre et d’un mot à l’autre leurs corps se rapprochent… Ensuite, Laïla sanglote: «Qu’est-ce que je vais dire à ma mère maintenant ? J’ai perdu ma virginité….».
«Ne lui dis rien, je m’arrangerai. Dans quelques mois…je t’épouserai Incha Allah…ne crains rien, ma bien-aimée…», la console-t-il. Laïla garde le secret. La nouvelle année scolaire arrive. Elle s’abstient de rejoindre son collège. Personne ne connaît la cause. Mais sa relation ave Aziz persiste avec la même passion et la même jalousie, d’un côté comme de l’autre. Le 16 janvier, Laïla rencontre Aziz à proximité d’une librairie de Hay Hassani. Elle monte dans la voiture et ils vont jusqu’à Aïn Diab. Puis Aziz retourne à «La Galsa». Il y entre, trouve son frère Hassan en compagnie de ses amis ; Rédouane et Abderrahman. Il rejoint sa petite copine à la voiture et tourne le contact.
«Arrête…arrête…Aziz…!», l’appelle Nouredine qui vient de sortir de la Galsa. Il monte dans la voiture. Aziz s’arrête aux abattoirs. Ils descendent, vont dans un restaurant, dînent de viande et de M’Bakhar (tête d’ovin) et s’en vont. Aziz s’arrête à l’entrée de la briqueterie. Nouredine descend, entre à «La Galsa». Aziz reste avec sa petite amie dans la voiture.
Ils s’embrassent. Un instant, alors qu’ils sont dans un état d’euphorie, Aziz la surprend : «Laïla, j’ai des choses importantes à te dire. Il faut que tu me comprennes …ne t’énerve pas, mais c’est comme ça, la vie…». Laïla recule, se cloue sur son siège, des interrogations lui martèlent la tête, attend ce qu’il va lui dire. C’est un moment inattendu pour elle. Et certainement pour lui également.
«Vraiment je t’aime…je t’aime follement, mais mes parents ont choisi pour moi une autre fille de la famille et je ne peux leur désobéir…S’il te plait cesse de venir chez moi, surtout à l’appartement…car je vais accueillir ma fiancée demain…», reprend-t-il. Ces mots lui brisent le coeur. Un tourbillon lui secoue la tête. Elle reste figée de stupeur, dévisage Aziz avec des yeux hagards. Il lui demande calmement de descendre de sa voiture comme si rien n’avait jamais existé entre eux. Et comme un torrent, les larmes coulent de ses beaux yeux. « Tu as oublié tous ce qu’il y avait entre nous, en un clin d’oeil… tu n’as pas de coeur…J’ai tout perdu maintenant… ma virginité, mes études, ….et également mes rêves…».
Il tente d’éviter son regards, baisse les yeux, tourne derrière pour niveler le coussin. Laïla poursuit ses reproches. Et comme si le destin jette un moyen d’épreuve. Juste un petit tour de la tête, elle remarque un poignard dans un petit tiroir de la voiture. D’un geste sec, elle s’en empare et poignarde sauvagement Aziz. Il hurle. Ses doigts nerveux crispés sur la manche du poignard, elle continue à le larder de coups.
Noureddine sort en courant de «La Galsa», se dirige vers la voiture. Laïla tente de s’enfuir. Noureddine essaie de l’immobiliser, il la gifle, lui assène des coups de poings et de pieds. Elle tombe par terre, évanouie. Les autres amis rejoignent Noureddine., portent Laîla à «La Galsa». L’un d’eux appelle la police. Laïla purge actuellement une peine de 20 ans de réclusion. A 17 ans, elle doit amèrement regretter cet amour immature qui s’est transformé en une tragédie.

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