Un important dignitaire musulman nigérian, le sultan de Sokoto (nord), Muhammadu Saad Abubakar, a rejeté toute interférence dans les affaires du Nigeria après la suggestion de Mouammar Kadhafi d’une partition du pays suite aux récents massacres interreligieux. «Des commentateurs étrangers doivent savoir de manière claire que le Nigeria, en dépit de ses difficultés, a parcouru un long chemin et que ce pays ne doit pas être uniquement perçu comme une simple conglomération de groupes religieux ou ethniques», a déclaré le sultan de Sokoto dans une déclaration dont l’AFP a obtenu une copie. «Les liens qui nous unissent sont bien plus forts que ceux qui nous divisent», a ajouté le sultan à l’ouverture dimanche, à Kaduna, d’une réunion du conseil central de la Jama’atu Nasril Islam, la plus haute instance religieuse musulmane au Nigeria. Sans citer spécifiquement le dirigeant libyen, le sultan de Sokoto a insisté sur la capacité des Nigérians à régler eux-mêmes leurs difficultés dans l’intérêt de la Nation et pour le bien des générations futures. M. Kadhafi, qui assurait jusqu’à janvier la présidence tournante de l’Union africaine (UA), a proposé, lundi, de copier pour le Nigeria le modèle de la partition entre le Pakistan et l’Inde en 1947. Le Nigeria a jugé jeudi «irresponsables» les propos de Kadhafi sur une division du pays après les récents massacres interreligieux dans le centre et a rappelé son ambassadeur à Tripoli en consultation. Pays le plus peuplé d’Afrique avec environ 150 millions d’habitants, le Nigeria a été le théâtre en mars de plusieurs semaines des violences communautaires meurtrières dans l’État du Plateau (centre). Le pays est divisé pratiquement au centre entre le nord (majoritairement musulman) et le sud (principalement chrétien et animiste). L’État du Plateau avec sa capitale Jos constitue la ligne de démarcation entre le nord et le sud. Le vice-président Goodluck Jonathan, un chrétien du sud, est devenu chef de l’État intérimaire le 9 février, en remplacement du président élu Umaru Yar’Adua, un musulman du nord, gravement malade depuis plusieurs mois. Les chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine, réunis pour le douzième sommet de l’organisation à Addis-Abeba en Ethiopie, ont élu, lundi 2 février 2009, le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi à la tête de l’Union pour un an, en remplacement du président tanzanien Jakaya Kikwete. À 67 ans, Mouammar Khadafi est l’un des chefs d’État du continent au pouvoir depuis le plus longtemps. Il a accédé au pouvoir à 27 ans, par un coup d’État en 1969, alors qu’il était jeune colonel. Partisan des États-Unis d’Afrique et artisan de la transformation de l’Organisation de l’unité africaine en Union africaine en 2001, le dirigeant libyen avait déclaré dans son discours inaugural «espérer que son mandat sera un temps de travail sérieux et pas seulement de mots».