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Mustapha Aboumalek : «Les Marocains sont devenus nerveux tout au long de l’année»

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ALM : Est –il vrai que les gens sont plus irrités pendant le Ramadan?
Mustapha Aboumalek : Croire qu’il y a des gens au tempérament ramadanesque irrités, Chauffés à blanc, coléreux, grincheux, face fermée pendant la période de jeûne devient une idée reçue. Voici des clichés qui ont la peau dure dans la société marocaine. Selon moi, c’est bien le contraire que je constate : Les Marocains sont beaucoup plus sereins en ce mois sacré dominé avant tout par une religiosité hors pair. Sinon, il y a d’autres qui focalisent sur leurs sensations de faim et de soif et se replient fébriles sur eux-mêmes. Puis ceux qui dans l’attente du ftour font toutes sortes d’activités pour oublier ces sensations. C’est vrai que les gens peuvent aussi être irrités à cause de la faim… Mais là on est face un des effets physiologiques logiquement gérables. Mais on ne peut pas tout mettre sur le dos de Ramadan. La vérité est que les Marocains sont devenus de plus en plus irrités et nerveux tout au long de l’année qui y ait Ramadan ou pas.

Pourquoi les Marocains sont devenus nerveux tout au long de l’année ?
Même hors de Ramadan, tout au long de l’année, les Marocains sont «Mramdnin», devenu de plus en plus coléreux pour d’autres raisons que le jeûne, essentiellement la pression sociale, les difficultés de la vie quotidienne, la difficulté de gérer les perspectives d’avenir, de quoi sera fait demain. Ainsi pour ces raisons psycho-sociales, les Marocains surtout dans les zones très urbanisées sont devenus foncièrement irrités ayant de plus en plus du mal à entretenir des relations saines et sereines. Preuve en est leur comportement sur la route et le non-respect du code et du droit au respect d’autrui. Aussi la route marocaine est des plus meurtrières. Phénomène qui pourrait s’amplifier pendant le Ramadan.

Ramadan exacerbe donc ce malaise latent chez certains ?

Ainsi Ramadan exacerbe cette irritation latente chez ceux qui en pâtissent. Et il n’est en aucun cas la principale cause. Se cacher derrière Ramadan offre un élément explicatif trompeur, un prétexte pour masquer les contradictions sociales. C’est un cliché qu’on amplifie et auquel on donne une importance qu’il ne mérite pas. Un cliché révélateur d’un malaise d’individus. On n’a pas à mettre sur le dos de Ramadan des choses qu’on a du mal à gérer individuellement. Donc je dirais que ce phénomène n’est pas social mais individuel.

Y a-t-il d’autres facteurs responsables de ce tempérament belliqueux pendant le Ramadan?

Il y a bien sûr des effets dus aux jeûnes, mais ils restent physiologiques. On les rencontres chez des individus dépendant de toutes sortes de substances. Des fumeurs, buveurs de cafés et autres, habitués à un comportement déterminé et ce durant 11 mois. La rupture avec ces habitudes peut générer ses effets irritants, mais il ne faut pas se cacher exclusivement derrière ces arguments. L’homme doit laisser primer la raison et être maître de soi-même, c’est aussi une des leçons du mois sacré de Ramadan.

Comment faire face à ce phénomène ?

L’éducation, l’abnégation religieuse doivent favoriser le respect de l’autre. Aussi, il faut que les gens deviennent plus rationnels. La sensibilisation entre autres par le biais des médias particulièrement la télévision, regardée par la majorité des foyers marocains, aurait son effet favorable. Mais malheureusement celle-ci nous bombarde par toutes sortes de programmes mercantiles et publicitaires. Des programmes que j’ose même qualifier de frustrateurs eux-mêmes amplifiant ce malaise d’impuissance face à la vie de tous les jours présent et profond chez certains. Il faut développer un modèle de programmes plus intelligents plus humains où sont mises en avant les valeurs de civisme et de respect de l’autre.


Troubles du sommeil au Ramadan : Facteur catalyseur de l’irritabilité

Pendant le mois sacré de Ramadan, un déficit de sommeil risque de se développer, mettant souvent les nerfs à rude épreuve, surtout vers la fin de ce mois. Même durant le mois de Ramadan il faut bien dormir. Selon les psychiatres, le manque de sommeil entraîne automatiquement une baisse de la vigilance.
D’où le risque de l’irritabilité au cours du jeûne. En plus des problèmes d’ordre nutritionniste, c’est souvent le manque de sommeil qui est la cause principale du changement du comportement et l’agressivité chez beaucoup de personnes durant le mois sacré.
Veiller jusqu’à une des heures très tardives est une situation lourde de conséquences et qui finit toujours par avoir des répercussions sur la santé des individus du fait du manque de sommeil. Voici quelques conseils pratiques et faciles à mettre en application, afin d’atténuer les effets du manque de sommeil et la lassitude et la fatigue qui peuvent en résulter.
– Ne pas se coucher trop tard le soir
– Essayer de mieux s’organiser dans son travail, le jour.
– Ne pas se lever trop tot avant l’aube pour prendre le «shour»: se lever juste à temps pour un repas léger.
– Eviter les longues expositions au soleil.
– A moins d’être un sportif aguerri, éviter les prouesses physiques et les activités sportives exigeantes.
– Opter plutot pour une activité physique revigorante, pour le corps comme pour l’esprit, tels des marches ou des balades dans la nature ou au bord de la mer, la bicyclette, un sport aquatique, etc.

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