ALM : On a souvent tendance à présenter la physique comme matière réservée aux élèves brillants et qu’elle est inaccessible pour d’autres.
Omar Mejdoubi : La physique en tant que science essaie de comprendre le monde, d’étudier et d’expliquer les phénomènes de l’univers, avec notamment une exploration de nos formes de penser. Le rôle du professeur de cette matière est de faire passer à ses élèves ces envies de découvertes et de les aider à développer leurs propres connaissances pour qu’ils puissent comprendre que la réalité est évolutive. L’essentiel est de rendre intelligibles des faits qui ne sont pas faciles à comprendre. Mais qu’il ne faut pas appréhender comme monde clos ou énigmatique. De fait, tout élève est donc capable de briller dans cette matière. Il suffit qu’il s’implique dans son apprentissage et qu’il comprenne les mécanismes de pensées qui sous-tendent cette matière. Ceci dit, pour aider l’élève à réussir cette conception, il doit d’abord être capable de définir la physique, dès le tronc commun et de ne pas attendre le 2ème Bac, comme c’est le cas actuellement.
Préconisez- vous que les contenus doivent d’abord encourager l’élève à développer ses propres réflexions ?
C’est l’idéal. Et je pense que le ministère de l’Éducation nationale ne cesse d’encourager dans ce sens notamment par le recours à l’outil informatique. Malheureusement ce n’est pas suffisant. Il suffit de rappeler que toutes les classes de physique-chimie ne sont pas équipées en nombre suffisant d’ordinateurs et du matériel adéquat. Par ailleurs, plusieurs lycées souffrent de problèmes de connexion ou de mauvaise gestion de leurs réseaux. Le matériel nécessaire pour la réalisation des expériences en classe se fait de plus en plus sentir. Le nombre des élèves rend quelques fois les rares expériences réalisées sans finalité. Or, à mon sens, c’est au lycée qu’il faut armer l’élève en connaissances théoriques et en habiletés pratiques pour qu’il puisse se distinguer à la Faculté des sciences ou autres établissements de l’enseignement supérieur.
Concrètement, comment expliciter des phénomènes qui dépassent le niveau d’assimilation de plusieurs élèves alors qu’on se limite à des cours théoriques?
Il y a des savoir-faire qu’il faut inculquer et expliquer de manière simple. C’est là que réside l’apport d’un bon professeur. A quoi bon disserter durant des heures pour, soi-disant, faciliter l’acquisition de réflexes difficiles à réaliser. Prenons le cas de l’arc-en-ciel, ce phénomène physique qui attise les curiosités des élèves. Il suffit que l’élève maîtrise quelques notions sur l’eau et sur la lumière pour qu’il comprenne le phénomène de manière simple et juste. Une fois ce réflexe acquis, l’élève peut facilement déchiffrer d’autres phénomènes qui obéissent au même type de réflexion.