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Parité homme-femme : Mission impossible ?

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Les écarts de salaire entre hommes et femmes peuvent atteindre 77%…

La parité homme-femme n’est pas pour demain. Dans son Mémorandum économique 2017 intitulé «Le Maroc à l’horizon 2040 : capital immatériel et les voies de l’émergence économique», la Banque mondiale dresse un état des lieux plutôt inquiétant.

Dans son rapport qui sera présenté le 15 mai prochain, l’institution financière internationale  relève que bien que le Maroc dispose de l’un des cadres juridiques les plus libéraux et progressistes de la région Mena en termes d’égalité entre les sexes, d’importantes inégalités et discriminations persistent. Celles-ci sont perceptibles plus particulièrement dans les domaines économique et politique. Sur le plan économique, la Banque mondiale note à titre d’exemple que la discrimination entre les sexes en matière d’accès au crédit formel limite les possibilités pour les femmes de travailler à leur propre compte à travers l’entrepreneuriat. L’institution financière  rappelle qu’en 2012, seulement 27% des Marocaines possédaient un compte dans une institution financière formelle.

Les écarts de salaire entre les deux sexes  peuvent atteindre 77%

C’est sur le marché du travail que les inégalités entre les deux sexes sont les plus importantes. Seulement une femme sur quatre environ en âge de travailler (26,7%) participe au marché du travail, ce qui place le Maroc au-dessus de la moyenne de la région Mena (21,8%). Cela dit, le pays figure parmi les 20% de pays où la participation des femmes à la vie active est la plus faible dans le monde. Les écarts entre les milieux urbain et rural se creusent. Dans les villes, le taux d’activité des femmes était de 17,4% en 2015 (contre 67,3% pour les hommes). Dans les zones rurales, il s’élevait à 36,6% (contre 78,2% pour les hommes). A ce sujet, le Fonds monétaire international (FMI) avait révélé  en 2017  que  les coûts associés aux écarts entre hommes et femmes en termes de participation au marché du travail et d’entrepreneuriat atteindraient au total 46% du revenu par habitant comparativement à une situation où les femmes auraient le même niveau de participation et d’entrepreneuriat que les hommes. Il faut relever qu’une fois au travail, les femmes sont en moyenne plus exposées à l’incertitude, au travail informel et à une plus faible rémunération. La Banque mondiale signale que les écarts de salaire entre hommes et femmes peuvent atteindre 77% en prenant en compte plusieurs caractéristiques, notamment l’éducation et l’expérience. Autre constat important à relever : les inégalités sur le marché du travail peuvent également s’observer au niveau de la mobilité professionnelle. «Les femmes font face à moins d’opportunités que les hommes dans pratiquement tous les aspects de la mobilité du travail», prévient la Banque mondiale dans son Mémorandum.

Les inégalités de droit persistent…

Les inégalités de droit entre les sexes sont toujours présentes en dépit des réformes importantes qui ont été entreprises (code de la famille, loi sur la nationalité, Constitution de 2011, Fonds d’entraide familiale…). La plupart de ces discriminations concernent la famille et la vie personnelle. Parmi celles-ci, la Banque mondiale cite les limites posées par le droit en matière d’accès des femmes aux actifs économiques, en particulier l’héritage, aux prestations de sécurité sociale et aux biens matrimoniaux, au mariage à des non-musulmans, ainsi que les droits inégaux entre les femmes et les hommes pour obtenir le divorce et transmettre la citoyenneté à leurs conjoints étrangers. S’agissant des prestations de sécurité sociale, la Banque mondiale fait remarquer que «si les hommes et les femmes sont couverts par la CNSS et payent des contributions, les prestations familiales ne sont versées qu’aux hommes». En cas de divorce, les paiements sont effectués à la personne qui a la garde physique de l’enfant. Cependant, la femme divorcée, contrairement aux hommes, fera face à des difficultés administratives pour obtenir une carte Ramed, et ce même si elle est seule à subvenir aux besoins de la famille, car le chef de famille est supposé être un homme. En cas de décès du conjoint, le veuf peut bénéficier à vie et sans condition de la pension de son épouse, alors que la veuve perd ce droit si elle se remarie.

La solution ?

Dans son Mémorandum, la Banque mondiale appelle à augmenter la participation économique et l’autonomie des femmes en mettant l’accent sur trois axes principaux. Il s’agit tout d’abord  d’accroître les opportunités économiques des femmes en supprimant les obstacles à leur participation au marché du travail et en développant l’entrepreneuriat. Quant au second  axe, il est question de   réduire l’écart entre les sexes en termes d’expression et de liberté d’action, en soutenant la participation des femmes à la vie politique et en protégeant leurs droits au sein du foyer et plus largement au sein de la société. Enfin,  l’institution financière internationale  recommande de systématiser la prise en compte du genre dans l’action politique.

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