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Omar Sefrioui : «L’infertilité touche 15 à 17% des couples au Maroc»

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ALM: Qu’est-ce que la stérilité ?
Omar Sefrioui : L’infertilité est l’incapacité de concevoir après 12 mois de rapports sexuels réguliers (2 à 3 rapports par semaine) sans contraception dans certains cas (femmes de plus de 38 ans, cause déjà connue d’infertilité). La stérilité est l’impossibilité définitive de concevoir. Ces cas sont exceptionnels et concernent les azoospermies définitives (absence de spermatozoïdes même sur la biopsie testiculaire, ménopause précoce ou anomalie génétique ou absence d’utérus…).

Quelles sont les différentes causes de l’infertilité masculine et féminine ?
L’infertilité masculine est liée à une baisse de la fonction testiculaire en terme de quantité ou de qualité qu’on désigne par oligoasthénospermie d’intensité variable qui peut aller jusqu’à l’absence de spermatozoïdes qu’on appelle azoospermie. Ces anomalies peuvent être liées à des causes locales par altération de la fonction testiculaire (causes sécrétoires) ou aux fonctions d’émission des spermatozoïdes par obstacle (causes excrétoires). Ces altérations sont liées à des problèmes de descente tardive des testicules, de varices spermatiques (varicocèle), lésions séquellaires d’infection sexuellement transmissibles ou de maladies génétiques telles la mucoviscidose ou des délétions chromosomiques. Dans tous les cas, il est impératif de bien consulter ces patients afin de déterminer la cause, l’ampleur du problème afin de déterminer le meilleur traitement. Chez la femme, les causes peuvent être mécaniques, hormonales parfois immunitaires. Les causes mécaniques sont liées à un obstacle au passage des spermatozoïdes lié à des séquelles d’infection, voire d’endométriose dans d’autres cas, il peut s’agir de lésions de l’utérus ou du col (fibrome, lésion cervicale, synéchies ou adhérences intra-utérines…). Les causes hormonales sont liées soit à une dysovulation ou anovulation comme dans le cas des ovaires poly kystiques affection fréquente dans le bassin méditerranéen et notamment au Maroc aboutissant par des mécanismes diverses à l’absence de développement folliculaire ou leur développement tardif et nécessitant une induction de l’ovulation. Par ailleurs, il peut s’agir d’une insuffisance ovarienne prématurée (baisse prématurée de la réserve ovarienne) de plus en plus vue sous nos cieux même à des âges jeunes et liés probablement à des causes diverses.

Quelles sont les conséquences de l’infertilité ?
L’infertilité peut avoir des conséquences diverses sur le couple. Elle peut être une cause fréquente de divorce étant donné la pression de l’enfantement que vivent les couples particulièrement sous nos cieux. Par ailleurs, elle est source de dépression et de troubles du comportement chez les femmes infertiles. Cet état de fait nous impose de tirer la sonnette d’alarme quant à l’obligation des services publics d’aider ces couples notamment par la prise en charge thérapeutique de cette maladie. À ce jour le Maroc est un des rares pays au monde à considérer ce grave problème de santé publique comme une futilité, voire un luxe d’avoir un bébé.

Quels sont les traitements contre la stérilité ?
L’infertilité touche 15 à 17% des couples au Maroc. Néanmoins, à ce jour, plus de 80% de ces couples arrivent à concevoir du fait du développement des thérapeutiques. Ces traitements peuvent aller d’un simple traitement comme une antibiothérapie ou une induction de l’ovulation simple. Il faudra une intervention chirurgicale chez l’homme (traitement d’une varicocèle, cure de hernie, voire biopsie testiculaire..) ou chez la femme (cœlioscopie pour ouverture des trompes, cure de synéchie, ablation de myome…..). Dans d’autres cas, on procédera à l’aide médicale à la procréation, méthode palliative de traitement de l’infertilité avec stimulation de l’ovulation avec peu de follicules pour l’insémination intra utérine ou multifolliculaire pour la fécondation in vitro. Ces traitements permettent de court-circuiter certaines étapes de la procréation : amélioration de la qualité du sperme et court-circuit du col et de la glaire pour l’insémination artificielle jusqu’au contrôle total de la fécondation en FIV ou en FIV ICSI. Ces méthodes ont une efficacité variable allant de 15% pour les inséminations artificielles à 30% en moyenne (20 à 40%) pour la FIV d’où la nécessité aux couples de persévérer étant donné qu’il s’agit de tentatives.

Quels conseils donnez-vous au couple stérile ?
Il est important de respecter les délais avant de consulter et de ne pas paniquer. Le temps est parfois le meilleur traitement surtout quand la femme est jeune et qu’il n’y a pas de cause évidente.
Au bout de 12 mois, il faut consulter le médecin. Pour les autres conseils, je vous oriente vers mon site gynecobs.com rubrique stérilité et conseils.

Est- ce qu’il existe des études qui montrent l’ampleur de ce phénomène au Maroc ?
Au Maroc, on estime que l’incidence de l’infertilité est de 15 à 17% des couples. Ces chiffres sont similaires à ceux des pays occidentaux.

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