Société

Peine capitale pour l’amant tueur

© D.R

Chambre criminelle près la Cour d’appel de Tétouan. La salle d’audience est archicomble, en cet après-midi du mardi 12 octobre. Noureddine, la trentaine, est au box des accusés. Son avocat se tient près de lui comme son ombre. L’assistance observe un silence de plomb depuis que le président a annoncé l’ouverture de l’audience.
“Noureddine, tu es accusé d’homicide volontaire et mutilation d’un cadavre“, lui lance le président de la cour qui feuilletait le dossier comme s’il cherchait un document ou une photo prise lors de la reconstitution de crime. Nouredidne s’est contenté de répondre “oui“. Et le président lui a demandé de détailler le crime qu’il avait perpétré une année auparavant contre sa maîtresse, Fatima, la trentaine. L’histoire remonte au mois d’octobre 2003 lorsque le téléphone portable de Noureddine a sonné. Qui est à l’autre bout du fil ? Une belle voix féminine le demande. Elle connaissait son nom, son prénom et son âge. Qui est-ce et que veut-elle de lui ? Il n’a jamais entendu cette adorable voix. “ Tu ne m’as jamais vue, je t’appelle de Marrakech“, lui dit-elle avant de lui laisser son numéro de portable et de raccrocher par la suite. Quelques minutes plus tard, il lui a téléphoné. Elle était à son attente. “Tu as appris, sans doute, mes coordonnées à l’émission Likae Al Ahibba (rencontre des amoureux)“, lui lance-t-il. Nouredine avait l’habitude de participer à cette émission diffusée par la radio régionale de Tétouan. Ce n’était pas la première fois. D’un appel téléphonique à l’autre, Noureddine avait fini par l’inviter à venir chez lui à Tétouan. “Je serai chez toi le plus tôt possible“, lui a-t-elle répondu. Deux jours plus tard, elle lui a téléphoné pour lui demander de l’accueillir chez lui. “Sois la bienvenue“. Elle lui a donné son signalement afin qu’il puisse la reconnaître à la gare routière. Quand elle est arrivée, il est restée bouche-bée devant sa beauté et sa taille svelte. Elle était beaucoup plus belle qu’il ne l’imaginait. Après les premiers mots, il l’a conduite à bord d’un taxi à destination de son domicile. “Il faut que tu te reposes“.
Fatima n’a manifesté aucune objection. Au contraire, elle était pleine de joie. Après avoir dîné, elle s’est changée devant lui pour revêtir une chemise de nuit, avant de se jeter dans son lit. Quelques minutes plus tard, ils étaient devenus beaucoup plus intimes… Idem pour les autres nuits. Ils sont devenus comme des époux. Le premier mois est passé et puis le deuxième, qui a coïncidé avec le ramadan de l’année 2003. Elle ne veut plus retourner chez elle à Marrakech. Avait-elle une famille ? Etait-elle mariée, divorcée ou veuve ? Elle préférait ne rien dire de sa situation. “Je veux seulement passer des bons moments avec toi“, lui disait-elle. Pas plus. Elle voulait seulement mener une vie de divertissement et de frivolité, comme une adolescente. C’était un jour de la dernière semaine de ramadan 2003, quand ils ont eu une prise de bec.
Seulement, cette altercation s’est développée en un clin d’oeil jusqu’au moment où elle est rentrée dans la cuisine pour en ressortir un couteau à la main.
Noureddine a tenté de la calmer. En vain. “Je vais te tuer“, l’a-t-elle menacé. Elle était hors d’elle. Il ne l’avait jamais vue, durant ces deux mois, dans un tel état. Il lui a expliqué qu’il ne voulait pas lui faire du mal et qu’il s’agissait d’un simple malentendu. Mais, elle ne voulait plus rien entendre. Hors d’elle, elle s’est avancée vers lui de quelques pas. Craignant qu’elle ne passe à l’action, il a détourné la tête, remarquant une bonbonne de gaz. Il l’a saisie rapidement et sans lui laisser le temps de trop s’approcher de lui, il lui a donné un coup au niveau de la tête. Le sang a giclé comme une fontaine. Perdant son équilibre, elle est tombée par terre. Noureddine s’est approché d’elle et l’a touchée. “Réveille-toi, réveille-toi“, criait-il. Trop tard. Elle avait rendu l’âme. Que faire maintenant ? Il s’est assis pendant quelques minutes avant de se calmer et penser à ce qu’il devait faire du cadavre. Il l’a laissé dans une chambre pour sortir le lendemain acheter quatre grands couteaux et des sachets. En rebroussant chemin, il a commencé calmement un travail horrible. Il a découpé le corps en trois morceaux qu’il a mis dans les sachets. Après quoi, il les a transportés jusqu’à oued Martil pour les jeter loin des yeux des curieux. Seulement, son crime a été découvert. Il n’a rien dissimulé à la Cour, il a tout avoué sans hésitation. Des aveux qui ont bouleversé même le représentant du ministère public qui a requis la peine capitale contre Noureddine, surtout que l’enquête policière a révélé que la défunte était mariée et mère de deux enfants. Mais comment, s’était-elle permis de tourner le dos à son mari et à ses enfants pour vivre une aventure avec un célibataire dans une ville à plus de 600 kilomètres de la sienne sans lui révéler qu’elle était mariée ? Pourquoi son mari ne l’a-t-il jamais recherchée, ni même répudiée puisqu’elle ne s’intéressait plus ni à lui ni à ses deux enfants ? Ces interrogations ont été soulevées lors des plaidoiries par l’avocat de la défense. L’avocat s’est exclamé sur le fait que le mari de Fatima remarquait qu’elle s’absentait durant des jours et des mois sans réagir. C’est absurde, affirme l’avocat qui a réclamé de faire bénéficier Noureddine des circonstances atténuantes. Seulement, la Cour a répondu favorablement à la requête du représentant du ministère public et a prononcé une condamnation à mort.

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