Société

«On ne peut plus reculer»

ALM : Quel regard portez-vous sur ce rendez-vous du 27 septembre ?
Nouzha Chekrouni : Les élections sont une étape importante et décisive dans notre vie politique et interviennent dans une conjoncture spécifique pour notre pays. Ce sont les premières élections organisées sous le règne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, et après la riche expérience du gouvernement d’alternance. C’est pour la première fois qu’un gouvernement présente un bilan de son action au Parlement et au peuple marocain. La campagne électorale sera pour nous l’occasion de débattre et d’évaluer l’action menée par le gouvernement, l’importance des acquis et aussi les grands chantiers entamés et en voie de réalisation. C’est cela la nouveauté. J’espère que ce débat auquel nous aspirons sera fructueux et positif et contribuera à faire avancer et à enrichir nos projets pour le futur proche car le parachèvement de l’édification de notre société est une responsabilité partagée. Nous espérons par ailleurs que cette nouvelle culture qui renforce la transparence se perpétuera pour qu’un véritable dialogue s’instaure entre les acteurs politiques et l’ensemble des composantes de la société. En démocratie, les élections constituent un moment fort de la vie politique des peuples, le choix des institutions représentatives est une grande responsabilité qui risque d’hypothéquer l’avenir du pays. Les dernières décennies ont été marquées par des irrégularités qui ont terni le paysage politique (argent sale, intervention de l’administration…). Animés par la ferme volonté de couper avec ce passé, nous avons élaboré un nouveau mode de scrutin qui contribuera sans aucun doute à la transparence des élections et à redonner la crédibilité à la vie politique. La nouveauté aussi porte sur la liste nationale des femmes car pour la première fois des mesures spécifiques ont été prises afin d’améliorer la présence des femmes au parlement en donnant plus de visibilité à l’action politique féminine. Cette mesure, bien qu’insuffisante, reste importante à nos yeux car elle va nous permettre de passer de 0,6 % à 10% et plus avec les candidatures des femmes dans les listes provinciales. Voilà quelques indices qui montrent que les élections prochaines seront différentes de celles qui ont précédé. Evidemment, la bataille ne sera pas facile mais l’enjeu est de taille.
Que pensez-vous du phénomène du nomadisme politique et comment expliquez-vous le fait qu’il soit moins apparent chez les femmes ?
L’appartenance politique est une forme d’identification et un choix qu’il faut assumer et respecter.
L’appartenance à un parti ne doit pas se traduire par la seule satisfaction d’ambitions personnelles mais surtout l’adhésion à des choix stratégiques et à des valeurs partagées communément pour servir les causes nationales. Par conséquent le nomadisme est un phénomène condamnable car il fausse la vie politique. Ce phénomène n’existe pas chez les femmes parce que celles qui intègrent le politique y croient véritablement. Cependant il est nécessaire pour les partis politiques de renforcer l’encadrement des militants et des militantes et de tout mettre en oeuvre pour moraliser la vie politique. Et je pense qu’il faudrait mettre en place un cadre de référence avec des lois et des mesures pour protéger nos institutions.
On constate que les citoyens se désintéressent de la politique, surtout les femmes. Comment comptez-vous faire pour les ramener à s’intéresser à la chose publique?
Il est vrai que nous avons connu ce phénomène depuis de longues années, et nous avons été souvent interpellés à réfléchir sur la manière dont nous fonctionnons. Je pense que nous sommes à présent en train de moderniser le parti, de revoir notre discours politique et notre programme. Bref, il y a une restructuration qui est en train de se faire, tout en restant à l’écoute des besoins des différentes couches sociales. Lors du denier congrès des femmes de notre parti, il y a eu plus de quatre cents participantes et nous aurions pu avoir une assistance beaucoup plus nombreuse. Je pense que de plus en plus les femmes veulent intégrer le politique parce qu’elles estiment que les perspectives sont en train de s’ouvrir devant elles,en raison d’une plus grande prise de conscience du droit à la citoyenneté. Aujourd’hui, avec les efforts déployés par certains partis politiques démocratiques (le quota de 20% initié par notre parti l’U.S.F.P permettant aux femmes de siéger dans les instances décisionnelles du parti), ainsi que la liste nationale, les femmes auront une présence effective dans le champ politique. Il y a un changement qui s’opère.
Nous avons remarqué ces derniers temps des tiraillements au sein de l’USFP. A quoi attribuez-vous cela ?
L’U.S.F.P est l’émanation de forces populaires, c’est un parti en constante évolution ce qui dénote son dynamisme et sa vivacité. En période d’élections il est tout à fait normal que nos militantes et militants ne soient pas tous satisfaits et le mode de scrutin actuel s’inscrit dans une logique dont on n’est pas totalement imprégné . Je pense aussi qu’il est légitime d’avoir des ambitions pour nos militantes et nos militants de représenter leur parti, cela dénote d’une compétitivité légitime et positive. Maintenant, il y a tellement de transparence que les délibérations de nos instances font la une des journaux; ce qui permet à tous les Marocains de les suivre de très près. Et ce tout en sachant qu’il y a des distorsions au niveau de la communication. Mais, nous restons finalement des partisans et nous finissons toujours par nous entendre sur l’essentiel. Vous verrez que lors de la prochaine campagne tous les Usfpéistes seront mobilisés et soudés autour du parti et de ses candidates et candidats.
Quel est votre pronostic concernant l’issue des élections ?
Je suis de nature optimiste et je crois que le Maroc ne peut pas reculer. Les Marocaines et les Marocains sont assez vigilants pour ne pas accepter le recul. Il y a beaucoup de bonnes volontés dans ce pays et de déterminations qui permettront d’aller de l’avant. Et pour cela, nous devons continuer l’oeuvre qui a été entamée.

• Propos recueillis par Karim Bendaoud et Aziz Khamliche

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